samedi 28 décembre 2013

36 - Un conte de Noël


C'est la trêve des confiseurs. Nous la respectons. Pas de chanson cette semaine. Mais c'est aussi le temps des veillées, des belles histoire que l'on raconte au coin du feu. Nous vous proposons ce conte moderne ; en fait une histoire vécue. L'anecdote ne vient pas du fond des âges mais du début des années quatre vingt. Elle est de la même veine que celle rapportée dans l'hommage rendu à John Wright (1).
 

Il était une fois un jeune homme, Michel (2), amateur de vieilles chansons, à l’affût de toute nouvelle pépite pour enrichir son répertoire. Il parcourait les campagnes du pays nantais avec son minicassette en bandoulière. Inlassablement, il mettait en boite les complaintes, les ritournelles, les notes d'avant deux et les chants à dizaine que voulaient bien lui confier les personnes de l'ancienne génération. Par ses talents de persuasion il les encourageait à plonger au fond de leur mémoire pour retrouver les chansons de leur jeunesse.
En ce jour de printemps, Michel était installé avec son enregistreur sur la table de cuisine d'une « informatrice », c'est ainsi qu'on définit les porteurs de la tradition dans le milieu des collecteurs. Sur le coin du poêle, le robusta maison re-bouillait dans une jolie cafetière en émail vert pale. Le chat de la maison, sur son coussin, ouvrait parfois un œil intrigué pour dévisager l'étrange étranger dont l'âge contrastait avec celui des habituels visiteurs. Dans le salon proche, la pendule venait de sonner quatre heures, au beau milieu d'une rengaine des années vingt. Depuis plus d'une heure en effet la vieille dame confiait ses souvenirs de l'ancien temps entre deux airs du début du siècle. Tout le répertoire de Théodore Botrel allait y passer et Michel sentait son enthousiasme décroître au fil des « mouchoirs de Cholet » et des « dors mon petit gars ».
Quand, tout à coup...
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dimanche 22 décembre 2013

35 - Notre bon père Noé

En cette période de fêtes religieuses quoi de plus naturel que de remonter jusqu'aux temps bibliques. C'est donc au père Noé que nous allons faire la fête. Un père Noé sans « L » sans rennes et sans traîneau. Écoutez cette chansons sans tambour ni trompettes, sans hautbois ni musette et dites nous si l'air ne vous rappelle rien ?

Et si ça vous dit quelque chose c'est tout à fait naturel. Nous avons là un des timbres les plus utilisés dans la chanson populaire française. Nous avons déjà expliqué l'utilisation des timbres. Reportez vous à la semaine n° 9 « la chanson de Donges ». Celui de cette chanson à boire est noté sous le numéro 335 dans la clé du caveau, recueil publié au 19ème , la plus connue des collections de timbres (2). L'air est cependant beaucoup plus ancien. Il apparaît pour la première fois dans le « Parnasse des muses » (Paris, 1627) classé dans les chansons bachiques. Il est repris par Ballard au 18ème. Ce timbre avec ses répétitions connaît un tel succès qu'on le retrouve dans tous les domaines. Chansons de Noël tout d'abord, qui connaissent une grande vogue à cette époque (1) « Prenez bergers vos hautbois » « Allons bergers allons tous » «  Quand Dieu naquit à Noel », etc. Ce qui fit parfois croire qu'un chant de Noël était à l'origine de ce timbre. A la révolution, il sert à de nombreuses chansons politiques. A ces thèmes s'ajoutent toute une série de chansons paillardes, chants de marins, succès du café concert, et chansons composées localement par quantité d'anonymes.
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vendredi 13 décembre 2013

34 - La violette doublera


Suite à la publication de notre chanson de la semaine dernière nous avons reçu une lettre de Mme L'Alouette. Elle a pris sa plume pour exiger un droit de réponse que nous lui accordons bien volontiers. Elle s'estime victime de calomnies et entend le démontrer chanson à l'appui. Dont acte.

