Un
thème d'actualité dans les années 90 (1890) qu'on croirait sorti
d'une pièce de Labiche ou de Feydeau. Que voulez vous ma bonne dame,
il n'y a plus moyen de trouver du petit personnel, aujourd'hui. Mais
un thème qui vient de beaucoup plus loin dans le temps. Et qui fait
encore les conversations de café du commerce aujourd'hui. En langage
socio-énarquo-administratif début du 21ème ça se traduit en
difficulté d'adéquation de la ressource aux exigences techniques
dans le cadre d’un programme d’amélioration de la performance.
Non mais des fois ! Non Medef... ouah.
Les
chansons qui se plaignent de la nonchalance des employés, de leur
tendance à l'ivrognerie ou de leur façon de profiter des patrons,
sont quasiment toutes sur le ton de la dérision. C'est la servante
surprise en état d'ivresse après avoir bu 15 verres « monsieur
c'est votre bon vin qui m'a rendu contente » ou celle qui se
farde pour ressembler à sa maîtresse. C'est le grand valet qui
lutine la patronne, profite du bon vin et du bon lit. C'est celui
qu'on veut mettre à la porte et qu'on finit par supplier de rester
« si notre valet nous quitte nous perdrons tout ». C'est
ici la chambrière qui fait tout de travers.
A
l'inverse, les chansons d'employés se plaignant du patron sont
rarement sur le ton de la plaisanterie et carrément
revendicatrices : chansons de compagnons mal accueillis, de
valets de ferme qui attendent avec impatience d'aller se gager
ailleurs, de marins qui jurent qu'ils ne repartiront pas, etc .
lire la suite et écouter la chanson
Cette
chanson était sans doute connue dans tout l'ouest. La version de
Soreau vient d'Assérac, à la limite du Morbihan. Elle est reprise
par F. Gueriff dans le premier tome des chansons de la presqu'ile
guérandaise (1). Armand Guéraud en a publié plusieurs variantes,
dont une très proche de celle ci, collectée aux Landes Génusson
(nord Vendée) ; De même celles notées par G. Dolbeau dans le
marais breton-vendéen. D'autres encore provenant de Bretagne ou du
Poitou sont conservées dans les bases de données de Dastum et du
Cerdo.
Enfin
une question reste sans réponse à l'écoute des paroles : Que
faisait la chambrière entre la St Michel (29 septembre) et Noël ?
. En effet, si les saisonniers étaient recrutés aux alentours de la
Saint Barnabé ou de la Saint Jean (en juin), les autres domestiques
se recrutaient en général à la Saint Michel ou la Saint Martin
(novembre). Cette embauche tardive signifierait elle que l'employée
précédente avait donné son congé ou été congédiée. Comme les
soubrettes des comédies bourgeoises du 19ème !
En
tout cas un bel exemple de « flexibilité du marché du
travail permettant une économie d’échelle tout en favorisant
l’autonomie du salarié » (2)
Note
1
– ouvrage hélas épuisé aujourd'hui, contrairement aux tomes 2, 3 et
4 toujours disponibles sur ce site pour une somme qui frise le
ridicule !
2
– en français : si t’es pas content, casse toi.
J’ai gagé une servante
J’ai
gagé une servante
De
Nô à la Saint Micha (bis)
Ah,
la faillie chamberière, non, je n’la garderai pas (bis)
J’lui
disis d’faire le ménage
Elle
m’disit qu’elle n’le f’rait pas (bis)
A
la faillie chamberière…
J’lui
disis d’brasser la couette / Elle tapit sur le mat’las
J’lui
disis d’ouvrir la f’nêtre / Elle m’déchirit les ridiauxs
J’lui
disis d’balayer la place / Elle m’arrachit les carrias
J’lui
disis d’mettre la marmite / Elle mit sur l’feu les seillas
J’lui
disis d’ach’ter d’la viande / Elle m’apportit les naviauxs
J’lui
disis de faire du beurre / Elle m’jetit la crème au chat
J’lui
disis d’tailler la soupe / Elle m’y taillit dau copias
J’lui
donnis un coup d’cravache / Elle m’dit qu’elle n’servirait
pas.
source :
Athanase Ollivier, à Assérac,
le 27 mars 1894 – collecte d'Abel Soreau
interprète
: Martine Lehuédé et Janig Juteau
catalogue
P. Coirault : La servante qui fait tout de travers - 06304
catalogue
C. Laforte : La chambrière qui fait tout de travers -
1-P-16
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