vendredi 26 décembre 2014

86 - O Bellerie

Pour ce Noël nous vous faisons cadeau d'une belle chanson publiée sur le double CD « Anthologie du patrimoine oral de Loire-Atlantique » (1). Elle est réinterprétée ici dans sa version extraite du concert Pour entendre chanter qui accompagnait à la fois la sortie de cette anthologie et les vingt ans de Dastum 44.
La souffrance des garçons congédiés par leurs maîtresses constitue un lieu commun des chansons amoureuses. Dans cette très belle mélodie, au demeurant rarement collectée, l’amant éconduit chasse son chagrin et trouve une consolation dans la boisson, thème récurrent de la chanson, y compris dans la création contemporaine (Jeff de Jacques Brel, Manu de Renaud, etc). La chanson est relativement atypique dans sa construction, notamment par la présence d’un premier couplet en forme d’appel.
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vendredi 19 décembre 2014

85 – Voici le jour aimable

Certains d’entre vous nous ont demandé des chants de Noël. Ce ne sera pas pour cette semaine, mais c’est un sujet sur lequel Dastum travaille. Nous aurons l’occasion d’en reparler.
Si vous êtes en manque, deux solutions. Soit vous allez passer votre dimanche dans l’un de ces temples de la consommation, voués au culte du pouvoir d’achat, qui diffusent en boucle les anges de nos campagnes qui sonnent de leurs hautbois et leurs musettes...soit vous réécoutez ce magnifique Noël des oiseaux que nous avons mis en ligne à la Toussaint l’an passé (1).
En attendant, et dans un tout autre registre, voici une chanson qui fait le pendant à une précédente (2). Il ne s'agit plus de la chanson de la mais du marié.
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vendredi 12 décembre 2014

84 - Le coucher de la mariée

Poursuivant l'exploration du filon de chansons du pays de Guérande recueillies par Gustave Clétiez, en voici une qui nous paraît tout à fait originale. Cette chanson énigmatique, recueillie en 1860, ne correspond à aucune chanson identifiée aux catalogues malgré un thème et une forme parfaitement conformes aux modèles traditionnels. Sa mélodie rappelle l'incipit de certaines versions de « j'ai un coquin de frère » (1) . Ses vers sont de même longueur (six pieds), mais l'articulation féminines-masculines (F6F6 M6M6) ne suit pas le même système. Pour le contenu, elle pourrait être classée sous différentes rubriques du catalogue Coirault : soit 52 « les noces », soit 54 « soucis et inconvénients », soit 55 « maumariées », mais aucune des chansons qui s'y trouvent ne correspond à celle ci.
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vendredi 5 décembre 2014

83 - On est lié

C'est encore à Gustave Clétiez (1) via le recueil de Fernand Guériff (2) que nous devons cette chanson. Cette version guérandaise a des cousines un peu partout en France. Elle contient deux avertissements chantés. Le premier pour dire que les anges d'avant le mariage peuvent se transformer en diables déchaînés. Le second pour rappeler que le mariage est un engagement à vie. On est si bien lié qu'on ne saurait se délier.
Avant de s'attarder sur la morale de cette histoire, Guériff nous précise que la mélodie utilisée est assez courante dans tout l'ouest. Pas seulement pour cette chanson type, mais également avec d'autres paroles.
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vendredi 28 novembre 2014

82 - J’ai fait une maîtresse

Le titre de cette chanson n'indique en rien son contenu.Plusieurs commencent par ces simples mots. Elles se terminent rarement bien ; et celle ci n'échappe pas à la règle. Sauf si on considère que noyer son chagrin dans l'alcool soit un remède efficace aux peines de cœur.
Nous avons à faire ici à une chanson de départ et de retour d'un amant engagé pour l'armée. Voilà qui tomberait bien pour illustrer la conférence que Dastum 44 présentera mardi prochain aux archives départementales de Loire-Atlantique. Mais malgré toute la cruauté de la guerre de 14-18 qui sépara définitivement de nombreux amants, il reste un décalage avec ce texte qui date de la période où l'engagement correspondait à une séparation pour sept ans.
La correspondance avec d'autres textes fait remonter cette histoire au 17ème siècle, c'est à dire...
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vendredi 21 novembre 2014

81 - La chanson du garde-barrière

Ça s'est passé un 20 novembre et on en a fait une chanson. Elle n'est pas traditionnelle au sens que nous employons habituellement. Elle est plus proche de la définition d'une folk song telle que Woody Guthrie (1) la décrivait : «  si un bateau coule ou qu'un train déraille près de chez vous et que vous écrivez une chanson là dessus.... ».
Justement dans celle ci il est question de train et d'un déraillement évité de justesse. La présence d'esprit d'un certain Barrault, garde barrière, y est pour beaucoup. Mais cette chanson est aussi liée à un pan de l'histoire locale et aux premières manifestations de groupes autonomistes bretons.
L'année 1932 a été fertile en incidents, à Vannes, Rennes et au lieu ici choisi comme le symbole d'une « frontière franco-bretonne ». Ingrandes est en effet la dernière gare en Maine et Loire sur la ligne de chemin de fer de Paris à Nantes.
Le timbre de la chanson est celui de la fille du bédouin (2), très populaire au début des années 30.
pour en savoir plus et écouter la chanson :

vendredi 14 novembre 2014

80 - Gueule de serpent

Nous vous invitons à prolonger notre séjour sur l'Erdre par une petite croisière festive. Henri IV l'avait qualifié de plus belle rivière de France. Pour un cours d'eau aussi modeste le nombre de chansons qu'il a inspirées est remarquable. Laissons de coté les meurtres, les noyades et les infanticides pour voir le bon coté des choses. Nous avons déjà chanté les plaisirs du bord de l'eau, à la Jonelière (1). Cette fois nous embarquerons pour remonter sa partie navigable.
On l'aime tellement cette bonne rivière de l'Erdre qu'on lui a consacré un ciné concert, déjà projeté à trois reprises et que vous aurez encore la chance de voir ou revoir bientôt (2). Des chansons interprétées en direct sur des images sélectionnées parmi les archives de la cinémathèque de Bretagne ; c'est un spectacle qui vaut le détour.
Mais revenons à notre chanson de la semaine...
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vendredi 7 novembre 2014

79 - Les mystères de l'Erdre

Y-a-t-il crime ou accident ? C'est la question sans vraie réponse que pose cette chanson publiée sur feuille volante vers la fin du 19ème siècle. Ce fait divers a tenu en haleine le public nantais à une époque où les chansons servaient à relater sous forme de mélodrame ce qui ferait aujourd'hui un titre du journal télévisé. La relation des faits sous cette forme permettait une certaine fantaisie dans le détail et quelques pointes d'humour. La forme n'échappe pas à la règle du genre : crime et châtiment, avec une insistance particulière sur la condamnation du criminel et une morale propre à rassurer le bon peuple avide de sensations.
Comme la majorité des complaintes criminelles, celle ci se chante « sur l'air de Fualdès » ; un timbre qui connut un succès inégalé des années 1800 jusqu'à la première guerre mondiale. Cette histoire lamentable nous permet d'ouvrir une parenthèse dans la tradition orale, même si la diffusion de feuilles volantes reste une forme de tradition orale puisque destinée aux chanteurs des rues et à leur auditoire.
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vendredi 31 octobre 2014

78 - En la rivière de Nantes

Le retour de Soreau... ! Après des semaines consacrées au répertoire publié par Fernand Guériff, c'est à un autre de nos grands amateurs de chansons traditionnelles du pays nantais que nous empruntons la chanson de la semaine.
Ce qui saute aux yeux, ou plutôt aux oreilles, c'est sa parenté évidente avec le thème du navire merveilleux ; Mais sans les filles. L'équipage féminin qui batifole habituellement entre les cordages en fils d'argent et la grand vergue en ivoire semble avoir déserté le navire.
Tout comme les filles de la Rochelle il s'en va dans les mers du Levant, ce qui est dans la logique des activités du port de Nantes. On en profite au passage pour citer quelques points remarquables de la basse Loire...et cap au large
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vendredi 24 octobre 2014

77 - Hélas, pourquoi s’y marie-t-on ?

Pourquoi ne pas avoir commencé notre série de chansons sur le mariage par celle ci ? La réponse à cette question aurait pu nous dispenser du reste. Mais nous serions passés à coté de belles chansons, qui reflètent si bien tout le folklore du mariage. Il aurait été dommage de s'en priver.
Si toutes les semaines précédentes ont été consacrées au sort de LA mariée, c'est un point de vue masculin qui nous est offert cette fois. Celui du mari dominé par son épouse.
On peut se demander pourquoi tant de chansons de mariage tournent en dérision l'institution et n'en décrivent que les aspects négatifs. En réalité il existe autant de chansons vantant tout le bonheur de la vie à deux. Ce ne sont que des chansons d'amour !
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vendredi 17 octobre 2014

76 - Chanson de la mariée

Inutile de s'étendre trop longtemps sur la chanson de la mariée. D'autres l'ont déjà fait. Nous vous renvoyons donc au tome 2 des collectes de Fernand Guériff, pages 193 à 214. Cet ouvrage consacré au folklore du mariage, publié par Dastum 44 et le parc naturel régional de Brière (1) est plus facile à consulter que les études consacrées à cette chanson par nos grands folkloristes, de Coirault à Davenson et consorts.
Ce n'est pas parce que cette mélodie est un saucisson (2) de la chanson traditionnelle qu'il faudrait se priver de l'écouter. Son charme désuet nous fait voyager dans le temps, à une époque où la cérémonie du mariage occupait une place plus importante qu'aujourd'hui.

vendredi 10 octobre 2014

75 - Sur le bord de la rive

Lune de miel : premier temps du mariage ; période de bonne entente entre les personnes, selon le dictionnaire Larousse. Oui mais combien temps ça dure ? La chanson traditionnelle apporte une (ou des) réponse(s) à cette question. Nous allons le voir.
Mais revenons d'abord à l'épisode précédent. Nous avons laissé Rosette aux prises avec son vieux. Tous les mariages ne sont pas aussi disproportionnés. Et bien même pour les mariages les plus ordinaires il se trouve des chansons pour alerter les jeunes mariés sur ce qui les attend. Un couplet sur le bonheur, les rubans, la fête et puis plusieurs couplets où la mise en ménage rime avec souffrance, larmes, pénitence...Pas très riches les rimes ! Mais écoutez d'abord la chanson

vendredi 3 octobre 2014

74 - Le mariage de Rosette

Si de nos jours il n'est plus rare de voir de jeunes amoureux au bras d'une « cougar », l'ancien temps et ses mariages arrangés favorisait plus nettement la différence d'âge inverse. C'est à dire de vieux barbons convolant avec des petites jeunes. La situation était plus courante ce qui ne veut pas dire qu'elle était mieux acceptée. Un certain nombre de chansons, telle Rosette, semblent avoir été composées pour se moquer des vieux beaux, amateurs de chair fraîche et plaindre le sort des épousées.
Parmi ces chansons contre les mariages disproportionnés, on peut retenir celle du « marchand de velours » ou encore celle du vieillard qui bat sa femme avec « un bâton de vert pommier ». Le terme de vieillard ne correspond pas toujours à son sens actuel. Le marié de la semaine annonce ses quatre vingt printemps, mais il n'est pas rare de voir ce terme désigner des quinquagénaires. L'espérance de vie a fait de considérables progrès et la notion de vieillesse a évolué en conséquence.
Pour en revenir à Rosette, cette jeune mariée est connue à peu près...
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vendredi 26 septembre 2014

73 - Ma robe est doublée de blanc

Reprenons un thème déjà bien présent dans ce blog avec les filles pressées de se marier. Cette fois nous voici justement arrivés à la cérémonie.
Le mariage est un sujet qui a suscité bon nombre de chansons. Elles n'en font pas toutes la promotion. Ce sont souvent des avertissements sur les joies ou les désagréments de la vie de couple, Les soucis et les inconvénients du ménage sont des thèmes récurrents, tout comme les histoires de mal marié(e)s, de mariages mal assortis et d'aventures extraordinaires ou ridicules. Si donc vous avez des projets matrimoniaux, ne vous laissez pas influencer par le ton volontiers sarcastique ou parfois peu enjoué de ces chansons. Nous ne cherchons pas à vous dissuader. La tradition a surtout retenu les cotés négatifs de l'engagement. Rien à voir avec les chansons d'amour !
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vendredi 19 septembre 2014

72 - La chanson des pommes de terre

Les plaisirs de la table figurent en bonne place dans tous les répertoires traditionnels. L'association Dastum 44 prépare actuellement un CD consacré à ce thème. Nous vous informerons bientôt de sa date de sortie. En attendant, pour vous mettre en appétit, nous mettons au menu de cette semaine un incontournable succès de la chanson alimentaire.
Cette composition qui célèbre la place tenue par la pomme de terre dans notre alimentation n'est pas pour autant un hymne à la patate. Elle se moque de la place prépondérante du tubercule dans la société rurale. Après avoir été longtemps considérée comme une nourriture tout juste digne d'engraisser les cochons, la pomme de terre a connu un succès international qui doit beaucoup, en France, à la persévérance de Monsieur Parmentier (1). De nourriture dédaignée elle est devenue...
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vendredi 12 septembre 2014

71 – les lavandières

Tant qu´y aura du linge à laver, on boira...du muscadet. Parce qu'il n'y a pas de raison que les lavandières du Portugal soient les seules à se piquer la ruche à la manzanilla (1).
Il y aurait beaucoup à dire sur cette profession dont l'utilité sociale n'est plus à démontrer dans la diffusion de l'information locale. Ceci en plus de la chasse aux taches ménagères, bien sur. Celles de Barbin, quartier nantais des bords de l'Erdre, étaient des célébrités locales.
Nous leur rendons hommage et vous invitons par la même occasion à découvrir prochainement le ciné concert réalisé par Dastum 44 et la cinémathèque de Bretagne (voir rubrique actualités).
En attendant, Dastum 44 vous propose aujourd'hui d'écouter deux chansons sur ce métier.
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vendredi 5 septembre 2014

70 - En chevauchant mes chevaux rouges

Un rossignol qui joue à contre-emploi et une conversation avec l'au delà donnent à cette chanson une atmosphère étrange qui semble venir de temps lointains.
Toutes les versions de cette chanson débutent de la même façon : un cavalier reçoit de mauvaises nouvelles de sa bien aimée. Il refuse d'y croire car c'est le rossignol qui les lui apprend ; cet oiseau est plus habitué à porter les messages des amoureux. Mis devant l'évidence il essaye d'entrer en contact avec la morte. A partir de là, l'histoire peut finir de deux manières différentes. Dans la plupart des versions collectées en Haute Bretagne, la communication aboutit en enfer où la belle est arrivée. Elle met son amant en garde contre le risque de finir comme elle.
Les paroles, et le refrain, notées par Soreau en Loire-Atlantique sont très proches de...
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vendredi 29 août 2014