« Mesdames, messieurs ; Tout d'abord permettez moi d'éclairer vos connaissances et d'intervenir au nom des nombreuses branches de la famille : L'alouette des champs, l'alouette huppée, le cochevis, l'alouette hausse-col, l'alouette lulu (la nantaise, c'est moi) sans oublier l'alouette malgache, et l'alouette calandrelle, mes cousines africaines. Nos chansons sont aussi variées que les vôtres, du « tirli » des champs au « trudritri » de la huppée. Je vous d'ailleurs met au défi de publier le texte intégral de mon « lululululu didli didli didli ». mais là n'est pas mon propos.
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Vous prenez pour références des chansons où les coutumes sauvages de nous plumer, nous, les roitelets, et aussi les merles, sont attribuées à nos caractères prétendument volages. Savez vous qu'un des plus connus parmi les collecteurs de vos contrées, le chanoine Abel Soreau, a publié un fort beau texte qui démontre tout juste le contraire ? Non ? Alors écoutez donc la chanson de cette semaine. Elle rabat le caquet à ces prétentieux rossignols, hirondelles et cigognes, à ces têtes de linotte et à ces cailles farcies de défauts. Elle rend hommage à notre sagacité. Que nous amusez vous avec vos châteaux d'amour. Aujourd'hui les chéries de ces messieurs prennent leurs vacances au bords de mer. Sachons vivre avec son temps que diable ! Veuillez agréer, etc, etc." signé : Lulu la nantaise, alouette messagère. 

Eh bien, ma chère Lulu, tout en comprenant votre agacement, permettez nous de vous faire remarquer que vous n'avez lu qu'en diagonale notre article de la semaine passée. Nous y démontrions que votre destinée est plutôt due à l'aspect porte bonheur de votre plumage. Merci quand même pour cette belle chanson. Mais vous nous confiez là une version qui va à l'encontre de presque toutes les autres. Habituellement c'est bien au rossignol qu'on confie les messages. En fait ce qui fait l'intérêt de cette chanson, en plus de l'inversion des rôles entre alouette et rossignol, c'est le peu de confiance accordée aux autres espèces. Il est plutôt rare d'en voir autant cités dans la même chanson, à l'exception du Noël des oiseaux(1).
Les collectes d'Abel Soreau datent du début du vingtième siècle. Peut-être faut-il chercher là l'explication de l'étrange localisation de la mie destinataire du message. Le château d'amour où elle se tient habituellement aurait-il été transporté dans le monde des affiches publicitaires des compagnies de chemin de fer d'alors. Voyagez avec le train ; Visitez Etretat, ses bains de mer, ses hôtels avec terrasse où on savoure son chocolat ? Voici en tout cas une intéressante adaptation du texte habituel.
P.S. par suite d'un incident technique indépendant de notre volonté (!) la publication de cette semaine a été légèrement décalée. Prochaine chanson dimanche 22 décembre.

note
1 - voir chanson n° 29
 
La violette doublera

Ma mie est par là dans l’monde
Mais qui m’la retrouvera (bis)
J’ai un message à lui faire je n’sais qui lui portera
La violette double, double
La violette doublera

J’ai un message à lui faire
Je n’sais qui lui portera (bis)
Si j’en charge le rossignol, à chanter il s’arrêt’ra
La violette double, double…

Si j’en charge la pie jacasse, à tous le jacassera
Si j’en charge la linotte tout le monde le saura
Si j’en charge l’hirondelle, dans le ciel, elle se perd’ra
Si j’en charge la cigogne, vers l’Egypte elle volera
Et si j’en charge la caille, en Afrique elle tournera
Il est un oiseau fidèle : l’alouette bien le fera
Alouette, gente alouette, à ma mie va porter ça
L’alouette prend sa volée à travers le monde s’en va
Elle a rencontré la mie dans un hôtel d’Etretat
Elle était là bien tranquille et prenait son chocolat
Comme la porte était fermée, l’oiseau par la f’nêtre entra
Bonjour l’une, bonjour l’autre, bonjour celle que voilà
Votre amant m’envoie vous dire : s’il vous plait, n’l’oubliez pas
Alouette, gente alouette, à tire d’ailes retourne là-bas
A mon galant va t’en dire que je prends mon chocolat.


