Inutile de s'étendre trop longtemps
sur la chanson de la mariée. D'autres l'ont déjà fait. Nous vous
renvoyons donc au tome 2 des collectes de Fernand Guériff, pages 193
à 214. Cet ouvrage consacré au folklore du mariage, publié par
Dastum 44 et le parc naturel régional de Brière (1) est plus facile
à consulter que les études consacrées à cette chanson par nos
grands folkloristes, de Coirault à Davenson et consorts.
Ce n'est pas parce que cette mélodie
est un saucisson (2) de la chanson traditionnelle qu'il faudrait se
priver de l'écouter. Son charme désuet nous fait voyager dans le
temps, à une époque où la cérémonie du mariage occupait une
place plus importante qu'aujourd'hui.
Elle aurait été chantée au mariage
d'Anne de Bretagne ; Elle a été citée par Madame de Sévigné
et par Balzac, enregistrée par Maluzerne et par Hugues Auffray, imprimée en
de multiples versions dans toutes les régions de France. Chacun de
ces éditeurs ne manque pas de rappeler que cette chanson était plus
populaire dans les provinces de l'ouest, Poitou et Bretagne, faisant
référence aux aventures de la Duduche (3)...et à l'abbé Gusteau
(4). Revoici donc, au passage, notre sémillant abbé qui délaisse
ses conseils de jardinage (5) pour faire la morale à l'épousée.
Laissons la parole à Fernand Guériff :
« Il (Gusteau) a voulu convertir
une vieille chanson pour la rendre propre à catéchiser les
écoutants ; elle équivaut à un véritable sermon » son
texte est à l'origine des versions classiques, sur la base de
versions plus anciennes. « Gusteau a du remanier certains
couplets et en ajouter d'autres de son cru. De sorte... qu'on ne peut
plus distinguer ceux qui sont entièrement de lui ou ont été
adaptés par lui...on ne peut qu'entrevoir de ci de là des bribes de
tradition anciennes » c'est le cas de l'expression du lien d'or
qui ne se délie qu'à la mort, qui ne figure pas dans Gusteau.
Fernand Guériff publie un comparatif
de versions collectées en presqu’île guérandaise. Celle dont
nous nous sommes inspirées vient du répertoire de Jean Rivalant,
grand chanteur du Bourg de Batz. Enregistrée en 1994, elle présente
plus que des similitudes avec la version notée en 1895 d'Adèle
Pichon, elle même du Bourg de Batz.
Notes
1 – et que vous pouvez toujours vous
procurer en allant à la rubrique « nos éditions »
2 – au même titre que la Rosette de
la quinzaine passée – voir note n° 5, chanson 74, septembre 2014
3 – pour les étrangers au pays
nantais « les aventures de la Duduche » étaient des BD
d'actualité de Nicolas de la Casinière, mettant en scène la
duchesse Anne dans un cadre actuel, parues dans feu l'hebdomadaire
« la Tribune ».
4 – abbé Gusteau (1699-1765) prieur
de Doix près de Maillezais (Vendée), auteur de poésies patoises
publiées en 1855
5 – profitez en pour écouter « le
jardinier français », du même Gusteau – chanson n°49, mars
2014
chanson originale interprétée par
Jean Rivalant, à Kervalet, Batz-sur-Mer (Loire-Atlantique) en 1994 -
collectage de Roland Guillou et Robert Bouthillier
interprètes : Dominique
Juteau & Daniel Lehuédé
catalogue P. Coirault : La
chanson de la mariée (Noces - N° 05210)
catalogue C. Laforte : La
chanson de la mariée (II, P-20)
Chanson de la mariée
Nous sommes venus vous voir du fond de
nos villages
Pour célébrer la joie de votre
mariage
A monsieur votre époux aussi bien
comme à vous
Avez-vous bien compris ce qu’il a
dit, le prêtre
Il a dit qu’il fallait, a dit qu’il
fallait être
Fidèle à son époux et l’aimer
comme vous
Quand on dit son époux, on dit souvent
son maître
Ils ne sont pas si doux comme ils l’ont
promis d’être
Faudra leur conseiller de se le
rappeler
Si un jour il vous bat, ne soyez pas
chagrine
Et surtout n’allez pas l’raconter
aux voisines
Car par derrière de vous elles se
moqu’rons de vous
Le connaissez-vous bien, oh, jeune
mariée
L’indissoluble lien dont vous êtes
liés
Connaissez-vous aussi tous les droits
d’un mari
Mais vous l’avez juré sur le saint
évangile
Et d’un ton rassuré et d’une voix
facile
Que vous serez toujours fidèle à
votre époux
Vous voici donc liés, madame la mariée
Ce n’est par pour un jour mais pour
l’éternité
Avec un lien d’or qui dure jusqu’à
la mort
Vous n’irez plus au bal, madame la
mariée
Aujourd’hui grand régal mais la
journée passée
Vous gard’rez la maison tandis que
nous irons
Je vous jure que j’irai, mes très
chers camarades
Après tout mon train fait et mon joli
ménage
Au bal, à l’assemblée, avec mon
bien aimé
Si vous avez chez vous des bœufs aussi
des vaches
Des brebis, des moutons, des oisillons
sauvages
Faudra soir et matin veiller à tout ce
train
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