69 – Mon père, hélas, m’a mariée

Il la battait ; elle le quitte ! Voilà, tout est dit. Pas besoin de s'étendre sur le sujet. Merci et à la semaine prochaine.
Non, mais avouez que pour une fois tout commentaire semble superflu. Il y a quelques semaines (c'était en mai) on envisageait toutes les difficultés d'aboutir au mariage. La lune de miel a été courte. On est fin août et c'est déjà la saison des regrets.
En plus cette chanson est totalement dépourvue d'originalité. Elle est quasi universelle, présente dans le folklore de toutes les régions.
Bon, puisque vous insistez, intéressons nous à certains détails. Pour commencer, la maille (1)
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samedi 23 août 2014

68 – C'est notre chambrière

La chanson que vous allez écouter n’est pas le tube de l’été, mais a certainement été un tube. La preuve ? Elle s’invite dans toutes les collectes réalisées aux quatre coins de la francophonie (1). Avec une présence plus forte dans les régions de l’ouest et même une densité remarquable dans les pays Nantais et Rennais.
En résumé, c’est l’histoire d’un mec et de sa bonne amie prétendument malade. Pour la dépanner, il va traire les vaches. Un animal récalcitrant l’envoie valdinguer dans l’étable avec son seau de lait ; et il jure qu’on ne l’y reprendra plus. Neuf fois sur dix, cette aventure est attribuée à un moine, petit ou gros. Notre fable locale fait donc exception à la règle puisqu’elle met en scène un valet et une chambrière. Mais ce ne sont pas les seules différences.
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vendredi 15 août 2014

67 - Chantons le retour

En ce mois d’août où l’on commémore le soixante dixième anniversaire de la libération en 1944, la chanson nous rappelle qu’il a fallu attendre mai 45 pour que la totalité de la Loire-Atlantique (1) retrouve la liberté. Ni traditionnelle ni folklorique cette chanson sur un timbre connu fait aussi partie du patrimoine oral.
Après le débarquement de Normandie en juin 44, les troupes alliées avancent en Bretagne. Nantes est libérée le 12 août , le sud de la Loire avant la fin du mois. Mais l’armée allemande se replie dans des poches de résistance qui tiendront jusqu’à la capitulation, à Saint-Nazaire comme à Lorient et La Rochelle, entre autres (2). Autour de l’estuaire de la Loire, 30 000 soldats, fortement armés tiennent la poche de Saint Nazaire où la population, plus de 100 000 personnes, doit attendre encore. Les conditions alimentaires et sanitaires y sont épouvantables et la libération finale ne se fait pas dans la même allégresse qu’ailleurs.
Cette chanson est là pour nous rappeler cet épisode dramatique. Malgré cela elle est teintée d’un optimisme qui justifie...
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vendredi 8 août 2014

66 – les filles du Loroux

Nous poursuivons notre tour de Loire-Atlantique féminin. L'étape du jour nous mène au Loroux-Bottereau, cité viticole au cœur du triangle d'or du muscadet (1). Contrairement aux filles de la semaine passée, celles ci n'ont pas bénéficié d'une composition locale, mais de l'adaptation d'une chanson archi-connue et souvent référencée sous le titre « la belle fille de Parthenay ».
De toutes les versions de cette chanson deux éléments sont constants. Tout d'abord la fille à qui on demande un baiser répond invariablement « prenez en un, prenez en deux » ; ensuite, si elle craint la réaction de son père, elle ne soucie pas de sa mère à qui ça rappellera « le temps qu'elle était fille ». Ajoutons que beaucoup de refrains sont bâtis sur la formule « j'aime la voir à rire » ou « j'aime le mot pour rire ».
Voilà pour les traits communs à ces chansons. Quelle en est l'origine ?
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vendredi 1 août 2014

65 – Les filles de Saint-Etienne

Après les filles du Croisic, il y a quinze jours, c'est aux filles de Saint Etienne que la chanson traditionnelle rend hommage cette fois. Certes, le nombre de chansons qui vantent les qualités (ou les défauts) des filles de tel ou tel endroit est incalculable. La pluspart d'entre elles sont des chansons à la dizaine où on se contente d'une affirmation « y'a cor' dix filles à Nantes qui sont bien élégantes » ou « y'a dix filles du Haut Bergon qu'ont des culottes et pas de boutons ». Le couplet est ensuite décompté de dix à un.
Ici nous avons affaire à un texte qui pour être court n'en est pas moins intéressant, à divers titres. Le premier c'est la localisation de cette chanson. Inutile d'espérer un refrain du style « allez les verts ». Notre Saint Etienne est situé dans le pays nantais ; pour être précis, Saint Etienne de Montluc, où ont été collectés ces vers (1) est à mi chemin entre Nantes et Savenay. La chanson a été publiée par Claude Pavec, auteur d'un recueil fin 19ème siècle, reprise par Armand Guéraud et Fernand Guériff dans leurs ouvrages respectifs. Et c'est tout. Le répertoire des chansons traditionnelles de Patrice Coirault n'en mentionne aucune autre version. Les « filles qui guérissent de la courte haleine » sont elles donc uniques au pays nantais ?
Mais d'abord, de quelle chirurgie s'agit-il ?
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vendredi 25 juillet 2014

De l'autre coté de la route

Pas de chanson cette semaine ; le blog de Dastum 44 s'accorde une courte pause estivale. 
L'occasion de revenir sur un commentaire publié il y a quelque temps et donner quelques précisions pour les internautes les moins familiers avec la géographie locale. Dastum 44 est, comme vous le savez (1) l'un des pôles associés du réseau Dastum, qui couvre l'ensemble de la Bretagne. Comme son nom l'indique, l'asso est liée au territoire du département de Loire-Atlantique. Mais les limites de ce département, comme tous les découpages issus de l'histoire administrative de la France, ne constituent pas une frontière. De plus, à l'intérieur de ces limites le territoire n'est pas un bloc uniforme. Il nous a donc semblé utile de vous donner quelques repères facilitant la localisation de nos chansons. Vous les trouverez dans la rubrique intitulée « l'association » .
Attention. Ces classifications n'ont rien de scientifique, ni d'officiel, ni d'intangible. Il ne s'agit pas de pays au sens historique ni économique ni ethnologique, linguistique ou autres .
Juste des repères correspondant à des habitudes qui permettent de désigner plus facilement l'origine des traditions, que vous retrouvez parfois sous la plume (2) des auteurs de ce blog.
pour lire la suite...

vendredi 18 juillet 2014

64 - Les filles du Croisic

Z'étaient chouettes les filles du bord de mer ! Pas au point de vous infliger le répertoire de Salvatore Adamo ; mais assez pour en faire une chanson.
Pas question non plus d'essayer de vous faire croire que ces couplets ont été composés pour les croisicaises. Toutes les autres versions de cette chanson collectées en Loire-Atlantique ou dans les régions limitrophes font référence aux filles de Lorient ; ou se contentent tout simplement de situer l'action au bord de l'eau.
Fernand Gueriff, à qui nous empruntons cette version, signale aussi qu'une adaptation locale a été faite avec les filles de Piriac (1). Enfin, pour être complet ajoutons que les versions québécoises ont transposé la scène sur les bords du Saint Laurent.
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vendredi 11 juillet 2014