archives sonores Dastum 44 (veillée 0041 A 01)
interprète : Bruno Nourry (St-Omer-de-Blain – 11 juin 2006)
source : Abel Soreau
catalogue Coirault : j'en ai oublié bien d'autres – 412
catalogue Laforte : le rossignol, messager des amours - 1-1-3

vendredi 6 décembre 2013

33 – Plumons le bec à l'alouette


Une semaine entière sans chant d'oiseau ! Il est temps de reprendre notre chronique ornithomusicologique. En dépit des accusations possibles de cruauté envers les animaux, nous nous intéresserons aujourd'hui à la coutume de plumer la gentille alouette, très appréciée dans le répertoire enfantin.

Pourquoi s’en prendre à cette malheureuse bestiole en lui imposant ce strip-tease intégral ? La raison serait peut être liée au comportement agaçant de l’alouette envers les amoureux. Tout d’abord elle est la première à chanter dès le point du jour. Les amants « n’étaient pas depuis deux heures ensemble que l’alouette chanta le jour » (1). On a beau lui demander de se taire, elle insiste : « belle alouette tu as menti, tu chantes là le point du jour, il n’est ‘core que minuit ». Tout cela pour faire son intéressante en montant le plus haut possible jusqu’à ce qu’on l’entende sans la voir, comme son compère le roitelet. D’ailleurs les versions chantées en Basse Bretagne (2) s’en prennent souvent au roitelet.
Ensuite, toujours selon la tradition, l’alouette est suspecte de commérages. Elle colporte les mauvaises nouvelles. On ne peut même pas lui confier un secret ou une info « si je la donne à l’alouette la commission ne se fera pas ». Les amoureux préfèrent charger le rossignol de retrouver leur âme sœur « rossignol prend sa volée, au château d’amour s’en va ». Voilà un messager fidèle. Les PTT ont préféré l’hirondelle et les maternités la cigogne, mais c’est une autre histoire. L’alouette paie donc très cher son inconséquence et ses bavardages matinaux.
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vendredi 29 novembre 2013

32 - C’était une jeune fille de Saint-Malo-des-Iles


L'honneur perdu est un sujet récurent dans les chansons traditionnelles. Mais, comme dit l'autre, l'amour a des raisons que la raison ignore. Au début tout va bien ; puis vient le temps des regrets « ah, si j'étais resté chez ma mère ! ». Si c'était une chanson actuelle on la trouverait ringarde. Mais nous tenons ici un petit bijou de la littérature populaire dont les nombreuses versions entendues en Loire-Atlantique sont toutes dignes d'intérêt.

Celle que vous écoutez cette semaine vient, à nouveau, des œuvres complètes (1) de Fernand Guériff. Recueillie à Prézégat (St Nazaire) auprès de Mme Jacobert. Le texte est l'un des plus complets parmi toutes les versions connues.
Où faut il localiser Saint Malo des Îles ? Il existe une bonne douzaine de Saint Malo et de Saint Maclou (2), quasiment tous localisés dans l'ouest, Bretagne ou Normandie. Soyons un peu chauvins : il existe en Brière, tout près de Saint Nazaire, la commune de Saint Malo de Guersac. Quand on sait que les villages briérons sont construit sur des îles au milieu des marais (3) il est tentant de trouver là l'origine de cette chanson. De là à l'affirmer il y a un pas que nous ne franchirons pas. Mais ce serait bien possible quand même !...
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vendredi 22 novembre 2013

31 - C’est trois pigeons ramiers


Cette chanson est connue de longue date dans tout l'ouest de la France. Elle se rapporte à une des traditions de la cérémonie du mariage qui consiste à porter la soupe à l'oignon ou la soupe au lait, à la mariée après la nuit de noces. Son titre générique est « la chanson des oreillers ». De nombreuses versions font référence au pont d'Avignon. Il y est quasiment toujours question de pigeons ramiers.

Trescalan est un village de la commune de la Turballe. La version interprétée ici y a été collectée dans les années 40. Vous pouvez en entendre une autre version dans l'anthologie des musiques traditionnelles publiée en 2009 par les éditions Frémeaux (1). Elle est interprétée par « Maguesite » Providence Bouteau, grande chanteuse de l'ile de Noirmoutier. Armand Guéraud (2) en a publié une version collectée à Bouguenais (banlieue nantaise). Il cite d'autres versions collectées en Basse-Bretagne par Duhamel et Bourgault-Ducoudray en Trégor et en Cornouaille. Ce n'est plus le pont d'Avignon qui sert de cadre à ces chansons qui sont généralement situées « war bont en Naoned » (sur le pont de Nantes). Jean-Baptise Weckerlin, dans son ouvrage sur les chansons populaires de France (3) en donne une version plus complète, originaire de Normandie. D'autres avatars de cette chanson ont été notés au Canada, ce qui est bien naturel puisque les provinces de l'ouest ont majoritairement contribué au peuplement de ce pays.
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vendredi 15 novembre 2013

30 - En cueillant la rose au rosier blanc


La semaine dernière nous avons pris un peu d'avance sur le calendrier, en fêtant Noël grâce aux oiseaux (1). Revenons au thème universel des chansons d'amour. Nous en sommes encore à la période ou la belle implore « mariez moi, ma mère » et où son galant se dit qu'il faut plumer la perdrix quand elle est prise (2). D'où la quantité phénoménale de chansons d'avertissement sur ce qui attend les jeunes tourtereaux (3) au lendemain de leurs noces. 

Nous avons déjà publié dans ce blog plusieurs chansons sur ce thème (4) et ce n'est pas fini. La chanson interprétée cette semaine a été notée dans le pays nantais. Elle ne s'étend pas tant sur l'après mariage que sur les ruses des amants pour séduire les filles. Tout cela est exprimé tantôt par la métaphore la plus subtile, tantôt par des détails d'un réalisme certain. Que la belle se soit piquée en cueillant une rose, c'était sûrement au jardin d'amour. On sait ce que représente cette expression érotico-florale. En d'autres termes, et pour employer une expression populaire imagée, voilà deux jeunes gens qui ont « fêté Pâques avant les Rameaux » ! La belle se demande si elle n'a pas commis une erreur, alors que son ami essaie de la convaincre de ne pas se soucier du qu'en dira-t-on. La tournure poétique de la rose blanche laisse vite place à une autre façon de présenter les sentiments, cette fois beaucoup plus terre à terre. Le garçon qui fait tinter ses clefs pour faire croire qu'il a la bourse pleine (5), c'est du vécu !
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vendredi 8 novembre 2013

29 - Le Noël des oiseaux


C'était la Toussaint – le temps des veillées où tous les amants vont à l'assemblée, mignonne allons voir, etc, etc...- mais nous n'avions pas de chanson potironesque au répertoire. Ce blog n'étant pas un écrit sans thème, occupons nous de l'avenir, il est plus que temps. Les grandes surfaces ont déjà mis en place leurs rayons jouets. Les calendriers de l'avent vont servir d'alibi pour manger du chocolat. Il ne manquait donc plus qu'une belle chanson de Noël.

Celle ci, bien que collectée en Loire-Atlantique, sort tout droit d'un ouvrage intitulé « La grande bible des noëls angevins, sur la nativité de Notre Seigneur J.-C. » publié en 1770 puis réédité en 1829. Elle a été reprise dans d'autres ouvrages plus récents (1). Il en existe des versions occitanes et catalanes ; une chanson en anglais a été composée sur le même sujet vers 1870. Enfin, il ne faut pas la confondre avec le Noël des petits oiseaux de Camille Soubise, l'auteur de la chanson des blés d’or.

Mais qu'est ce donc qu'un « Noel » ? Nous avons tous en tête...
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vendredi 1 novembre 2013

28 - le pont de Pirmil

Après les prisons, ce sont les ponts qui ont fait la renommée de Nantes dans les chansons traditionnelles. Continuons donc notre tour en ville. Nous retrouverons une autre fois les bergères, les oiseaux et les jardins d'amour.

