vendredi 28 mars 2014

48 - Les filles du Pouliguen

Les chansons qui vantent les mérites des filles d’une ville, d'un village ou d’un simple hameau constituent un corpus non négligeable dans le vaste répertoire traditionnel. Une variante du blason populaire, ou l'art de se moquer, gentiment, de ses voisins.
Ne nous attardons pas trop sur les dizaines ou autres chansons de neuf qui rengainent sur un caractère supposé, comme : « les filles de Redon qui tapent du pied quand l’amour les prend » popularisé par les Tri Yann, les filles du Haut Bergon (1) qui reviennent à la maison « sans culottes et sans boutons » ou les « nau gojatas a Castelnau » qui voulaient danser mais pas les garçons !
D'autres refrains à danser donnent un peu plus de détails. Ce sont les filles de St Chély qui tuent les mouches à coup de fusil, celles de la Chapelotte, bigotes qui ont le bon dieu jusqu’au fond le leur culottes...
Une chanson, connue dans plusieurs régions, relate la démarche des filles qui vont trouver le curé pour qu’il intercède en leur faveur auprès des garçons. En était-il vraiment besoin ? La réponse est sans équivoque « de ces filles nous ne voulons pas... ». De Plonéour à St Martin cette chanson se prête si bien à l’adaptation locale qu’il suffit de changer le nom du patelin. L’incipit est souvent le même : « Trifouilly (2) est un petit bourg qui a des filles aux alentours...des petites et des grandes, bonnes à marier, personne ne les demande »
Quand à notre chanson de la semaine...
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vendredi 21 mars 2014

47 - J’ai gagé une servante

Un thème d'actualité dans les années 90 (1890) qu'on croirait sorti d'une pièce de Labiche ou de Feydeau. Que voulez vous ma bonne dame, il n'y a plus moyen de trouver du petit personnel, aujourd'hui. Mais un thème qui vient de beaucoup plus loin dans le temps. Et qui fait encore les conversations de café du commerce aujourd'hui. En langage socio-énarquo-administratif début du 21ème ça se traduit en difficulté d'adéquation de la ressource aux exigences techniques dans le cadre d’un programme d’amélioration de la performance. Non mais des fois ! Non Medef... ouah.
Les chansons qui se plaignent de la nonchalance des employés, de leur tendance à l'ivrognerie ou de leur façon de profiter des patrons, sont quasiment toutes sur le ton de la dérision. C'est la servante surprise en état d'ivresse après avoir bu 15 verres « monsieur c'est votre bon vin qui m'a rendu contente » ou celle qui se farde pour ressembler à sa maîtresse. C'est le grand valet qui lutine la patronne, profite du bon vin et du bon lit. C'est celui qu'on veut mettre à la porte et qu'on finit par supplier de rester « si notre valet nous quitte nous perdrons tout ». C'est ici la chambrière qui fait tout de travers.
A l'inverse, les chansons d'employés se plaignant du patron sont rarement sur le ton de la plaisanterie et carrément revendicatrices : chansons de compagnons mal accueillis, de valets de ferme qui attendent avec impatience d'aller se gager ailleurs, de marins qui jurent qu'ils ne repartiront pas, etc .
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vendredi 14 mars 2014

46 - Mes bonnes gens, je vous supplie

Crimée châtiment ! (1) Non, il n’est pas question dans ces lignes de porter un jugement sur des événements d’actualité. Mais constatons, encore une fois que les chansons sorties d’un autre âge ne perdent rien de leur force évocatrice. Pour une fois il est possible de dater la chanson de la semaine. Quoique cette composition qui fait référence à des événements historiques, emprunte aussi sa forme et son thème à des souvenirs plus anciens.
Le retour du soldat est le sujet de bien des chansons traditionnelles. Engagé ou conscrit, le jeune militaire absent longtemps du pays n’est plus reconnu par ses proches à son retour. Ici, pour une fois, ça se termine bien. Habituellement, il trouve sa bonne amie mariée avec un autre, sa femme avec quelques enfants de plus, quand il n’est pas tout simplement victime de la cupidité de ses parents qui le suppriment par erreur. Le cinéma s’est emparé de ce thème qui évoque aujourd’hui pour la majorité d’entre nous le « retour de Martin Guerre ». Sans remonter jusqu’aux guerres de l’ancien régime ou aux campagnes de Napoléon 1er, voici donc une chanson qui marque l’entrée dans la guerre moderne.
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vendredi 7 mars 2014

45 - Derrière chez mon père

Voilà plusieurs semaines que les oiseaux n'ont pas été sollicités pour participer à la chanson de la semaine. Il est grand temps de remettre ça. Ce n'est pas notre tendance hitchckokienne qui se réveille, mais tout simplement que les volatiles tiennent une place particulière dans les chansons traditionnelles.
Le côté réaliste de cette chanson peut vous échapper. On y conte la mésaventure d'un oiseau qui tombe au sol parce que la branche qu'il a choisie se casse. Mais de quel oiseau s'agit-il ? Un petit jeune qui n'a pas encore appris à voler ? Une poule suicidaire ? Et dans ce cas comment a-t-elle réussi à grimper aussi haut ?
Si c'était là le seul mystère contenu dans cette chanson ! Mais ce texte, outre qu'il nous semble incomplet, suscite encore bien des interrogations.
Pour beaucoup d'entre vous, cette histoire de branche cassée doit faire resurgir du fond de vos mémoires quelques chansons enfantines. Deux, essentiellement. La première a pour refrain « a pris sa, à la volette, a pris sa volée ». Elle a été notée pour la première fois en 1575. La seconde met en scène un personnage nommé compère Guilleri et son refrain – titi carabi, toto carabo...- ne peut laisser de doute sur son appartenance aux chansons pour enfants...
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