Nous poursuivons notre tour de
Loire-Atlantique féminin. L'étape du jour nous mène au
Loroux-Bottereau, cité viticole au cœur du triangle d'or du
muscadet (1). Contrairement aux filles de la semaine passée, celles
ci n'ont pas bénéficié d'une composition locale, mais de
l'adaptation d'une chanson archi-connue et souvent référencée sous
le titre « la belle fille de Parthenay ».
De toutes les versions de cette chanson
deux éléments sont constants. Tout d'abord la fille à qui on
demande un baiser répond invariablement « prenez en un, prenez
en deux » ; ensuite, si elle craint la réaction de son
père, elle ne soucie pas de sa mère à qui ça rappellera « le
temps qu'elle était fille ». Ajoutons que beaucoup de refrains
sont bâtis sur la formule « j'aime la voir à rire » ou
« j'aime le mot pour rire ».
Voilà pour les traits communs à ces
chansons. Quelle en est l'origine ?
Ecouter la chanson et lire la suite
C'est plus difficile à
déterminer. Celles du pays nantais, citées dans l'ouvrage d'Armand
Guéraud (2) se situent au Loroux. En Vendée on fait parfois
référence à Veretoux (sic) soit Vertou, autre commune du vignoble
nantais ; plus fréquemment c'est dans la belle ville de
Parthenay (Deux Sèvres) où la belle fille et son partenaire défient
l'interdit parental (3). Ailleurs, la chanson peut avoir pour cadre
Paris la grande ville. Dans le pays de Loudéac une fameuse chanson à
danser la riqueugnée (4) se passe dans la proche commune de Saint
Barnabé. Bref à trop comparer les versions on n'est guère plus
avancé.
Et quand la chanson n'est plus située
géographiquement, son cadre rustique met en scène un berger, le
plus beau du village, ou une fille rencontrée sur le bord du rivage,
ou à l'ombrage, ou encore une fille qui veut qu'on l'aide à
« passer le bois », selon les collectes.
Pour en revenir à Parthenay, la
chanson traditionnelle y est toujours à l'honneur. D'abord parce que
cette ville est le siège du CERDO (5) qui fait sur le Poitou le même
travail de conservation et de valorisation du patrimoine oral que
Dastum. Vous trouverez sur ce blog le lien vers leur site. Ensuite
parce que l'édition 2014 du festival « Bouche à oreille »,
qui vient de se terminer, a été l'occasion de rencontres autour du
chant traditionnel avec des après-midi de « vide chansons ». Une initiative qu'on espère vivement
retrouver lors des prochaines éditions.
notes
1 – dans le vignoble on prononce :
le Loroux boit trop !
2 - Recueil de chants populaires du
Comté Nantais et du Bas-Poitou, d'où est extraite notre chanson de
la semaine
3 – pour ajouter à la confusion,
signalons qu'aurait existé jadis en région parisienne un lieu dit
Parthenay près de Chatenay-Malabry. Un rapide survol de la carte IGN
de ce secteur permet de repérer sur cette commune, dans la forêt de
Verrières, un carrefour de la belle fille ; troublant,
n'est ce pas ?
4 – A Saint Barnabé si vous saviez
y'a t'une jolie fille...La riqueugnée est la quatrième partie de la
suite « de Loudéac » (rond / bal / rond / riqueugnée)
5 – accès par le portail du
patrimoine oral, ou directement par ici
Les
filles du Loroux
Ce sont les filles du Loroux, grand
dieu, qu’elles sont jolies (bis)
Il y en a une par-dessus tout pour qui
mon cœur soupire, voyez-vous
J’aime le mot, le petit mot
J’aime le mot à rire
Il y en a une par-dessus tout pour qui
mon cœur soupire (bis)
Je lui demande un doux baiser, la belle
se mit à rire, voyez-vous
J’aime le mot, le petit mot
J’aime le mot à rire
Je lui demande un doux baiser, la belle
se mit à rire (bis)
Prenez-en deux, prenez-en trois, mais
n’allez pas le dire, voyez-vous
J’aime le mot, le petit mot
J’aime le mot à rire
Prenez-en deux, prenez-en trois, mais
n’allez pas le dire (bis)
Car si mon père le savait, il ne
ferait que dire, voyez-vous
J’aime le mot, le petit mot
J’aime le mot à rire
Car si mon père le savait, il ne
ferait que dire (bis)
Et si ma mère le savait, elle ne
ferait qu’en rire, voyez-vous
J’aime le mot, le petit mot
J’aime le mot à rire
Et si ma mère le savait, elle ne
ferait qu’en rire (bis)
Se souviendrait d’son temps passé,
du temps qu’elle était fille, voyez-vous
J’aime le mot, le petit mot
J’aime le mot à rire
source : non précisé,
Bouguenais (44)
collectage : Armand Guéraud
« Recueil de chants populaires du Comté Nantais et du
Bas-Poitou », p.225
Interprète : Martine
Lehuédé et Janig Juteau
catalogue Coirault. :
La fille de Parthenay (01830)
catalogue Laforte. :
La fille de Parthenay (I, K-01)
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