Pour ce Noël nous vous faisons cadeau
d'une belle chanson publiée sur le double CD « Anthologie du
patrimoine oral de Loire-Atlantique » (1). Elle est
réinterprétée ici dans sa version extraite du concert Pour
entendre chanter qui accompagnait à la fois la sortie de cette
anthologie et les vingt ans de Dastum 44.
La souffrance des garçons congédiés
par leurs maîtresses constitue un lieu commun des chansons
amoureuses. Dans cette très belle mélodie, au demeurant rarement
collectée, l’amant éconduit chasse son chagrin et trouve une
consolation dans la boisson, thème récurrent de la chanson, y
compris dans la création contemporaine (Jeff de Jacques Brel, Manu
de Renaud, etc). La chanson est relativement atypique dans sa
construction, notamment par la présence d’un premier couplet en
forme d’appel.
écouter la chanson et lire la suite
Si cette chanson est assez rare, nous
en avons quand même trouvé des traces dans deux régions proches.
Jérôme Bujeaud, dans ses chansons du Poitou en cite deux couplets
qui correspondent au premier et au quatrième de notre version. Plus
récemment, un texte assez semblable a été noté à deux reprises
en Mayenne, à Evron et à Meslay du Maine (2). Dans les deux cas la
mélodie n'est pas très éloignée.
Geneviève Massigon a également publié
plusieurs chansons acadiennes dans lesquelles se retrouvent des
bribes de celle ci (3). Le plus intéressant c'est que l'une des
versions s'adresse à la « belle Ori », les autres à
Clorisse, ou Chloris (4). Mais la dispute entre amoureux n'utilise
pas les mêmes arguments, bien qu'un couplet annonce « buvons
donc de ce bon vin, à ta santé chère Catin ».
Dans notre texte, la mésaventure
amoureuse prend également la forme d’une chanson à boire, si ce
n’est d’un chant de table. Dans sa version mayennaise c'est
carrément en chanson de conscrits que s'est transformée cette
romance. Au texte semblable au notre, un dernier couplet est ajouté
dans le style des chansons de soldats :
Qui a composé la chanson
C'est trois garçons du bataillon
Allant à la promenade
Leurs maîtresses à leur coté
En caressant Rosalie
Celle que mon cœur il aimait...
En cette période de l'année, il n'est
pas besoin de chagrins d'amours pour se donner des raisons de boire.
N'abusez pas trop ; les lendemains de réveillons sont parfois
difficiles.
A bientôt
notes
1 – édité par Dastum 44 (cf page
« nos éditions ») C'est trop tard pour vos cadeaux de
Noël, mais pensez y pour l'année prochaine ; il ne reste plus
que 364 jours !
2 – Chansons traditionnelles
recueillies dans la Mayenne, par François Redhon (p. 161 et 249)
3 – Trésors de la chanson populaire
française, autour de 50 chansons recueilles en Acadie - Geneviève
Massignon – publié par la BNF.
4 - Chloris, ou Cloris, est une nymphe
de la mythologie grecque. Le prénom n’apparaît que rarement si ce
n'est dans des poèmes très anciens.
version originale enregistrée à
Ligné, le 31 janvier 1967, par Jean Renaud – chantée par Joseph
Rousseau - publiée dans l'Anthologie du patrimoine oral de
Loire-Atlantique – Dastum 44 (CD n° 2)
interprètes : Nolwen le
Dissez (chant) Hervé Dréan (guitare) – extrait du spectacle
« Pour entendre chanter »
catalogue Coirault : 3604 –
oh que j'ai donc du malheur
Oh, Bellerie
Verse-moi du vin, j'ai du chagrin
Oh, je m'y meure, ma mie, reviens !
Quand j'y pense à ma maîtresse
Je n’puis m'en réconsoler
J'avais tant d'amour pour elle
Mais l'ingrate, elle m'a changé
Oh, Bellerie
Un jour, par ton bel esprit
Par tes paroles engageantes
Et par ta rare beauté
Je ne saurais me défendre
Belle amie, que d’vous aimez
Aimez-moi ou n'm'aimez pas
Pour moi, je n'm'en soucie guère
Aimez-moi ou n'm'aimez pas
Pour moi, je n'm'en soucie pas
Je suis encore bien jeunette
Je n'ai pas encore quinze ans
J'ai 'core bien le temps d'attendre
D'y faire choix d'un autre amant
Avons-nous tous le verre en main
L'amour n'y sera plus rien
Prends ton verre et moi la pompe
Que je te tire du bon vin
Oh, adieu, ma jolie blonde
J'y pars demain au matin
Auparavant de vous quitter
Permettez-moi que j'vous embrasse
Auparavant de vous quitter
Permettez-moi d'vous embrasser
N’y soyez donc point si fière
Il y aura du changement
N’y sois donc point si sévère
L'amour n'a jamais d’printemps.
quelle belle chanson
RépondreSupprimermeci
Marie Annick