Suite
à la publication de notre chanson de la semaine dernière nous avons
reçu une lettre de Mme L'Alouette. Elle a pris sa plume pour exiger
un droit de réponse que nous lui accordons bien volontiers. Elle
s'estime victime de calomnies et entend le démontrer chanson à
l'appui. Dont acte.
« Mesdames,
messieurs ; Tout d'abord permettez moi d'éclairer vos
connaissances et d'intervenir au nom des nombreuses branches de la
famille : L'alouette des champs, l'alouette huppée, le
cochevis, l'alouette hausse-col, l'alouette lulu (la nantaise, c'est
moi) sans oublier l'alouette malgache, et l'alouette calandrelle, mes
cousines africaines. Nos chansons sont aussi variées que les vôtres,
du « tirli » des champs au « trudritri » de
la huppée. Je vous d'ailleurs met au défi de publier le texte
intégral de mon « lululululu didli didli didli ». mais
là n'est pas mon propos.
lire la suite et écouter la chanson
Vous
prenez pour références des chansons où les coutumes sauvages de
nous plumer, nous, les roitelets, et aussi les merles, sont
attribuées à nos caractères prétendument volages. Savez vous
qu'un des plus connus parmi les collecteurs de vos contrées, le
chanoine Abel Soreau, a publié un fort beau texte qui démontre tout
juste le contraire ? Non ? Alors écoutez donc la chanson
de cette semaine. Elle rabat le caquet à ces prétentieux
rossignols, hirondelles et cigognes, à ces têtes de linotte et à
ces cailles farcies de défauts. Elle rend hommage à notre sagacité.
Que nous amusez vous avec vos châteaux d'amour. Aujourd'hui les
chéries de ces messieurs prennent leurs vacances au bords de mer.
Sachons vivre avec son temps que diable ! Veuillez agréer, etc,
etc." signé : Lulu la nantaise, alouette messagère.
Eh
bien, ma chère Lulu, tout en comprenant votre agacement, permettez
nous de vous faire remarquer que vous n'avez lu qu'en diagonale notre
article de la semaine passée. Nous y démontrions que votre destinée
est plutôt due à l'aspect porte bonheur de votre plumage. Merci
quand même pour cette belle chanson. Mais vous nous confiez là une
version qui va à l'encontre de presque toutes les autres.
Habituellement c'est bien au rossignol qu'on confie les messages. En
fait ce qui fait l'intérêt de cette chanson, en plus de l'inversion
des rôles entre alouette et rossignol, c'est le peu de confiance
accordée aux autres espèces. Il est plutôt rare d'en voir autant
cités dans la même chanson, à l'exception du Noël des oiseaux(1).
Les
collectes d'Abel Soreau datent du début du vingtième siècle.
Peut-être faut-il chercher là l'explication de l'étrange
localisation de la mie destinataire du message. Le château d'amour
où elle se tient habituellement aurait-il été transporté dans le
monde des affiches publicitaires des compagnies de chemin de fer
d'alors. Voyagez avec le train ; Visitez Etretat, ses bains de
mer, ses hôtels avec terrasse où on savoure son chocolat ?
Voici en tout cas une intéressante adaptation du texte habituel.
P.S. par suite d'un incident technique indépendant de notre volonté (!) la publication de cette semaine a été légèrement décalée. Prochaine chanson dimanche 22 décembre.
note
1 - voir chanson n° 29
La
violette doublera
Ma
mie est par là dans l’monde
Mais
qui m’la retrouvera (bis)
J’ai
un message à lui faire je n’sais qui lui portera
La
violette double, double
La
violette doublera
J’ai
un message à lui faire
Je
n’sais qui lui portera (bis)
Si
j’en charge le rossignol, à chanter il s’arrêt’ra
La
violette double, double…
Si
j’en charge la pie jacasse, à tous le jacassera
Si
j’en charge la linotte tout le monde le saura
Si
j’en charge l’hirondelle, dans le ciel, elle se perd’ra
Si
j’en charge la cigogne, vers l’Egypte elle volera
Et
si j’en charge la caille, en Afrique elle tournera
Il
est un oiseau fidèle : l’alouette bien le fera
Alouette,
gente alouette, à ma mie va porter ça
L’alouette
prend sa volée à travers le monde s’en va
Elle
a rencontré la mie dans un hôtel d’Etretat
Elle
était là bien tranquille et prenait son chocolat
Comme
la porte était fermée, l’oiseau par la f’nêtre entra
Bonjour
l’une, bonjour l’autre, bonjour celle que voilà
Votre
amant m’envoie vous dire : s’il vous plait, n’l’oubliez
pas
Alouette,
gente alouette, à tire d’ailes retourne là-bas
A
mon galant va t’en dire que je prends mon chocolat.
archives
sonores Dastum 44 (veillée
0041 A 01)
interprète
: Bruno
Nourry (St-Omer-de-Blain – 11 juin 2006)
source :
Abel Soreau
catalogue
Coirault : j'en ai oublié bien d'autres – 412
catalogue
Laforte : le rossignol, messager des amours - 1-1-3