Pourquoi ne pas avoir commencé notre
série de chansons sur le mariage par celle ci ? La réponse à
cette question aurait pu nous dispenser du reste. Mais nous serions
passés à coté de belles chansons, qui reflètent si bien tout le
folklore du mariage. Il aurait été dommage de s'en priver.
Si toutes les semaines précédentes
ont été consacrées au sort de LA mariée, c'est un point de vue
masculin qui nous est offert cette fois. Celui du mari dominé par
son épouse.
On peut se demander pourquoi tant de
chansons de mariage tournent en dérision l'institution et n'en
décrivent que les aspects négatifs. En réalité il existe autant
de chansons vantant tout le bonheur de la vie à deux. Ce ne sont que
des chansons d'amour !
lire la suite et écouter la chanson
Toutes les chansons de regret du garçon
mal marié sont bâties autour du thème commun de l'homme qui rentre
du travail et qui ne trouve rien à manger que les restes d'un repas.
Encore heureux quand le festin n'a pas eu lieu en galante compagnie.
Notre version, collectée près de la Vilaine, présente des
similitudes avec d'autres originaires de Haute Bretagne ou des
départements voisins. Ces ressemblances portent plus sur le texte
que sur les mélodies. Ainsi, dans le pays de Loudéac, Le Bris et Le
Noac'h (1) en ont publié cinq versions différentes, toutes à
danser le rond. Dure, dure la vie de jeune marié en centre Bretagne.
On peut même y laisser sa santé mentale si on en juge par le
refrain collecté par Hervé Dréan à Marzan, coté morbihanais de
la Vilaine (2) :
Pigoli pigolain pain pain pigolain
pigoli pigolin paingui paingo
paingobino paingo la gobinette
A peu de distance à vol d'oiseau,
Louisette Radioyes a noté à Saint Congard (3)une rare variante
féminine de ce thème :
hélas pourquoi qu'on s'y marie
faudrait bien mieux rester jeune
fille
devenue vieille elle se serait
« retirée dans un vieux monastère auprès d'un vieux curé ».
Ce personnage apparaît dans de nombreuses versions. Tantôt à la
table de la dame ; tantôt pour chanter le deuil du marié qui
s'est étranglé en mangeant les os. Toutes ne finissent pas aussi
tragiquement. Certaines conservent un caractère ironique comme ce
refrain noté, entre autres, en Berry :
Bon je suis en ménage, gai je suis
marié
Le refrain le plus courant en Bretagne,
en Mayenne, en Vendée et dans beaucoup d'autres contrées que nous
n'aurons pas le temps de visiter reste le :
Qu'on est si bien étant garçon,
hélas pourquoi s'y marie-t-on ?
Ce thème si répandu dans la chanson
populaire a même trouvé un écho dans variété au milieu du 20ème
siècle avec le « ah si j'étais resté célibataire »
qui a du vous rester dans les oreilles si vos parents étaient fans
d'André Verchuren.
La semaine prochaine nous n'irons pas
jusqu'à aborder le divorce. Nous nous contenterons de chanson de
déserteur
notes
1 - Marc Le Bris & Alain Le Noach
chansons des pays de l'Oust et du Lié – publiés en 5 volumes puis
réédités en un seul.
2 – Instants de mémoire –
tradition orale populaire autour de la Roche Bernard – H. Dréan –
tome 3, page 105
3 – Traditions et chansons de Haute
Bretagne / Le répertoire de Saint Congard et ses environs – L.
Radioyes – tome 2 page 165
collectée par Mathieu Hamon
auprès d'Hubert Bougouin à Avessac (Loire-Atlantique) en 1991
interprètes : Daniel Lehuédé,
Dominique Juteau et Jean-Louis Auneau
catalogue P. Coirault : Les
regrets du garçon mal marié (Maumariés – N° 05803)
catalogue C. Laforte :
Garçon à marier (I, E-04)
Hélas, pourquoi s’y marie-t-on ?
Quand j’étais chez mon père garçon
à marier (bis)
Je n’avais rien à faire qu’une
femme à chercher
Hélas pourquoi s’y marie-t-on quand
on est si bien comme ça, garçon
Hélas pourquoi s’y marions-nous
quand on est si bien comme ça, chez nous
Je n’avais rien à faire qu’une
femme à chercher (bis)
A présent j’en ai une elle me fait
enrager
Hélas pourquoi s’y marie-t-on quand
on est si bien comme ça, garçon…
Elle m’envoie à la ville le matin
sans manger
Le soir quand je r’arrive elle a
toujours soupé
Je lui demande : belle, belle,
qu’as-tu donc mangé
Une bonne soupe grasse et un pigeon
ramier
Les os sont sous la table veux-tu les
éplucher
Le premier qu’il avale il s’est
bien étranglé
Voilà mon mari mort j’en suis
débarrassée
J’ai d’ l’argent dans ma poche
pour le faire enterrer
Et du vin dans ma cave pour boire à sa
santé
Mon père chanter cette chanson dans les repas de famille, communion, mariage, j'avais 8 ans à l'époque maintenant j'ai 61 ans mon est dcd en 2003 sans laisser trace des paroles par hasard je tombe sur vos écris merci beaucoup. Jimmy
RépondreSupprimer