Dans la tradition c'est LE pont de Nantes qui est chanté : un coq y chante, on y fait des rencontres, on s'y marie, on y danse, on s'y fait prendre et on s'évade, on s'y noie ...oui mais sur quel pont ? Pour franchir la Loire au temps jadis il n'y qu'avait qu'un seul passage mais au moins six ponts sur ce fleuve qui avait autant de bras qu'une déesse hindoue. André Péron, auteur d'un ouvrage sur les pont de Nantes (1), donne l'explication : « Jusqu’au IXe siècle, la Loire se franchissait en barque. À l’époque le fleuve était beaucoup plus large, avec moins de courant. Un véritable archipel séparait la ville de Nantes, installée au nord autour de la place du Bouffay, de la rive sud. Les premiers ponts ont été bâtis en bois et leurs tabliers étaient recouverts de pierres comme les chaussées. Sur les îles appelées à l’époque Prairies, les chaussées étaient construites sur des arches pour être hors d’eau. Ceux qui les empruntaient avaient donc l’impression d’un seul pont continu depuis la Poissonnerie jusqu’à pont Rousseau ».
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vendredi 25 octobre 2013

27 - Le prisonnier de Nantes


De toutes les chansons traditionnelles qui ont pour cadre la ville de Nantes, c'est sans doute la plus connue. L'amour entre un prisonnier et la fille du geôlier, son évasion spectaculaire et ses promesses pour l'avenir ont été chantées sur tous les tons. Et pourtant il reste encore beaucoup à découvrir de ce fait divers romancé.

Si cette chanson est si populaire en France et au Canada, elle le doit aussi aux nombreux artistes de variété qui n'ont pas hésité à l'enregistrer. Depuis Yvonne Georges dans les années 1920 jusqu'à Nolwenn Leroy en 2010, sans oublier Yvette Guilbert, Édith Piaf, Édith Butler, Louise Forestier, Les Compagnons de la chanson, Nana Mouskouri, Colette Renard et les Tri Yann. Nos « Trois Jean an Naoned » ont marqué toute une génération avec une version acadienne des prisons de Nantes (1). Peut être auraient-ils été mieux inspiré de choisir une des nombreuses versions locales.
Il est probable qu'à l'origine de toute chanson traditionnelle il y ait un fond de vérité. Il est généralement impossible de le retrouver, nous en avons déjà fait la démonstration avec de précédentes chansons. Ce qui n'empêche pas plusieurs sites internet de soutenir que...
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samedi 19 octobre 2013

la mazurka des anges


Il y a quelque temps disparaissait une figure de la musique traditionnelle : John Wright. En quelques lignes nous voulons lui rendre aujourd'hui un hommage, tardif mais bien sincère.

John était un personnage d'une grande culture musicale, possédant un répertoire immense, dans bien des domaines. Les archives de Dastum 44 peuvent en témoigner. Certes, ce blog est avant tout consacré à la chanson. Ce n'est pas une raison pour négliger les autres formes d'expression. John Wright avait réalisé des collectes auprès de violoneux, notamment dans le Pays de Retz. C'est donc un plaisir que d'entendre sa voix sur ces enregistrements, quand il discute du répertoire, avec Louis Rousseau de Saint Hilaire de Chaléons par exemple.
Voici un extrait qui a retenu notre attention. C'est comme si vous y étiez :
- JW - Comment ça s'appelle ce que vous venez de jouer ?
- LR – Ben ça c'est la mazure !
- JW – Qu'est que c'est le différence entre le mazurka et le mazure ?
- LR – Aaaaahhh....ben....c'est pas pareil.
Fin de l'échange. On n'en saura pas plus.