63 - La chanson de Villès-Martin

Bientôt les vacances ! Alors si vous n'imaginez Saint Nazaire qu'à travers ses usines et ses chantiers navals, cette chansonnette vous rappellera que les plages ne sont pas loin. Villès-Martin est un quartier qui tourne le dos à la ville et regarde l'océan, entre le port et la plage de Saint Marc chère à monsieur Hulot.
Certes, cette composition nous éloigne des canons de la chanson traditionnelle. Sa poésie approximative a fait le bonheur des nazairiens qui l'entonnaient à la belle époque. Mais son auteur est resté dans l'anonymat. C'est le timbre utilisé qui nous intéresse, significatif d'une évolution dans la chanson populaire au tournant du 20ème siècle.
De tous temps des paroles ont été plaquées sur des « airs connus ». La Clef du caveau recensait les timbres les plus utilisés, dispensant les auteurs de chansons d'imprimer la musique en renvoyant les lecteurs à cet ouvrage de référence avec la mention « sur l'air de... ».
Ainsi, nous avons déjà eu l'occasion de découvrir des compositions locales...
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vendredi 4 juillet 2014

62 - Pierre, mon ami Pierre

Après deux semaines passées à vanter les attraits touristiques de notre beau département et le remarquable équipement de ses stations balnéaires, vous devez trouver que ça manque d'action dans ce blog. C'est pourquoi nous allons revenir aux faits divers sanglants qui, avec les histoires de sexe et d'argent, sont toujours les meilleurs moyens d'éveiller l'intérêt des lecteurs. Ne protestez pas ; on vous connaît !
Voici donc une histoire d'amour qui finit mal. C'est le lot de bien des chansons traditionnelles, mais cette fois la séparation est brutale. L'amant est mis à mort par ses rivaux, jaloux de son succès. Pour ajouter encore à ce triste mélo, on apprend que la belle était déjà orpheline de son père et qu'elle ne survivra pas à son ami. Sortez les mouchoirs.
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vendredi 27 juin 2014

61 – Le gaz au Pouliguen

Ce n'est pas souvent qu'on vous propose une chanson dont l'auteur est connu. Ce qui, au cas présent, ne veut pas seulement dire identifié, mais également connu dans le monde de la musique. Il s'agit de Paul Marinier (1), auteur de plus de 250 chansons dont les plus célèbres : la cabane bambou (Mayol) ou bonsoir, madame la lune (Tino Rossi). Son passage au Pouliguen a donné cette chansonnette qui n'a donc rien de traditionnelle.
Nez en moins (2), elle peut figurer au rayon des chansons folkloriques ou des folksongs car elle décrit des événements d'une histoire locale et populaire. La tradition orale ne se limite pas aux complaintes immémoriales et aux amourettes de bergères. La vie citadine est aussi bien présente dans les fonds récoltés, préservés et transmis...
Nous devons cette chanson à Marcel Baudry, historien du Pouliguen, qui a compilé dans un ouvrage (3) toutes les chansons inspirées par sa commune. Nous avons déjà mis celle ci à l'honneur avec les filles du Pouliguen (4). Aujourd'hui, ça gaze.
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vendredi 20 juin 2014

60 – Au pays de Nantes

La chanson que vous écouterez après avoir lu ces quelques lignes, n'a plus rien à voir avec celles des précédentes semaines. Ce qui ne nous empêchera pas d'y revenir. L'arrivée des beaux jour et avec eux des premiers « estivants » nous incite à faire dans la carte postale. C'est la meilleure définition qu'on peut en donner. Fernand Guériff, à qui nous l'empruntons (1), la classait comme « chanson locale extra folklorique ». C'est à dire une composition récente sur un timbre traditionnel.
Cette chanson en forme de dépliant du syndicat d'initiative a certes moins de valeur que les complaintes ou les danses qui font la richesse des fonds traditionnels. Cependant elle n'est pas dénuée d'intérêt. A commencer par ce timbre connu de tous mais dont l'origine mérite quelques explications.
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vendredi 13 juin 2014

59 - C’est un jeune cadet, ou la fille soldat

Après la fille qui s'amuse avec trois mineurs, celle qui s'embarque avec un marinier, voici maintenant celle qui se laisse convaincre par son ami de le suivre habillée en dragon. Mais si « toute fille qui part à la guerre n'est pas sure de s'en revenir », sa plus grande inquiétude est de perdre « son honneur ».
Il ne manque pas de chansons traditionnelles pour décrire les aventures de filles soldats (1). Parties pour suivre leur bien-aimé avec - comme ici- ou sans leur consentement, leur sort se joue à l'occasion d'une rencontre où leur féminité est enfin reconnue. Le plus souvent c'est la blessure qui révèle ce qu'elle voulait cacher. Cette fois c'est l'aubergiste qui n'est pas dupe et entraîne la fille dans des explications dont elle a bien du mal à se sortir.
Pour comprendre le titre de cette chanson il faut se souvenir que jadis dans les familles nobles le droit d’aînesse laissait au premier fils le domaine familial, obligeant le cadet à chercher fortune ailleurs. Souvent le cadet était voué à la carrière militaire. Nous y voici.
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vendredi 6 juin 2014

58 - Le marinier et la belle

Où se trouve l'ile de Constantine ? Voilà une question à laquelle les plus calés en géographie auront peut être du mal à répondre. Plutôt que parcourir les atlas, c'est du coté de la carte du tendre qu'il faut chercher la réponse à ce qui ressemble à une métaphore (de France)(1) . Le départ pour les îles est probablement une manière imagée de présenter l'aventure amoureuse hors des normes et des conventions. Hors mariage, donc.
Après les mineurs de chemin de fer ce sont les mariniers qui illustrent cette vie « libertine ». Nombre de chansons mettent en situation une belle embarquée par force ou par ruse. Celle ci a bien pris son temps avant de chanter « arrête, arrête beau marinier ». Malgré l'évocation du mal du pays et des tempêtes elle a tenu sept ans.
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vendredi 30 mai 2014

57 - Les trois mineurs du chemin de fer

La chanson de cette semaine met un terme à notre saga des mariés du mois de mai. Ça devait bien finir par arriver ! Depuis le temps que nos héroïnes de chansons se vantent de trouver le bonheur avec leurs trois prétendants. La « fille qui a trois serviteurs » ne voit pas pourquoi elle devrait s'attacher à un seul, au grand dam de ses parents. Ce qui est plus surprenant c'est qu'elle les choisit parmi le même corps de métier. Fantasmes corporatifs ?(1) Cette série de chansons qui d'un bout à l'autre du territoire racontent la même histoire avec presque les mêmes paroles ne vaut-elle que par ses subtiles nuances ?
Avant de chercher son origine, reconnaissez que parmi toutes les chansons qui nous vantent les mérites du mariage, les impatiences des amoureux, les difficultés du choix de l'élu et les conseils des parents, celle ci adopte un point de vue hors norme. La fille de la maison qui abandonne le confort ou le conformisme pour l'aventure se situe délibérément en marge.Certaine chanson plus récente nous parlait de « la bohème » ce qui pourrait se rapprocher d'une célèbre balade anglaise où la fille du château prend la route avec « seven yellow gypsies » ; encore des bohémiens !
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vendredi 23 mai 2014

56 - La fille emportée par le Diable

Pour faire un beau mariage, il faut trouver un beau parti. L'amant qui passe l'alliance au doigt de la jeune fille a tous les atouts pour lui : la richesse d'un grand seigneur... et la beauté du diable. Si seulement elle avait écouté les conseils de son père, elle aurait tout de suite reconnu son prétendant. Au lieu de cela, le bal de noces vire à la tragédie.
La morale de cette chanson est-elle qu'il ne faut pas chercher à s'élever plus haut que son rang ? Sans doute plus que l'habituelle mise en garde contre la danse qui conduit à la débauche, glissée dans le second couplet. Ne pas chercher à plaire aux hommes, respecter sa condition sociale et sa condition de femme, voilà une morale qui nous paraît totalement surannée, mais qui est souvent présente dans les chansons anciennes.
Celle ci nous permet de reprendre contact avec un personnage que nous avions un peu boudé ces derniers temps, mais qui trouve toujours moyen de s'immiscer dans la vie et les activités humaines.
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vendredi 16 mai 2014

