Après deux semaines passées à vanter
les attraits touristiques de notre beau département et le
remarquable équipement de ses stations balnéaires, vous devez
trouver que ça manque d'action dans ce blog. C'est pourquoi nous
allons revenir aux faits divers sanglants qui, avec les histoires de
sexe et d'argent, sont toujours les meilleurs moyens d'éveiller
l'intérêt des lecteurs. Ne protestez pas ; on vous connaît !
Voici donc une histoire d'amour qui
finit mal. C'est le lot de bien des chansons traditionnelles, mais
cette fois la séparation est brutale. L'amant est mis à mort par
ses rivaux, jaloux de son succès. Pour ajouter encore à ce triste
mélo, on apprend que la belle était déjà orpheline de son père
et qu'elle ne survivra pas à son ami. Sortez les mouchoirs.
lire la suite et écouter la chanson
Abel Soreau a noté cette chanson près
de Chateaubriant, à Noyal sur Brutz. Cette histoire sordide
rappelle le déroulement de la ballade écossaise « the dowie
dens of Yarrow » (1) dans laquelle neuf prétendants se liguent
contre un dixième, favori de la belle, qui meurt après une
résistance héroïque. Le couplet final de cette balade arrive à la
même conclusion « he died
for me this day, And I'll die for him tomorrow » (2). Dans la
chanson de Yarrow l'amoureux tué est un « ploughboy »,
un laboureur jalousé par des « gentlemen ». On retrouve
dans la chanson collectée par Soreau ce même antagonisme entre
l'amoureux qui vit à la campagne et les garçons de la ville.
Dans
la tradition francophone le thème est assez peu répandu. Une
version nivernaise a été publiée par Millien. Ce qui nous ramène
encore à la « Loire connection » ; il ne faudrait
pas que ça devienne une obsession !
Notes
1
– Child 214 / Roud 13 – balade collectée essentiellement en
écosse et réinterprétée par des chanteurs tels que Ewan McColl,
Dick Gaughan, Bob Davenport...
2
– il est mort pour moi hier et je mourrai pour lui demain.
collectage : Abel Soreau
source : F. Ledevin, Noyal-sur-Brutz, 15 janvier 1895
interprète : Bruno Nourry
Catalogue Coirault. : L’amant tué par ses rivaux (Crimes passionnels – N° 09814)
Catalogue Laforte : L’amant tué (II, A-43)
PIERRE, MON AMI PIERRE
Pierre, mon ami Pierre, n’y venez
plus le soir
Pierre, mon ami Pierre, n’y venez
plus m’y voir
Les garçons de la ville se sont vantés
Qu’ils vous mettront z’à mort,
chose assurée
Perrette prend sa quenouille et son
fusiau joli
S’en va r’conduire son Pierre bien
loin de son logis
Bonsoir, mon ami Pierre, Pierre,
bonsoir
Bonsoir, mon cher ami, jusqu’au
revoir
Quand il fut sur les landes, trois
garçons rencontrit
Trois garçons de la ville bien forts
et bien bâtis
Tant ils lui en donnèrent du vert
bâton
Qu’ils le laissèrent pour mort dans
le vallon
A la triste nouvelle d’la mort du
pauvre gars
Pleurant toutes ses larmes, Perrette
disait : hélas !
Ceux qui me le tuèrent m’ont fait
grand tort
Je l’aimerai toujours, bien qu’il
soit mort
La mort de mon père ne m’a point
tant touchée
Que celle de mon Pierre, je crois que
j’en mourrai
Elle disait sans cesse, bien tristement
Je voudrais être morte, n’y a dix
ans.
et le
bonus de la semaine :
The
Dowie Dens of Yarrow
There
was a lady in the north
You
scarce would find her marrow
She
was courted by nine gentlemen
And
a plooboy lad fae Yarrow
Well,
nine sat drinking at the wine
As
oft they'd done afore O
And
they made a vow amang themselves
Tae
fight for her on Yarrow
And
so he's come ower yon high, high hill
And
doon by the den sae narrow
And
there he spied nine armed men
Come
tae fight wi' him on Yarrow
He
says, "There's nine o' you and but one o' me
It's
an unequal marrow"
But
I'll fight ye a' noo one by one
On
the Dowie Dens o' Yarrow
So
it's three he slew and three withdrew
An'
three he wounded sairly
'Til
her brother, he came in beyond
And
he wounded him maist foully
"Gae
hame, gae hame, ye fause young man
And
bring yer sister sorrow
For
her ain true love lies pale and wan
On
the Dowie Dens o' Yarrow”
"Oh
mither, I hae dreamed a dream
A
dream o' doul and sorrow
I
dreamed I was pu'ing the heathery bells
On
the Dowie Dens o' Yarrow"
"Oh
daughter dear, I ken yer dream
And
I doobt it will bring sorrow
For
yer ain true love lies pale and wan
On
the Dowie Dens o' Yarrow"
An'
so she's run ower yon high, high hill
An'
doon by the den sae narrow
And
it's there she spied her dear lover John
Lyin'
pale and deid on Yarrow
And
so she's washed his face an' she's kaimed his hair
As
aft she'd done afore O
And
she's wrapped it 'roond her middle sae sma'
And
she's carried him hame tae Yarrow
"Oh
haud yer tongue, my daughter dear
What
need for a' this sorrow?
I'll
wed ye tae a far better man
Than
the one who's slain on Yarrow"
"Oh
faither, ye hae seven sons
And
ye may wed them a' the morrow
But
the fairest floo'er amang them a'
Was
the plooboy lad fae Yarrow”
"Oh
mother, mother mak my bed
And
mak it saft and narrow
For
my love died for me this day
And
I'll die for him tomorrow"
merci encore pour cette belle chanson
RépondreSupprimerMarie Annick
Ca me rappelle l'histoire chantée par Marino Le Mapihan sur le CD "Plaignons les coureurs de nuit" :
RépondreSupprimerhttp://www.musiques-bretagne.com/test_son/son_test.php?ID=14