C'est avec ce genre de réplique qu'on se délecte quand on est musicien et qu'on farfouille dans les archives de Dastum pour trouver du répertoire local.
Quelques années plus tard nous avons remémoré cette séquence à John. Sans plus de certitudes sur l'origine de l'air enregistré. D'après lui, l'arrivée de la mazurka en Europe de l'ouest dans les années 1830 se serait faite sous différentes formes et avec différents noms. On trouve l'appellation « mazure » dans certains ouvrages de l'époque. Rien de plus logique si on sait que cette danse – mazurka ou mazure – est originaire du peuple des "mazurs" vivant dans les plaines de Mazovie autour de Varsovie (et non pas de Mazurie ; ce serait trop simple). La mazurka était une danse dont se sont emparés les maîtres à danser du 19ème, sans doute en raison de sa vogue (voir Chopin). Ils en ont fait une danse de salons aux figures compliquées. Les variantes encore pratiquées dans nos bals traditionnels ont, elles, survécu en raison de leurs formes simples.
Bref ; Merci à John pour ces bons moments et tellement plein d'autres.

Il paraît qu'en ce moment au paradis des musiciens, les anges qui jouent de la harpe sont intrigués par un son métallique et persistant qui se mêle à leurs arpèges. C'est John Wright qui les accompagne à la guimbarde !

vendredi 18 octobre 2013

26 – la fille changée en cane


Voici une chanson associée à un lieu bien précis puisqu'elle trouve son origine dans la légende de la cane de Montfort. Aujourd'hui appelée Montfort sur Meu (35) cette commune s'est appelée Montfort la Cane jusqu'à la révolution.

Il existe plusieurs versions de cette histoire dont le thème commun est l'évasion d'une jeune fille prisonnière grâce à l'intervention de Saint Nicolas qui lui permet de s'échapper par une fenêtre de la tour du château de Montfort après s'être transformée en cane. Le miracle ne s'arrête pas là puisque chaque année après 1376, à l'occasion du pèlerinage de Saint Nicolas, en mai, une cane et ses petits venaient régulièrement à l'église accomplir le vœu de la prisonnière. Le dernier procès-verbal constatant l'apparition de la cane est rédigé le 10 mai 1645. La légende a donné lieu a bien des interprétations. « Cette histoire se retrouve en effet sous forme de chanson populaire – un thème issu d'un fonds très ancien remontant au moyen âge – et plusieurs versions ont été publiées au 19ème siècle, aussi bien en Bretagne qu'ailleurs en France, ainsi qu'au Canada francophone » (1).
Rien d'étonnant à ce qu'on signale des versions de cette chanson en Ille et Vilaine dans les ouvrages de Sébillot (2) ou Decombe (3) . Plus près de nous des collecteurs...
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vendredi 11 octobre 2013

25 - Il était une barque


A quoi pouvait bien servir le brick-goélette dont il est question dans cette chanson ? A quel type de commerce était employé le garçon qu'elle pleure ? Un indice au détour d'un couplet nous offre un rare témoignage chanté d'une activité qui a fait la fortune d'armateurs nantais et une sombre réputation au grand port de la Loire : « la traite ».
 
Il existe de nombreuses chansons qui mettent en scène une barque de trente matelots. Elles se rattachent le plus souvent à une version cataloguée sous le titre « l'enlèvement de la fille aux chansons ». Une fois la jeune chanteuse embarquée, son sort est scellé. Il finit au mieux par son « honneur perdu » au pire par la noyade. Mais le pays nantais nous offre une autre mise en scène dramatique pour cette jeune fille qui attend le retour de son amant. Cette version est finalement plus proche de celle des filles qui attendent sur le rivage le marin parti pour les îles. Mais c'est un tout autre sujet qui fait l'intérêt de notre chanson de la semaine.
Depuis que le trafic du « bois d'ébène » fut officialisé par Charles Quint en 1517, Flamands et Espagnols, puis Portugais, Anglais et Français ont exploité le commerce triangulaire jusqu'au 19ème siècle. L'esclavage aboli sous la révolution puis rétabli par...
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vendredi 4 octobre 2013

24 - La vaniteuse


Miroir, mon beau miroir, dis moi qui est la plus belle ? Et invariablement le miroir répondait : « En cherchant à la ronde, dans tout le vaste monde, on ne trouve pas plus belle que toi ». Mais contrairement au conte recueilli par les frères Grimm, ce n'est pas Blanche-neige qui vient détromper notre vaniteuse, mais son mari qui lui rappelle ses origines.