55 - Qu’on selle et bride mon cheval

Les tristes noces ou la délaissée aux trois robes sont les titres les plus connus pour les chansons de ce type. Eh oui ! Nous vous avions promis un mois de mai sous le signe du mariage. Mais on n'avait pas garanti que ça finirait toujours bien.
Dans ce texte issu des collectes de Gustave Clétiez, la délaissée se contente de tomber morte, sans plus de précision. Dans beaucoup d'autres versions la fin est plus sanglante : pendaison, poignard, épée, double suicide ou meurtres...Enfin de l'action dans ces lignes !. Voilà qui nous change du gazouillis des rossignols et des amourettes bucoliques. On est en plein drame.
Le début de la chanson ne laisse rien prévoir. Cet incipit « qu'on selle et bride mon cheval » ne se retrouve d'ailleurs que dans les versions les plus à l'ouest (géographiquement) des tristes noces : Bretagne, Vendée. Car l'histoire qui a pour point commun la ou les robes de la délaissée invitée aux noces, est connue dans toute l'Europe sous de multiples variantes.
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vendredi 9 mai 2014

54 - Mon père, mariez-moi donc

Les semaines se suivent et ne se ressemblent pas, les avis sur le mariage étant partagés. Le seul point commun entre ces deux premières chansons du mois de mai c'est que nos deux belles ont chacune trois amants. Ce qui dans un cas comme dans l'autre leur assure un avenir radieux. Pour le reste l'attitude des parents varie considérablement puisque cette fois ce sont eux qui freinent les ardeurs de la belle.
Les chansons qui commencent par un vibrant appel au mariage ne manquent pas dans le répertoire traditionnel. Les réticences des parents à cet appel sont fréquentes et souvent motivées par la jeunesse de la fille. « Espère encore un an » est une façon de différer la réponse qui parie sur le revirement des sentiments. Il faut dire qu'assez souvent la chanson nous permet de découvrir un prétendant assez peu engageant. Hier les filles s'entichaient de gardiens de vaches portés sur la boisson (1). Les jeunes filles d'aujourd'hui ont plutôt tendance à présenter aux parents un bassiste de rock porté sur la fumette.
Les autres raisons invoqués dans les chansons tiennent surtout à...
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vendredi 2 mai 2014

53 - C’est mon père et ma mère

Ne prenez point de femme dans le mois de mai, dit une chanson de malmarié. Pour passer outre à cette consigne nous consacrerons les prochaines semaines aux différentes façons d'aborder cette union. Après tout : en mai, fais ce qui te plais.
Commençons par le rôle des parents qui, dans notre chanson de la semaine, cherchent manifestement à se débarrasser de leur rejeton. Dans les chansons les plus proches de celle ci, père et mère mettent leur unique héritière à l'école, où le maître se laisse séduire ou cherche à la séduire. Toutes ces chansons se raccrochent au thème commun connu sous le titre et avec le refrain « la destinée, la rose au boués ». Heureusement nous échappons ici au coté moralisateur et rétrograde de la plupart des versions qui confinent la jeune fille au rôle de bonne ménagère.
L'originalité de notre version réside d'abord...
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vendredi 25 avril 2014

52 - La cuisinière du moulin à vent

C'est une chanson festive. Elle fait partie de toutes ces chansons de marche énumératives utilisées dans les cortèges de noces pour conduire les nouveaux mariés de l'église à la salle de restaurant ou au lieu du repas.
Elle est connue un peu partout dans l'ouest de la France. Fernand Guériff tenait cette version d'un « ménétrier » de Saint Nazaire. Il l'avait notée dans le tome 2 du Trésor des chants populaires folkloriques du pays de Guérande « le folklore du mariage » (1)
La cuisinière peut aussi bien marchander un canard, un goret, un canneton, un pigeon, etc . Ces chansons devaient durer longtemps pour alléger le pas. Les énumératives sont donc quasi inépuisables, couplets et refrains pouvant être échangés à l'infini et au moins jusqu'à l'arrivée du cortège.
Cette semaine ce n'est pas un mariage que nous fêterons, mais un anniversaire puisque...
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vendredi 18 avril 2014

51 - J’ai bien eu du plaisir

La semaine passée nous avons tenté de comprendre les diverses raisons qui pouvaient pousser un jeune homme à quitter son pays et sa belle pour s'engager dans la troupe. Évidemment il manquait une raison à ce départ : la contrainte. L'embarquement de force ou par ruse est fréquent chez les marins. Il est plus rare chez les fantassins. Dans les ports les jeunes gens désœuvrés qui commençaient à boire avec un inconnu se réveillaient parfois en pleine mer. La pratique du shangaÏage, ou enrôlement de force est plus rare dans l'histoire de l'armée de terre. Il est vrai qu'une fois à bord d'un bâtiment la désertion devenait difficile !

La raison de l'emprisonnement du héros de cette chanson reste assez obscure. Erreur de jeunesse ? conduite délictueuse ? Toujours est-il qu'on cherche à s'en débarrasser. Le voilà condamné à servir le roi Suzon. Si quelqu'un peut nous renseigner sur la réalité de ce personnage cela nous permettrait d'éclairer un peu cette histoire. Faute de mieux nous nous contenterons d'une possible interprétation erronée de la chanteuse...ou du collecteur.
Notons qu'au passage un de nos plus fidèles amis reprend du service...
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vendredi 11 avril 2014

50 - C’est un jeune militaire

Qu'allait-il faire dans cette galère ?. Pour paraphraser Jean-Baptiste (1) c'est ce qu'on a envie de se demander au sujet du héros de la chanson. Qu'est ce qui pouvait bien pousser les jeunes gens de nos campagnes à s'engager, pour le regretter ensuite et déserter à la première occasion ?
Les chansons de déserteurs sont si nombreuses que cela mériterait une vraie étude. Celle de la semaine en cours a un dénouement heureux. On ne peut pas en dire autant de toutes. Dans la plupart, le message pour la belle se résume par « elle ne me reverra jamais, quelle fasse choix d'un autre amant ».
Dans l'abondance d'ouvrages consacrés à la chanson militaire, qui regorgent pourtant de chansons traditionnelles, le déserteur est passé sous silence. Comme c'est bizarre (2). Sans attendre Boris Vian, le déserteur a trouvé place dans de nombreuses chansons. Les raisons...
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dimanche 6 avril 2014

Le réseau chant gallo

Dastum 44 est heureux d'accueillir un nouveau site entièrement consacré au chant. Le réseau chant gallo http://reseau-chant-gallo.jimdo.com/ répertorie tous les ateliers de chant et toutes les manifestations organisées autour du chant en Bretagne.
Roland Guillou, conteur et chanteur guérandais, promoteur de ce site, explique : «  Le constat a été fait que les "élèves" des ateliers de chant, après avoir appris des chansons, tant à danser qu'à marcher ou à écouter, ne trouvent pas toujours l'occasion de mettre leur savoir en pratique. Par manque d'information ceux-ci passent parfois à coté de rencontres conviviales (veillées, repas, marches, chants dans la ronde, ...) où l'idée de partage prime sur celle de spectacle ». Le site est donc conçu comme un outil d'échange permettant de regrouper les informations sur les lieux d'apprentissage et d'expression du chant gallo et les évènements qui s'y rattachent.

