Pete Seeger est mort. Il avait 94 ans
et derrière lui une vie bien remplie. Il s’en est allé rejoindre
son frère Mike (1) décédé il y a deux ans. Nous ne reviendrons pas
sur sa longue carrière. Vous en trouverez tous les détails un peu
partout sur le web. C’était le dernier survivant des grands
folksingers des années 40, les Woody Guthrie, Cisco Houston,
Leadbelly…On vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne
peuvent pas connaitre et qui eut une influence prépondérante sur
notre façon d’aborder les chansons traditionnelles.
Pete Seeger a influencé toute une
génération d’amateurs de musiques et de chansons. On disait « le
folk » à cette époque. Aujourd’hui ce mot sert à désigner
n’importe quel gratouilleur de guitare acoustique. Peu importe les
mots et les étiquettes. Né de parents fortement impliqués dans la
musique, Pete Seeger a été un collecteur, travaillant avec le
fameux Alan Lomax. Ses premiers enregistrements privilégiaient la
chanson revendicative et protestataire. Les Almanac singers, avec W.
Guthrie, utilisaient des mélodies traditionnelles et des thèmes
contemporains. Sa participation aux célèbres Weavers nous a valu
quelques tubes mondialement connus. C’est peut être avec son
travail en solo qu’il a été le plus apprécié en France. La
publication par la compagnie « le chant du monde »
de nombreux disques édités aux USA par Folkways nous a fait
découvrir toute la série des « American Favorite Ballads ».
Une source de répertoire pour tous les amateurs de trad.
américain. C’est au travers de cette série que nous allons faire
le rapprochement avec nos traditions locales.
Dès la première chanson publiée sur
ce blog (2), il en était question. Le temps d’aller le vérifier vous
pourrez lire la suite.
Cette première chanson qui parlait du
mariage des animaux a des correspondances dans toutes les traditions.
Pour finir de vous en convaincre, faites un nouveau détour par le
site du Smithsonian Institute, qui a repris la publication des
enregistrements de Folkways. Vous y entendrez Pete Seeger chanter
Froggy went a courtin’.
Un crapaud et une souris, pourquoi
pas ? Dans cette chanson, les parents donnent leur consentement.
Puis la noce reprend le même déroulement que celles de nos
contrées. Chacun apporte sa quote-part du repas, un musicien vient
animer la fête et pour finir le chat met tout le monde d’accord en
bouffant la mariée ! Selon les versions le dénouement peut
aussi être fatal au batracien.
Vers la fin des années 60, quand les
premiers groupes folk français s’essayaient au banjo et au
dulcimer, Pete Seeger conseilla à certains de ne pas s’arrêter
aux folksongs et d’aller puiser dans leurs traditions. Ainsi
naquirent certaines destinées, les Tri Yann par exemple.
A l’imitation de Pete Seeger, qui
avait lancé l’appellation aux USA, quelques passionnés
organisaient en France des Hootenanny (3), des sessions ou
chacun pouvait s’exprimer. Nos sessions de chant, veillées et
autres apéro chantés (4) en sont aujourd’hui la continuation.
Merci monsieur Pete Seeger ; nous
vous devons énormément.
Nous avons privilégié l’actualité
cette semaine. A bientôt pour de nouvelles aventures.
Notes
1 – son demi-frère, pour être
précis. Mike Seeger qui joua entre autres avec les New Lost City
Ramblers, est né du remariage de Charles Seeger avec Ruth Crawford. Tout comme
sa sœur, Peggy Seeger, qui enregistra quantité d’albums en solo
ou avec son mari Ewan McColl. Quelle famille !
2 - le mariage des oiseaux, en avril 2013
3 – faute d’orthographe ! En
anglais et au pluriel on devrait écrire « hootenanies ».
A Nantes, pour ne parler que de notre univers local, le hootenany
hebdomadaire se tenait dans une salle du foyer des jeunes
travailleurs de l’ile Beaulieu, jusque dans les années 70.
4 – le premier apéro chanté
organisé par Dastum 44 a bien eu lieu au bistrot-grignotte
chez « Mon oncle ». Avec une trentaine de
participants. Prochain rendez- vous le mardi 18 février. Si vous
n’avez pas la chance d’habiter Nantes mais que vous organisez
chez vous des sessions de chant, faites nous le savoir on relayera
l’info sur ce blog.
Ainsi, à Rennes la prochaine session
est programmée mardi 4 février, à la Quincaillerie, rue Paul Bert.
Pete Seeger 3 mai 1919 – 27 janvier
2014
Froggie went a courtin
Catalogue: Roud 16
Première publication de cette chanson
sous le titre "The frog came to the myl dur" dans
l’ouvrage Wedderburn's Complaynt of Scotland (1548) également
connue sous le titre "A Moste Strange Weddinge of the Frogge
and the Mouse." Première édition de la musique par Thomas
Ravenscroft en 1611.
La chanson a été enregistrée par
tellement d’interprètes et sous tant de versions qu’il est
impossible d’en privilégier une. En voici une,
à titre indicatif, tirée de "American Favorite ballads" sung by Pete Seeger, Oak publications..
Froggie went a courtin'
and he did ride, uh-huh
Froggie went a courtin'
and he did ride, uh-huh
Froggie went a courtin'
and he did ride
With a sword and a
pistol by his side, uh-huh
He rode right up to
Miss Mousie's door...
Where he had often been before,
He took Miss Mousie on
his knee,
Said Miss Mousie,
will you marry me,
I have to ask to my Uncle
Rat
See what he will say to that
Without my Uncle
Rat's consent
I wouldn't marry the
President,
Uncle Rat laughed,
and he shook his fat sides
To think his niece
would be a bride,
Well, Uncle Rat went
off to town,
To buy his niece a
wedding gown,
Where shall the
wedding supper be
Way down yonder in
the hollow tree,
What shall the
wedding supper be,
Fried mosquito and a
roasted flea,
First to come were two little ants
Fixing around to have a dance
Next to come in was
a bumbly bee,
Bouncing a fiddle on his
knee,
Next to come in was
a broken back flea
Danced a jig with
the bumbly bee,
Next to come in was
Mrs. Cow,
She tried to dance
but she didn't know how
Next to come in was
a little black tick
She ate so much it
made her sick,
Next to come in was
the big black snake,
Ate up all of the
wedding cake,
Next to come in was
the old gray cat,
Swallowed the frog and the mouse
and the rat,
Si vous allez jeter un coup d’oeil
sur le site http://home.earthlink.net/~highying/froggy/froggy.html
vous y découvrirez une anecdote
intéressante. La chanson aurait servi d’illustration aux amours
impossibles de François Hercule d’Alençon, duc d’Anjou, de
Touraine, de Brabant et Château-Thierry, dernier fils de Henri II et
de Catherine de Médicis, qui aurait bien voulu épouser la reine
Élisabeth Ire d'Angleterre. Celle-ci, qui aimait donner des surnoms
d’animaux à son entourage, l’appelait gentiment son « frog ».
Son décès prématuré laissa la porte ouverte à un autre
prétendant à la couronne de France, un certain Henri de Navarre,
lui-même fort connu dans les chansons.
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