Z'étaient
chouettes les filles du bord de mer ! Pas au point de vous
infliger le répertoire de Salvatore Adamo ; mais assez pour en
faire une chanson.
Pas
question non plus d'essayer de vous faire croire que ces couplets ont
été composés pour les croisicaises. Toutes les autres versions de
cette chanson collectées en Loire-Atlantique ou dans les régions
limitrophes font référence aux filles de Lorient ; ou se
contentent tout simplement de situer l'action au bord de l'eau.
Fernand
Gueriff, à qui nous empruntons cette version, signale aussi qu'une
adaptation locale a été faite avec les filles de Piriac (1). Enfin,
pour être complet ajoutons que les versions québécoises ont
transposé la scène sur les bords du Saint Laurent.
Ecouter la chanson et lire la suite
Des
variantes locales des filles du Croisic il n'y a pas grand chose à
ajouter par rapport à ces filles de Lorient qui semblent bien être
à l'origine de l'histoire. Tout au plus la promenade a lieu tantôt
sur la digue, tantôt le long de la corderie ou
simplement sur la rive. L'endroit exact est sujet à débat ;
on trouve aussi la Calaurie (Pornic) la cale au riz
(Nantes) la Cailloni (Piriac) la callerie (Morbihan) à
la pêche aux coquilles (Vendée)...
Le
choix est plus restreint pour l'entrée au couvent de la belle,
lassée d'attendre. Deux fois sur trois ce sont les Ursulines qui
sont choisies. Les Capucines n'arrivent qu'en seconde position.
Finalement
le seul point commun entre toutes ces versions est la destination du
marin, resté aux iles de Saint Nicolas (2). L'existence d'une ile
Saint Nicolas dans l'archipel des Glénans ne justifiant pas une
absence de cinq ou sept ans, on peut supposer que l'amoureux avait
trouvé son bonheur dans ces iles lointaines ou nombre de marins
bretons ont fait souche, comme aux Antilles françaises par exemple.
Toutefois, une absence de sept années correspond plus à un
engagement militaire qu'à une navigation au long cours. Cependant
les absences d'une année entière au temps de la marine à voile
n'étaient pas si extraordinaires. Enfin le chiffre sept n'a
peut-être qu'une valeur symbolique pour signifier une longue
absence.
Nous
arrêtons là cette étude « en douceur et en profondeur ».
Nous consacrerons d'autres chapitres aux filles qui « étaient
chouettes pour qui savait y faire ».
A
bientôt
Notes
1 –
cité par A. Guéraud, chansons populaires du comté nantais et du
bas Poitou, tome 1 p 151
2 –
cette version des filles du Croisic étant l'exception !
LES FILLES DU CROISIC
Ce
sont les filles du Croisic (bis)
Qui
sont belles et gentilles, faridondaine
Qui
sont belles et gentilles, faridondé
S’en
vont le soir s’y promener (bis)
Tout
le long de la rive, faridondaine
Tout
le long de la rive, faridondé
Ont
aperçu venir sur l’eau (bis)
Un
tant joli navire, faridondaine
Un
tant joli navire, faridondé
Arrive,
arrive, beau bâtiment (bis)
Je
te souhaite bonne arrive, faridondaine
Je
te souhaite bonne arrive, faridondé
Et
si mon amant est dedans (bis)
Encore
meilleure arrive, faridondaine
Encore
meilleure arrive, faridondé
Oh
non, la belle, il n’y est pas (bis)
Il
est resté aux îles, faridondaine
Il
est resté aux îles, faridondé
J’ai
une lettre à vous donner (bis)
Qu’là-bas,
il m’a remise, faridondaine
Qu’là-bas,
il m’a remise, faridondé
Dans
sept ans sera de retour (bis)
Si
l’vent le favorise, faridondaine
Si
l’vent le favorise, faridondé
Pendant
sept ans, je l’attendrai (bis)
Jusqu’à
ce qu’il arrive, faridondaine
Jusqu’à
ce qu’il arrive, faridondé
Si
dans sept ans ne revient pas (bis)
Me
ferai ursuline, faridondaine
Me
ferai ursuline, faridondé
source :
Julienne Le Huédé, Le Croisic (44), 1894
collectage :
Abel Soreau, publié par Fernand Guériff « Chansons de
Brière… » - P. 366
interprètes :
Janick Péniguel et Françoise
Bourse
répertoire
Coirault. : Le navire qui apporte des nouvelles de l’ami
(01710)
Catalogue
Laforte. : L’arrivée des navires (I, N-02)
M'étonnerait qu'elle attente sept ans :)
RépondreSupprimerQuant à se faire ursuline...