Eh bien chantez maintenant ! C'est ce que nous vous proposons sur la page d'accueil de ce blog, avec quelques dates. Vous retrouverez désormais toutes ces infos et même plus en visitant régulièrement ce site.

vendredi 4 avril 2014

49 - Le Jardinier français

Voici une chanson qui va vous épargner des abonnements à Rustica et au Chasseur français. C’est un vrai traité du jardinage et du maraîchage qui a été recueilli par Armand Guéraud. Celui ci en indique pour auteur l'abbé François Gusteau (1699 -1761). Originaire de la région de Fontenay le Comte en sud Vendée, cet ecclésiastique a écrit divers ouvrages dont un recueil de noëls et de poésies patoises.
Ce qui confirme que ce texte est bien du milieu du 18ème siècle c’est que l’énumération des produits du jardin dans ces couplets ne fait mention que de variétés anciennes. Abondance de choux, de pois, de salades et porées (1) qui pour la plupart faisaient l’ordinaire de nos ancêtres. En revanche nulle trace des incorporations plus récentes de la gastronomie française : la tomate, l’ endive et surtout la pomme de terre.

L’histoire de la consommation des fruits et légumes est jalonnée d’interdits religieux et de suspicions pour les produits nouveaux. Au moyen âge ce sont, malgré cela, les potagers des monastères et des châteaux qui comptaient le plus de variétés nouvelles ou sortant de l’ordinaire. Les croisades, la découverte de nouveaux mondes, les échanges ....
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mardi 1 avril 2014

C'est le premier du mois d'avril

Ne nous dites pas que vous y avez cru ! Une chanson en laisse, un premier avril ! Nous n'avons pas pu résister à l'occasion de vous servir du poisson. Pour ceux et celles qui auraient du mal à suivre, reportez vous d'abord à la chanson de la semaine.
Ceux ci (les poissons) sont d'ailleurs injustement méprisés dans la chanson traditionnelle sous prétexte que leurs capacités d'expression limitées ne les rendent pas aptes à servir de messager des amoureux. Tout au plus leur concède-t-on le droit de manger des amants malheureux ou trompeurs tombés à l'eau. Et il aura fallu attendre Bobby Lapointe pour que soit rendu hommage à la maman des poissons. Seules les baleines sont connues pour leur vocalises, ce qui leur vaut d'être persécutées par des chasseurs peu mélomanes. Mais la classification des espèces ne les retient que comme mammifère marin. C'est assez pour aujourd'hui. Nous reviendrons plus tard sur ces particularités zoo-musico-gastronomiques.
Enfin, n'épiloguons pas sur le catalogue de la redoute. Il est trop mal en point en ce moment.

À bientôt pour une prochaine chanson.

vendredi 28 mars 2014

48 - Les filles du Pouliguen

Les chansons qui vantent les mérites des filles d’une ville, d'un village ou d’un simple hameau constituent un corpus non négligeable dans le vaste répertoire traditionnel. Une variante du blason populaire, ou l'art de se moquer, gentiment, de ses voisins.
Ne nous attardons pas trop sur les dizaines ou autres chansons de neuf qui rengainent sur un caractère supposé, comme : « les filles de Redon qui tapent du pied quand l’amour les prend » popularisé par les Tri Yann, les filles du Haut Bergon (1) qui reviennent à la maison « sans culottes et sans boutons » ou les « nau gojatas a Castelnau » qui voulaient danser mais pas les garçons !
D'autres refrains à danser donnent un peu plus de détails. Ce sont les filles de St Chély qui tuent les mouches à coup de fusil, celles de la Chapelotte, bigotes qui ont le bon dieu jusqu’au fond le leur culottes...
Une chanson, connue dans plusieurs régions, relate la démarche des filles qui vont trouver le curé pour qu’il intercède en leur faveur auprès des garçons. En était-il vraiment besoin ? La réponse est sans équivoque « de ces filles nous ne voulons pas... ». De Plonéour à St Martin cette chanson se prête si bien à l’adaptation locale qu’il suffit de changer le nom du patelin. L’incipit est souvent le même : « Trifouilly (2) est un petit bourg qui a des filles aux alentours...des petites et des grandes, bonnes à marier, personne ne les demande »
Quand à notre chanson de la semaine...
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vendredi 21 mars 2014

47 - J’ai gagé une servante

Un thème d'actualité dans les années 90 (1890) qu'on croirait sorti d'une pièce de Labiche ou de Feydeau. Que voulez vous ma bonne dame, il n'y a plus moyen de trouver du petit personnel, aujourd'hui. Mais un thème qui vient de beaucoup plus loin dans le temps. Et qui fait encore les conversations de café du commerce aujourd'hui. En langage socio-énarquo-administratif début du 21ème ça se traduit en difficulté d'adéquation de la ressource aux exigences techniques dans le cadre d’un programme d’amélioration de la performance. Non mais des fois ! Non Medef... ouah.
Les chansons qui se plaignent de la nonchalance des employés, de leur tendance à l'ivrognerie ou de leur façon de profiter des patrons, sont quasiment toutes sur le ton de la dérision. C'est la servante surprise en état d'ivresse après avoir bu 15 verres « monsieur c'est votre bon vin qui m'a rendu contente » ou celle qui se farde pour ressembler à sa maîtresse. C'est le grand valet qui lutine la patronne, profite du bon vin et du bon lit. C'est celui qu'on veut mettre à la porte et qu'on finit par supplier de rester « si notre valet nous quitte nous perdrons tout ». C'est ici la chambrière qui fait tout de travers.
A l'inverse, les chansons d'employés se plaignant du patron sont rarement sur le ton de la plaisanterie et carrément revendicatrices : chansons de compagnons mal accueillis, de valets de ferme qui attendent avec impatience d'aller se gager ailleurs, de marins qui jurent qu'ils ne repartiront pas, etc .
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vendredi 14 mars 2014

46 - Mes bonnes gens, je vous supplie

Crimée châtiment ! (1) Non, il n’est pas question dans ces lignes de porter un jugement sur des événements d’actualité. Mais constatons, encore une fois que les chansons sorties d’un autre âge ne perdent rien de leur force évocatrice. Pour une fois il est possible de dater la chanson de la semaine. Quoique cette composition qui fait référence à des événements historiques, emprunte aussi sa forme et son thème à des souvenirs plus anciens.
Le retour du soldat est le sujet de bien des chansons traditionnelles. Engagé ou conscrit, le jeune militaire absent longtemps du pays n’est plus reconnu par ses proches à son retour. Ici, pour une fois, ça se termine bien. Habituellement, il trouve sa bonne amie mariée avec un autre, sa femme avec quelques enfants de plus, quand il n’est pas tout simplement victime de la cupidité de ses parents qui le suppriment par erreur. Le cinéma s’est emparé de ce thème qui évoque aujourd’hui pour la majorité d’entre nous le « retour de Martin Guerre ». Sans remonter jusqu’aux guerres de l’ancien régime ou aux campagnes de Napoléon 1er, voici donc une chanson qui marque l’entrée dans la guerre moderne.
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vendredi 7 mars 2014

45 - Derrière chez mon père

Voilà plusieurs semaines que les oiseaux n'ont pas été sollicités pour participer à la chanson de la semaine. Il est grand temps de remettre ça. Ce n'est pas notre tendance hitchckokienne qui se réveille, mais tout simplement que les volatiles tiennent une place particulière dans les chansons traditionnelles.
Le côté réaliste de cette chanson peut vous échapper. On y conte la mésaventure d'un oiseau qui tombe au sol parce que la branche qu'il a choisie se casse. Mais de quel oiseau s'agit-il ? Un petit jeune qui n'a pas encore appris à voler ? Une poule suicidaire ? Et dans ce cas comment a-t-elle réussi à grimper aussi haut ?
Si c'était là le seul mystère contenu dans cette chanson ! Mais ce texte, outre qu'il nous semble incomplet, suscite encore bien des interrogations.
Pour beaucoup d'entre vous, cette histoire de branche cassée doit faire resurgir du fond de vos mémoires quelques chansons enfantines. Deux, essentiellement. La première a pour refrain « a pris sa, à la volette, a pris sa volée ». Elle a été notée pour la première fois en 1575. La seconde met en scène un personnage nommé compère Guilleri et son refrain – titi carabi, toto carabo...- ne peut laisser de doute sur son appartenance aux chansons pour enfants...
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vendredi 28 février 2014

44 - Première année que je fus mariée

Fini de rire ! Revenons à un thème plus sérieux que les mésaventures d'un meunier ou d'une jardinière. C'est à une des grandes complaintes moyenâgeuses que nous avons à faire aujourd'hui. Le thème du frère qui venge sa sœur après s'être mêlé de son mariage n'est peut être pas totalement absent de l'actualité. Mais c'est un retour en arrière de plusieurs siècles que nous propose cette chanson. Une époque où l'amour courtois et l'esprit chevaleresque se traduisaient souvent par des épisodes sanglants !

La maumariée vengée par ses frères est un thème qui vient de loin. Cette chanson serait l'adaptation en français d'un texte originel en occitan, très répandue dans tout le sud de la France et en Piémont. On en trouverait ainsi 42 versions au Canada, 15 en France et 3 en Italie. Il n'empêche qu'on en retrouve aussi plusieurs en Bretagne, comme ici dans le secteur de St Nazaire. Le texte fait invariablement référence à trois frères qui ont d'autant plus de raison de se venger que ce sont eux qui ont favorisé ou arrangé le mariage de leur sœur. Cette partie qui débute habituellement la chanson est absente de la version collectée par Le Floc'h et reprise par Guériff (1). Pour comparer, écoutez la très belle version enregistrée par Sylvie Berger sur le disque « le jardin des mystères » d'Eric Montbel (2).
Les écrivains du 19ème siècle ont tenté de voir l'origine de cette chanson dans...
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vendredi 21 février 2014

43 - La jardinière de Nantes

Puisque nous avons cette belle jardinière en magasin vous allez pouvoir en profiter. La chanson n'est pas particulière au pays nantais, même si l'action y est située. Cette version est originaire du Morbihan(1). Elle figure dans les archives de Dastum grâce à Bernard de Parades, un collecteur qui a beaucoup travaillé sur le pays nantais et Nantes en particulier. Il a recensé toutes les versions de chansons qui se rapportent à Nantes, prouvant que cette ville était la plus citée dans les chansons traditionnelles.
Après B. de Parades, c'est Georges Doncieux (2) que nous laisserons commenter cette marchande d'oranges: « vu l'abondance des versions normandes, bretonnes, poitevines...cette marchande semble originaire de la France du nord-ouest ; elle ne saurait, par l'évidente modernité de la langue remonter plus haut que le 18ème siècle.Cette spirituelle petite ronde est faite sur la même donnée que la Fille aux oranges, mais pour aboutir à une conclusion tout à fait contraire : là une pauvre innocente se fait enlever par un polisson d'avocat ses oranges et le reste ; ici c'est un prince étourdi qui laisse envoler l'imprudente mais subtile oiselle (sic). D'où il s'ensuit parfois que les fils de roi n'ont pas tant d'esprit que les fils d'avocat ».
Si le texte publié par Doncieux situe l'action à Paris, les autres... 
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vendredi 14 février 2014

42 - Meunier, tu dors

Quel est le point commun entre la dramatique complainte publiée la semaine passée et notre ritournelle de la semaine ? Elles ont toutes deux été collectées et publiées par Abel Soreau, à la fin du 19ème. A part ça rien de commun entre elles. On mesure toute l'étendue des répertoires traditionnels en passant de l'une à l'autre. Une vraie douche écossaise ; ce qui nous changera un peu des douches bretonnes qui ont fait dangereusement monter le cours de nos rivières ces derniers temps.
Meunier tu dors est une des comptines enfantines les plus connues. Même dans les milieux les plus imperméables à la tradition, rares sont les bambins qui n'y ont pas eu droit. Mais encore une fois limiter cette chanson à cette seule version est quelque peu réducteur.
Pour le seul territoire de la Loire-Atlantique, nos références habituelles en signalent plusieurs autres. Celle de Soreau a été entendue à Saint Nazaire. Fernand Guériff en propose un rond du pays paludier avec un refrain de circonstance : « au bal, la meunière, au bal ». Armand Guéraud en donne deux variantes de Bouguenais et de Pontchateau, la première avec l'habituel «  meunier tu dors, ton moulin va trop fort » mais sur des airs complètement différents.
Cette chanson doit-elle vraiment être classée dans les enfantines ? La version que vous entendez 
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vendredi 7 février 2014

41 - Plus blanche que la fleur d’été

« Pourquoi chantez vous toujours des chansons tristes, qui font pleurer les gens ? » demandait un jour un interviewer à la chanteuse anglaise June Tabor (1) qui répondit : « parce qu'après avoir bien pleuré ils se sentiront mieux ». Alors avant que vous n'écoutiez le chanson de cette semaine prenez la précaution de vous munir de quelques mouchoirs. On n'est pas là pour rigoler.
Cette belle complainte a été recueillie au moins deux fois dans notre région. Par Abel Soreau à qui nous empruntons cette version et par Armand Guéraud, tous les deux à la fin du 19ème siècle. Dans les commentaires des textes recueillis par Guéraud, Joseph Le Floch précise « Le texte est rare : une seule référence mentionnée au fichier Coirault » deux textes incomplets en fait publiés par Achille Millien dans le premier tome des chansons populaires du Nivernais et du Morvan. «  Millien et Pénnavaire remarquent avec raison que la musique n'est qu'une altération de l'air connu ah vous dirai je maman » (2)
Plus près de nous elle a été enregistrée par Jean-François Dutertre sur son album Ballades françaises, vol. 2 édité chez Buda musique en 1998. Et outre Atlantique, Monique Jutras (3) a chanté la courtisane brûlée dans son CD de complaintes médiévales en 1999 .
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vendredi 31 janvier 2014

Quelques mariages et un enterrement

Pete Seeger est mort. Il avait 94 ans et derrière lui une vie bien remplie. Il s’en est allé rejoindre son frère Mike (1) décédé il y a deux ans. Nous ne reviendrons pas sur sa longue carrière. Vous en trouverez tous les détails un peu partout sur le web. C’était le dernier survivant des grands folksingers des années 40, les Woody Guthrie, Cisco Houston, Leadbelly…On vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre et qui eut une influence prépondérante sur notre façon d’aborder les chansons traditionnelles.
Pete Seeger a influencé toute une génération d’amateurs de musiques et de chansons. On disait « le folk » à cette époque. Aujourd’hui ce mot sert à désigner n’importe quel gratouilleur de guitare acoustique. Peu importe les mots et les étiquettes. Né de parents fortement impliqués dans la musique, Pete Seeger a été un collecteur, travaillant avec le fameux Alan Lomax. Ses premiers enregistrements privilégiaient la chanson revendicative et protestataire. Les Almanac singers, avec W. Guthrie, utilisaient des mélodies traditionnelles et des thèmes contemporains. Sa participation aux célèbres Weavers nous a valu quelques tubes mondialement connus. C’est peut être avec son travail en solo qu’il a été le plus apprécié en France. La publication par la compagnie « le chant du monde » de nombreux disques édités aux USA par Folkways nous a fait découvrir toute la série des « American Favorite Ballads ». Une source de répertoire pour tous les amateurs de trad. américain. C’est au travers de cette série que nous allons faire le rapprochement avec nos traditions locales.
Dès la première chanson publiée sur ce blog (2), il en était question. Le temps d’aller le vérifier vous pourrez lire la suite.

