Quel
est le point commun entre la dramatique complainte publiée la
semaine passée et notre ritournelle de la semaine ? Elles ont
toutes deux été collectées et publiées par Abel Soreau, à la fin
du 19ème. A part ça rien de commun entre elles. On mesure toute
l'étendue des répertoires traditionnels en passant de l'une à
l'autre. Une vraie douche écossaise ; ce qui nous changera un
peu des douches bretonnes qui ont fait dangereusement monter le cours
de nos rivières ces derniers temps.
Meunier
tu dors est une des comptines enfantines les plus connues. Même dans
les milieux les plus imperméables à la tradition, rares sont les
bambins qui n'y ont pas eu droit. Mais encore une fois limiter cette
chanson à cette seule version est quelque peu réducteur.
Pour
le seul territoire de la Loire-Atlantique, nos références
habituelles en signalent plusieurs autres. Celle de Soreau a été
entendue à Saint Nazaire. Fernand Guériff en propose un rond du
pays paludier avec un refrain de circonstance : « au bal,
la meunière, au bal ». Armand Guéraud en donne deux variantes
de Bouguenais et de Pontchateau, la première avec l'habituel «
meunier tu dors, ton moulin va trop fort » mais sur des airs
complètement différents.
Cette
chanson doit-elle vraiment être classée dans les enfantines ?
La version que vous entendez
lire la suite et écouter la chanson
que vous écoutez cette semaine pourrait encore le laisser supposer. Ses paroles sont assez anodines pour être fredonnées aux tot petits. Mais la plupart des autres versions comportent des couplets destinés aux adultes. Pendant que le meunier prolonge sa sieste, il ne voit pas « le curé qui embrasse sa femme » ou le moine qui l'emporte. Dans le Berry (1) comme en Haute Bretagne et ailleurs le meunier a peur d'aller trouver le galant et de se faire battre.
lire la suite et écouter la chanson
que vous écoutez cette semaine pourrait encore le laisser supposer. Ses paroles sont assez anodines pour être fredonnées aux tot petits. Mais la plupart des autres versions comportent des couplets destinés aux adultes. Pendant que le meunier prolonge sa sieste, il ne voit pas « le curé qui embrasse sa femme » ou le moine qui l'emporte. Dans le Berry (1) comme en Haute Bretagne et ailleurs le meunier a peur d'aller trouver le galant et de se faire battre.
C'est
là le sort de bien des comptines et autres chansons pour les
enfants. Quand elles ne sont pas pleines de double sens, elle se
dédoublent de versions compréhensibles des seuls adultes. En
attendant qu'ils soient en âge d'en saisir toutes les subtilités,
continuez à les chanter à vos enfants, ils vous en seront
reconnaissants.
notes
1
- Barbillat et Touraine – chansons populaires dans le Bas Berry –
tome 1 page 45
Meunier,
tu dors
Meunier,
meunier, tu dors, tu n’vois pas ton dommage (bis)
Réveillons
là, réveillons là, réveillons là
Réveillons
là ce meunier là
Tu
ne vois pas ton chat qui t’a pris une saucisse (bis)
Réveillons
là, réveillons là, réveillons là…
Mais
si je vois mon chat mais j’ai peur qu’il me griffe…
Tu
ne vois pas ton chien qui t’emporte une cot’lette…
Mais
si je vois mon chien mais j’ai peur qu’il me morde…
Tu
ne vois pas le loup qui va manger ton âne…
Mais
si je vois le loup, mais j’ai peur qu’il me mange…
Tu
n’vois pas ton voisin qui te vole tes poules…
Mais
si j’vois mon voisin mais j’ai peur qu’il me batte…
Tu
ne vois pas le feu qu’est dans ta maisonnette…
Mais
si je vois le feu mais j’ai peur qu’il me brûle…
Tu
ne vois pas le vent qui déchire tes toiles…
Mais
si je vois le vent mais j’ai peur qu’il m’emporte.
source :
Mme Boué, à Saint-Nazaire, le
20 septembre 1895 – collecte d'Abel Soreau
interprètes : Jean-Louis Auneau, Bruno Nourry et Daniel Lehuédé
catalogues
– Coirault : 7812 – Laforte : 5F137
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