Poursuivant
l'exploration du filon de chansons du pays de Guérande recueillies
par Gustave Clétiez, en voici une qui nous paraît tout à fait
originale. Cette chanson énigmatique, recueillie en 1860, ne
correspond à aucune chanson identifiée aux catalogues malgré un
thème et une forme parfaitement conformes aux modèles
traditionnels. Sa mélodie rappelle l'incipit de certaines versions
de « j'ai un coquin de frère » (1) . Ses vers sont de
même longueur (six pieds), mais l'articulation féminines-masculines
(F6F6 M6M6) ne suit pas le même système. Pour le contenu, elle
pourrait être classée sous différentes rubriques du catalogue
Coirault : soit 52 « les noces », soit 54 « soucis
et inconvénients », soit 55 « maumariées », mais
aucune des chansons qui s'y trouvent ne correspond à celle ci.
écouter la chanson et lire la suite
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A
noter que le motif du bouquet de soucis se retrouve souvent dans la
chanson « que les amants sont insouciants de se mettre en
ménage » (2). Les exemples de ce type opposent souvent les
premiers temps du mariage, avec le au lit couvert de roses, et le
quotidien des soucis. Dans le langage des fleurs, le souci, seul,
exprime l'ennui ; associé aux roses il est le symbole des
douces peines de l'amour. En bouquet il peut contenir des reproches
de jalousie.
Le
souci a une caractéristique remarquable: il fleurit toute
l'année. Déjà les romains l'appelaient fleur des calendes, c'est à
dire de tous les mois. Une façon pour la chanson d'opposer la
période faste des amours aux soucis quotidiens du ménage. Une façon
de traduire poétiquement ce qu'expriment plus crûment d'autres
textes sur l'embarras du ménage.
Les
fleurs de soucis suivent le soleil et ne sont pas ouvertes toute la
journée. Ce qui traduit la douleur, la mélancolie, le
chagrin...mais aussi une forme de fidélité.
Notes
1 –
j'ai un coquin de frère : Coirault 4619 / le berger charmant :
Laforte 2.F–38
2 -
que les amants sont insouciants de se mettre en ménage :
Coirault 5420 / Adieu de la mariée à ses parents : Laforte
II-P-01
Le
coucher de la mariée
Publiée
dans le Folklore du mariage, p. 189, tome 2 du trésor des chants
populaires folkloriques du pays de Guérande
interprètes :
Nolwen Le Dissez (chant) Hugo Arribart (guitare)
Madame
la mariée
Madame la mariée (bis)
Quand vous aurez soupé,
Ils vont mèn’ront
coucher
Dans un’ chambre
carrée,
Vous et votre mari,
Vous passerez la nuit.
La bell’ rentr’ dans
sa chambre
S’assit au pied du lit,
Attendant son mari.
Et son mari qui entre,
Il cherche au pied du lit
Un bouquet de soucis
“Des soucis, lui
dit-elle,
Des soucis, j’en ai
guère.
Des soucis, j’en ai
plus.
Je les ai tous perdus.
Fermez port’s et
fenêtres,
Les rideaux de mon lit.
Mes beaux jours sont
finis.
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