vendredi 24 janvier 2014

40 - En m’en revenant de Lille en Flandres

Si on vous dit que les chansons de menteries sont celles qu'on préfère vous n'êtes pas obligés de nous croire. Mais elles sont tellement répandues dans les traditions de tous les pays qu'on ne pouvait y échapper. D'autant que la prochaine ouverture de la campagne électorale risque de reléguer nos menteries bien en dessous de toutes les affirmations et promesses à venir.

Cette chanson prouve aussi que notre chauvinisme a ses limites. Après avoir chanté sur tous les tons le port de Nantes et ses navires nous voilà revenus de chez les ch'tis. Habituellement le chanteur de menteries commence par un avertissement du genre «  je vais vous dire une chanson qui est pleine de mensonges » à l'intention de ceux qui croient tout ce qu'on leur dit. Sans doute aussi pour éviter de passer pour un simple d'esprit. Ici, les deux premiers vers nous font attendre tout autre chose. L'incipit « m'en revenant » introduit souvent une chanson d'amour, heureux ou malheureux, ou d'aventures galantes. A titre d'exemple vous trouverez à la fin de cet article les paroles d'une chanson portant le même titre qui détaille la rencontre avec une jolie flamande et ce qui s'ensuit. Le second vers est plus fréquent dans ces chansons où on parle d'aller charruer sur les côtes d'Angleterre. La localisation lilloise restera donc un mystère. Le gars Constant a qui on doit cette version a-t-il débuté une chanson et enchaîné sur une autre ?
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vendredi 17 janvier 2014

39 – trois navires chargés de blé


On aura beau parler de l'intemporalité des chansons traditionnelles, dans le contexte actuel chanter au refrain  " il vente, ce sont les flots de la mer qui nous tourmentent" relève plus de l'alerte orange à Météo-France que de la poésie populaire. Ce n'est pourtant pas de la tempête Xynthia dont il est question dans cette chanson.
Si ces trois navires chargés de blé ont abordé dans tous les ports de la côte atlantique et de la Méditerranée, c'est la cependant la ville de Nantes qui en connaît le plus grand nombre de versions. On peut le dire sans chauvinisme aucun (1). Même si la version « A Saint Malo (2), beau port de mer » est sans doute la plus connue, la plus chantée au Québec. Même si, comme l'affirment Doncieux(3) ou Tiersot, la chanson serait originaire de Bordeaux au 18ème siècle.
L'histoire en elle même est quasi invariable. Quel que soit le port d'abordage, de Dunkerque à Marseille en passant par Fécamp, le Havre ou la Rochelle la belle se laisse embarquer en protestant (pour la forme?). Plutôt que de chercher la signification ou la morale de cette histoire, intéressons nous aux nombreux refrains qui l'accompagnent. La liste n'est pas exhaustive :
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vendredi 10 janvier 2014

38 - Quand l’p’tit bonhomme revient du champ

Par ce temps pluvio-venteux qui n'incite guère à l'enthousiasme, comment retrouver la bonne humeur ? Mais en chantant bien sur ! Ou alors en suivant le mauvais exemple du personnage principal de notre chanson de la semaine, qui a choisi de se remonter le moral en s'adonnant à la boisson. Si la version proposée se termine sur une soupe aux poireaux qui nous laisse un peu sur notre faim, l'origine de son état ne fait aucun doute. Quelques recherches dans le voisinage nous le confirmeront.
Cette chanson a été collectée à Nivillac par Hervé Dréan (1), qui la chante lui même ici. On vous entend déjà protester que Nivillac se trouve dans le département du Morbihan. Certes ; mais non seulement la chanson se moque des frontières administratives, et encore celles ci correspondent elles vraiment aux réalités du terrain. Quand il a fallu découper les départements, sous la révolution, les limites choisies ont fait l'objet d'arbitrages compliqués. C'est ainsi que cinq communes situées au sud de l'estuaire de la Vilaine se sont retrouvées en Morbihan. Nivillac est l'une d'elles. Ces communes sont généralement désignées sous le nom de « pays mitao ».
Peu importe donc de quelle préfecture dépendait le chanteur enregistré. L'intérêt de cette chanson c'est qu'elle fait partie d'une grande famille. Les cousines se retrouvent dans les ouvrages de...
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samedi 4 janvier 2014

37 - Coupons les fifondes


Cette fois ça y est. Les agapes, festivités, réjouissances...et leurs lendemains qui déchantent, sont derrière nous. Il est temps de se remettre au travail. Cette semaine nous coupons les fifondes.

Ne vous précipez pas sur le dictionnaire, vous avez peu de chances d'y trouver le mot ; sauf si votre édition est consacrée au langage briéron. Les fifondes, ou fifandes, désignent une sorte de jonc qui servait à rempailler les chaises. Cette matière première étant omniprésente dans le marais de brière, l'économie locale a donné, outre des coupeurs de fifondes, des vanniers et des chaumeurs(1) réputés.

Seul le refrain nous indique le caractère local de la chanson. Le texte lui même se rattache à un thème connu : celui du prince d'Orange qui revient de guerre blessé « de trois coups de lance qu'un anglais lui a donné ». L'origine de cette chanson remonterait donc aux guerres contre Charles Quint.
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Bonne année 2014


Bonne année, bonne santé ; que 2014 vous chante, vous enchante et vous entende chanter tout au long de l'année.

Commençons donc l'année par une bonne nouvelle, pour les nantais (1) : nous nous retrouverons pour une session de chants, à l'initiative de Dastum 44, un mardi par mois à l'heure de l'apéro. La première est organisée mardi 21 janvier. Tous les détails pratiques sont sur la page « actualités ».

Si vous fréquentez ce blog dans l'unique espoir d'enrichir votre répertoire, vous retrouverez bientôt la suite de notre grand feuilleton intitulé « une chanson traditionnelle par semaine ».

En attendant, puisque le début d'année est le moment idéal pour prendre de bonnes résolutions, nous vous donnons dix bonnes raisons de chanter :

1 – la chanson traditionnelle est une source inépuisable de joie et de bonne humeur : Certes, vous nous ferez remarquer que la mort du roi Renaud, le plongeur noyé ou la belle enfermée dans la tour ne sont pas des sujets d'une franche hilarité. Mais si les textes eux même ne se rattachent pas tous au type « y'a d'la joie », c'est le plaisir de chanter qui rend heureux. Le plaisir d'avoir en bouche un de ces grand crus de la poésie populaire ou un de ces petits refrains mûris au soleil sur des terroirs sélectionnés et transmis de génération en génération. A consommer, bien sur, sans aucune modération.

2 – la chanson traditionnelle a des effets bénéfiques sur la santé : elle éclaircit la gorge, dégage les bronches, bonifie le cœur, facilite la digestion, donne du tonus et allège les jambes. La preuve : elle vous rend capable de danser jusqu'au bout de la nuit. Elle vous fait
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