vendredi 31 octobre 2014

78 - En la rivière de Nantes

Le retour de Soreau... ! Après des semaines consacrées au répertoire publié par Fernand Guériff, c'est à un autre de nos grands amateurs de chansons traditionnelles du pays nantais que nous empruntons la chanson de la semaine.
Ce qui saute aux yeux, ou plutôt aux oreilles, c'est sa parenté évidente avec le thème du navire merveilleux ; Mais sans les filles. L'équipage féminin qui batifole habituellement entre les cordages en fils d'argent et la grand vergue en ivoire semble avoir déserté le navire.
Tout comme les filles de la Rochelle il s'en va dans les mers du Levant, ce qui est dans la logique des activités du port de Nantes. On en profite au passage pour citer quelques points remarquables de la basse Loire...et cap au large
écouter et lire la suite


La structure de cette chanson laisse supposer une utilisation pour la danse. Son découpage fait penser à une ronde du type passepied. Des danses de ce type sont toujours connues coté nord de l'estuaire de la Loire, en pays guérandais, sous l’appellation de bal paludier. En revanche, coté sud, en pays de Retz, rien ne permet d'affirmer aujourd'hui que des danses de ce modèle étaient pratiquées au moment ou Soreau à fait ses collectes. Rien n'empêche non plus d'imaginer que ce fonds commun de danse n'était pas connu antérieurement et qu'à la fin du 19ème siècle, la pratique de la danse ayant disparu, seules subsistaient les chansons.
L'étude très complète de Marc Clérivet sur la danse en Haute Bretagne (1) ne fait pas mention de passepieds au sud de la Loire. Mais elle ne porte que sur la période dite de « fin de tradition ». Quand on s'intéresse au répertoire collecté en pays de Retz, certaines chansons semblent bien correspondre à des danses dont la pratique aurait disparu avant que les collecteurs ne s'intéressent au répertoire. Il serait en effet surprenant que les danses en rond aient été limitées à des territoires bien délimités. Tout au plus ont-elles disparu plus tôt dans certaines contrées que dans d'autres.
Tout ceci n'est bien sur fondé que sur des hypothèses et non sur des certitudes puisque le matériau qui aurait pu servir à l'étude n'existe plus et n'existait sans doute déjà plus à l'époque ou Abel Soreau parcourait le département de Loire-Inférieure (2) à la recherche de chansons.
Vous ne pensiez tout de même pas qu'on avait réponse à tout dans ce blog ?
L'extrait musical provient de l'enregistrement d'un ciné concert organisé à Nantes, en février 2013. Nous avons quand même reproduit l'intégralité des couplets.


Notes
1 – Danse traditionnelle en Haute-Bretagne, de Marc Clérivet – édité par Dastum et les Presses Universitaires de Rennes (2013)
2 – que seul les plus anciens d'entre vous ont connu puisque le département a balayé son infériorité pour devenir Loire-Atlantique en 1957

source : Mme Bouyer, Saint-Père-en-Retz (44), 3 mars 1894
collectage : Abel Soreau
Interprète : Bruno Nourry
catalogue P. Coirault: à rapprocher de : 7101 le navire merveilleux

En la rivière de Nantes

En la rivière de Nantes
Y a t’un beau bâtiment (bis)
La coque est en bon chêne
La voile en bon fil blanc
Gai, gai farira dondaine
Gai, gai farira dondé

La grand’ vergue en ivoire
Les poulies en diamant (bis)
La grand’ voile en dentelle
Les focs en satin blanc
Gai, gai farira dondaine…

Les cordag’s du navire
En fils d’or et d’argent (bis)
La cale est toute pleine
De cidre et de vin blanc
Gai, gai farira dondaine…]

Amarré sur la Fosse
Il a son chargement (bis)
V’là l’capitaine qui crie :
Au guindeau, les enfants !
Gai, gai farira dondaine…

Le navire sur son ancre
D’rive avec le jusant (bis)
Il salut Sainte-Anne
Et Basse-Indre en passant
Gai, gai farira dondaine…

[En vue de Saint-Nazaire
On vire au cabestan (bis)
Puis on met l’ cap au large
Et largue les rabans
Gai, gai farira dondaine…

Parti pour faire la course
Dans les mers du Levant (bis)
C’est sur la mer des Indes
Qu’il navigue à présent
Gai, gai farira dondaine…

A la mi-juin prochaine
On r’ verra l’ bâtiment (bis)
Sa grand’ voile en dentelle
Ses focs en satin blanc.

Gai, gai farira dondaine…]

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire