Les chansons qui vantent les mérites
des filles d’une ville, d'un village ou d’un simple hameau
constituent un corpus non négligeable dans le vaste répertoire
traditionnel. Une variante du blason populaire, ou l'art de se
moquer, gentiment, de ses voisins.
Ne nous attardons pas trop sur les
dizaines ou autres chansons de neuf qui rengainent sur un caractère
supposé, comme : « les filles de Redon qui tapent du pied quand
l’amour les prend » popularisé par les Tri Yann, les filles
du Haut Bergon (1) qui reviennent à la maison « sans culottes
et sans boutons » ou les « nau gojatas a Castelnau »
qui voulaient danser mais pas les garçons !
D'autres refrains à danser donnent un
peu plus de détails. Ce sont les filles de St Chély qui tuent les
mouches à coup de fusil, celles de la Chapelotte, bigotes qui ont le
bon dieu jusqu’au fond le leur culottes...
Une chanson, connue dans plusieurs régions, relate la démarche des filles qui vont trouver le curé pour qu’il intercède en leur faveur auprès des garçons. En était-il vraiment besoin ? La réponse est sans équivoque « de ces filles nous ne voulons pas... ». De Plonéour à St Martin cette chanson se prête si bien à l’adaptation locale qu’il suffit de changer le nom du patelin. L’incipit est souvent le même : « Trifouilly (2) est un petit bourg qui a des filles aux alentours...des petites et des grandes, bonnes à marier, personne ne les demande »
Quand à notre chanson de la semaine...
Une chanson, connue dans plusieurs régions, relate la démarche des filles qui vont trouver le curé pour qu’il intercède en leur faveur auprès des garçons. En était-il vraiment besoin ? La réponse est sans équivoque « de ces filles nous ne voulons pas... ». De Plonéour à St Martin cette chanson se prête si bien à l’adaptation locale qu’il suffit de changer le nom du patelin. L’incipit est souvent le même : « Trifouilly (2) est un petit bourg qui a des filles aux alentours...des petites et des grandes, bonnes à marier, personne ne les demande »
Quand à notre chanson de la semaine...
Lire la suite et écouter la chanson
... elle est surtout connue dans le secteur
compris entre Loire, Vilaine et Oust. Les paroles en sont très
proches du Pouliguen à Fégréac, deux communes du 44. Ces deux
versions ont d’ailleurs été enregistrées à la suite sur le CD
« chants à la marche en Loire-Atlantique (3). Louisette
Radioyes (4) en a noté deux autres versions pour la commune de St Martin
sur Oust dans le 56. La seconde ne diffère de la première que par
une visite supplémentaire chez le cordonnier.
Quel est l’origine et l’objectif de
ces chansons ? Elles font partie à leur manière du blason
populaire, c’est à dire des noms, des formules ou couplets rimés
qui qualifient les habitants d'une commune, d'un village ou d'un
hameau. Ces stéréotypes moqueurs sont en général donnés par les
habitants des communes voisines. On imagine mal, en effet, que ce
soient les habitants du Pouliguen qui aient eu envie de railler leurs
compatriotes ; même s’agissant de jeunes gens dédaignés par
certaines d’entre elles. Bien des folkloristes, collecteurs de
chansons se sont également intéressés à ces blasons, partie du
patrimoine culturel immatériel au même titre que les chansons, les
contes et les comptines.
Et puisque nous en sommes à évoquer
les illustres musicologues, sachez que ce blog va bientôt s’enrichir
d’une documentation iconographique exceptionnelle. Dès mardi
prochain (retenez bien la date) les passionnés de musicologie
pourront y découvrir deux photos rares : L’une de Patrice
Coirault consultant le catalogue de la Redoute, l’autre de Conrad
Laforte se promenant avec une chanson en laisse.
À bientôt.
Notes
1 - Haut Bergon : village de la
commune de Missillac (44)
2 - commune jumelée avec Pétaouchnok
et Tataouine les bains
3 - chants à la marche en
Loire-Atlantique – édité par Dastum 44 en 2003 – en promo dans
la rubrique éditions
4 - Traditions et chansons de
haute-Bretagne - Tome 2, Le répertoire de Saint-Congard et ses
environs (1997)
Les filles du Pouliguen
Le
Pouliguen est un p’tit bourg
Qui
a des filles tout alentour
Des
couturières, des ravaudeuses de bas
Qui
sont plus fières que des marchandes de soie
Elles
s’en vont le sam’di soir
Faire
leur lessive de six liards
Six
liards d’eau chaude et six liards de savon
Ces
demoiselles vont laver leurs jupons
Vous
les voyez l’dimanche matin
En
train d’cirer leurs brodequins
Mouchoir
de laine et robe de haut goût
Ces
demoiselles bien souvent n’ont pas l’sou
Toutes
s’en vont chez l’perruquier
C’est
pour se faire bien friser :
Monsieur,
de grâce, faites-nous donc crédit
L’argent
est rare, nous vous dirons merci
De
crédit nous n’en faisons plus
Monsieur
le maire l’a défendu
Vendez
vos robes et vos beaux jupons blancs
Mesdemoiselles,
vous aurez de l’argent.
source :
livre « Florilège du
Pouliguen », de Marcel Baudry (Ed. Jean-Marie Pierre – 1985)
interprète
: Jean-Louis
Auneau
catalogue
P. Coirault : Les
coquettes auxquelles ont refuse le crédit (Satiriques – N° 11307)
catalogue
C. Laforte : Faites-moi crédit (4-Ha-03)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire