On
aura beau parler de l'intemporalité des chansons traditionnelles,
dans le contexte actuel chanter au refrain " il vente, ce sont
les flots de la mer qui nous tourmentent" relève plus de l'alerte
orange à Météo-France que de la poésie populaire. Ce n'est
pourtant pas de la tempête Xynthia dont il est question dans cette
chanson.
Si
ces trois navires chargés de blé ont abordé dans tous les ports de
la côte atlantique et de la Méditerranée, c'est la cependant la
ville de Nantes qui en connaît le plus grand nombre de versions. On
peut le dire sans chauvinisme aucun (1). Même si la version « A
Saint Malo (2), beau port de mer » est sans doute la plus
connue, la plus chantée au Québec. Même si, comme l'affirment
Doncieux(3) ou Tiersot, la chanson serait originaire de Bordeaux au
18ème siècle.
L'histoire
en elle même est quasi invariable. Quel que soit le port d'abordage,
de Dunkerque à Marseille en passant par Fécamp, le Havre ou la
Rochelle la belle se laisse embarquer en protestant (pour la forme?).
Plutôt que de chercher la signification ou la morale de cette
histoire, intéressons nous aux nombreux refrains qui l'accompagnent.
La liste n'est pas exhaustive :
écouter la chanson et lire la suite
La liste n'est pas exhaustive, mais déjà bien complète
- Brassons bien partout carré nous sommes plein vent arrière
- nous irons sur l'eau, sur le bord de l'eau, nous irons jouer dans l'ile
- Du thé du café, du ci du ça du ratafia, du chocolat dans un panier
- Quand reverdira le pré, le bois boutonne, le pré de ma mignonne
- Vive Roche Maurice, Trentemoult et Chantenay ne sont-ils pas tous riches
- Ma bretonne j'aimerai, j'aime ma bretonne mignonne
- Laissons les conscrits passer, car voici les gendarmes
- A six cent francs les filles six cent garçons pour un denier quelle triste marchandise
- Vive la république, vive le feu de royauté aussi Louis Philippe
- Vive la république, je l'ai vu planter l'arbre de la liberté
- Oh gai bon bon la fleur de genêt s'envole
- Saute blonde ma jolie blonde, saute blonde lève le pied
- Le tambour bat adieu ma mignonne, le tambour bat adieu je m'en vas
- Sur le jonc ma dondon sur le jonc dondaine
- J'ai perdu mon joli mon petit mon, j'ai perdu mon joli martinet
- Oh que c'est malheureux quand on aime
trois refrains notés sur l'ile de Noirmoutier :
- Mardi gras qu'est dans le foyer, qui nous regarde
- Vive les filles de Noirmoutier, vive les noirmoutrines
- Tu ne manieras pas mes souliers, tu ne manieras pas mes jarretières
sans oublier les classiques
- la don don faliradondon, bon bon faliradondaine
- la tira lon la lon latira lon la latira lon laine
- La rigonda la zigue zigue la rigonda la zigue zigue za
deux
autres ports de Loire-Atlantique ont aussi hérité de leurs versions:
A
Saint Nazaire...vivent les marins mon beau marinier. Ou encore :
Par dessous la lavande, où est-elle donc la mariée, son mari la
demande.
Devant
Pornic (4)...coupons du bois pour nous chauffer, chauffons le four,
dormez la belle il n'est point jour.
Chant
de travail, à la marche, à danser...quelle ville, quel port peuvent
se vanter d'avoir autant d'interprétations différentes pour une
seule chanson ?
Pour
clore cette liste sur une note économique, le port de Nantes reçoit
toujours des bateaux chargés de blé. Le silo à grains est situé
sur les quais de Roche Maurice, comme dans la chanson. Le trafic est
inversé : 800 000 tonnes de céréales par an partent vers le
Portugal, l'Espagne, l’Afrique du nord et de l’ouest.
Notes
1
– quoique !
2
– une autre cité où le chauvinisme n'est pas un vain mot. Amis
malouins, bienvenue au club.
3
– Romancero populaire de la France - G. Doncieux
4
– jusque dans les années soixante, une minoterie située dans le
port de Pornic, coté Gourmalon, recevait régulièrement la visite
de caboteurs chargés de blé ; jusqu'au jour ou, pris par la
vase et le faible tirant d'eau, l'un deux du patienter jusqu'à la
grande marée suivante pour pouvoir repartir.
A
Nantes, à Nantes, sont arrivés [vient d’arriver] (bis)
Trois
beaux navires chargés de blé, s’il vente
Ce
sont les flots de la mer qui nous tourmentent
Trois
dames viennent acheter (bis)
Beau
marinier combien ton blé, s’il vente
Ce
sont les flots de la mer qui nous tourmentent
Je
le vends vingt francs le septier (bis)
La
plus jeune a le pied léger, s’il vente
Ce
sont les flots de la mer qui nous tourmentent
Dedans
la barque elle a sauté (bis)
La
barque alors s’en est allée, s’il vente
Ce
sont les flots de la mer qui nous tourmentent
Arrête,
arrête, beau marinier (bis)
Car
j’entends mes enfants pleurer, s’il vente
Ce
sont les flots de la mer qui nous tourmentent
Taisez-vous,
la belle, vous mentez (bis)
Car
vous n’êtes pas mariée, s’il vente
Ce
sont les flots de la mer qui nous tourmentent
Car
vous n’êtes pas mariée (bis)
C’est
moi que vous épouserez, s’il vente
Ce
sont les flots de la mer qui nous tourmentent.
source :
« cahier de chansons de ma mère et mon père » F. Gueriff
- vol. 3 - page 72
interprète
: Jean-Louis Auneau + réponses
catalogue P.
Coirault : Les trois navires chargés de blé (N° 1315)
catalogue
C. Laforte : Le bateau chargé de blé (1-F-21)
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