C'est
encore à Gustave Clétiez (1) via le recueil de Fernand Guériff (2)
que nous devons cette chanson. Cette version guérandaise a des
cousines un peu partout en France. Elle contient deux avertissements
chantés. Le premier pour dire que les anges d'avant le mariage
peuvent se transformer en diables déchaînés. Le second pour
rappeler que le mariage est un engagement à vie. On est si bien lié
qu'on ne saurait se délier.
Avant
de s'attarder sur la morale de cette histoire, Guériff nous précise
que la mélodie utilisée est assez courante dans tout l'ouest. Pas
seulement pour cette chanson type, mais également avec d'autres
paroles.
écouter la chanson et lire la suite
La
cérémonie du mariage, bien avant d'être une formalité
administrative ou un sacrement religieux, est avant tout un acte
public. Elle est destinée à porter à la connaissance de tous la
concrétisation d'une union, à en faire la « publicité »,
au sens de « rendre public ». Les paroles de la chanson
sous toutes ses versions sont très explicites à ce sujet : Si
la mariée regrette son jeune temps et souhaiterais n'être pas
mariée, on lui rappelle qu'il n'est pas question de revenir en
arrière « quand le grand oui est prononcé ». « Cela
ne peut pas être quand le curé y a passé...aussi le maire, les
parents qui ont signé » (version du Berry) « devant
Dieu devant les hommes, devant toute la société » (marais
vendéen). D'où le refrain insistant sur le thème du lien que seul
la mort déliera. Un seul texte pourtant identique, noté dans
l'Indre (3), échappe à ce refrain pour le remplacer par « faut-il
que pour un mari tout plaisir soit aboli ».
Reste
aux mariés à « s'arranger ou s'tricoter (se disputer) selon
la formule qui conclut la version notée par L. Radioyes à saint
Martin sur Oust.
Si
les maris sont des diables déchaînés, ils sont parfois définis
comme des « lions déchainés »(4). La chanson étant de
toute évidence bien antérieure à l'invention du documentaire
animalier, la réputation du lion est donc assurée depuis fort
longtemps. Le roi des animaux n'est, il est vrai, pas un modèle de
bon père de famille laissant tout le travail de la chasse aux
lionnes et ne se manifestant que pour réclamer la part du lion et
...s'accoupler, domaine où il excelle, parait-il.
notes
1
– voir la chanson de la semaine précédente
2
– Fernand Guériff (tome 2 – le folklore du mariage) –
n'attendez pas qu'on ait tout enregistré pour vous procurer cet
ouvrage indispensable ; rendez vous à la rubrique « nos
éditions »
3
- Barbillat et Touraine – chansons populaires dans le bas Berry -
T. 5, page 167, collectée à Argenton sur Creuse
4
- versions collectées dans l'est (Lorraine, Ardennes) en
particulier, mais aussi dans le Morbihan.
Chanson
pour danser le bal rond – publiée dans le Folklore du mariage p.
178 – Tome 2 de l'oeuvre de Fernand Guériff, publié par Dastum 44
et le parc régional de Brière
Collection
Gustave Clétiez, Guérande vers 1860
interprètes :
Françoise Bourse et Annick Mousset
catalogues :
Coirault n° 4907 – les maris sont des diables déchainés -
Laforte 1 K 16
On
est lié
“Entre
nous mes jeunes filles - qui voulez vous marier -
Prenez
garde à ce passage - On y est souvent trompé.
On
est li-é, si bien li-é
Qu’on
ne saurait se déli-er.
Car
ces messieurs sont fort sages - quand ils sont à marier,
Mais
quand ils sont en ménage - sont des diables déchaînés -
On
voit les dames aux fenêtres - regrettant le temps passé -
Disant
: j’voudrais encor être - encor fille à marier -
N’est
plus temps, la chose est faite - le grand oui est prononcé”.
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