La chanson de la Dame au miroir d'argent a été collectée à plusieurs reprises en Haute-Bretagne. Elle figure dans le tome 4 des chansons du pays guérandais de Fernand Guériff, sous forme d'un rond paludier. Louisette Radioyes, autour de Saint Congard (1) ou Albert Poulain en pays de Redon en ont récolté d'autres versions. Elle semble surtout connue dans l'ouest de la France. Mais c'est au Canada que cette chanson se serait le plus épanouie. Le miroir d'argent est d'ailleurs le titre d'un CD publié au Québec, qui contient une version collectée par Robert Bouthiller (2).
D'une version à l'autre l'histoire varie peu, avec intervention de la servante et ...
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vendredi 27 septembre 2013

23 - Le petit ramoneur

Les chansons qui parlent des ramoneurs sont rarement de vraies chansons de métier, c'est à dire de celles qui accompagnent l'activité ou les gestes de la profession. Elles ont quasiment toutes des textes à double sens. Celle ci n'échappe pas à la règle.

Cette chanson a été publiée par Dastum 44 dans le tome 3 des chansons rassemblées par Fernand Guériff (comment ça ? Vous ne l'avez pas encore!). L'informateur, Jean Delalande, dit « Jean la culotte », l'avait apprise dans sa jeunesse au village de la Madeleine de Guérande. Il avait 83 ans quand il a été collecté. Comme le souligne Guériff, une version aux paroles semblables mais à la mélodie différente a été notée par Tiersot dans l'ouvrage «  chanson des Alpes françaises » page 472. La Savoie est bien connue pour avoir fourni une main-d’œuvre jeune et abondante à cette corporation. Rien ne prouve pour autant que la chanson soit originaire des Alpes. D'autres versions ont été notées en Lorraine, dans le Berry, au Québec et dans bien d'autres endroits.

Le refrain de cette chanson est inspiré par un de ces cris de métiers que les artisans entonnaient dans les rues pour solliciter la clientèle. Sans doute devaient-ils s'en tenir...
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vendredi 20 septembre 2013

22 – le vingt et un de mars


De l’île d'Yeu au Berry en passant...par la Lorraine ou les Alpes, le héros blessé de cette chanson retrouve sa blonde avant de mourir. Colonel, quartier-maître, capitaine, contremaître ou porte-enseigne, ses avatars suffisent à montrer la diversité des chansons rapportant cette anecdote. Porte-enseigne dès qu'on s'éloigne des côtes, il est logiquement quartier-maître dans une région qui a donné tant d'hommes à la marine à voiles. 

L'original de cette chanson figure sur le deuxième CD de l'anthologie du patrimoine oral de Loire-Atlantique, publiée par Dastum 44 (cf. rubrique éditions). Elle est ici interprétée par des chanteurs de Dastum 44, dans la version harmonisée pour le spectacle « Pour entendre chanter ». Créé pour les vingt ans de l'association ce concert reprend quelques uns des meilleurs extraits de l'anthologie, avec des arrangements innovants par rapport aux versions traditionnelles. La prochaine occasion d'écouter ce concert sera le 28 septembre prochain à Pornic.
Mais revenons à notre quartier-maître. La version qui nous a été chantée par Mme Gouesmat (1) de Saint Lyphard, dans la Brière, est certes incomplète, mais sa mélodie soutient bien l'aspect dramatique de l'événement. Le quartier-maître n'est là que pour annoncer la mort du capitaine. Dans d'autres versions « maritimes » comme celles notées dans les iles anglo-normandes par Peter Kennedy (2), c'est le contraire. Ces variantes...
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vendredi 13 septembre 2013

21 - Qui veut avoir misère ?


Cette fois c'est bien fini. La bronzette sur les plages, les ballades en montagne, les festivals estivaux...vous avez repris le chemin du bureau, de l'école, de l'atelier. Le coup de blues vous guette. Justement, cette semaine c'est un vrai blues francophone qui illustre notre répertoire.

Rien à voir avec Coluche, cette misère là vient de loin. D'aussi loin que les soucis du ménage ont chassé les joies de la noce. Le thème a été maintes fois décliné, jusque dans ces pages ; vous pourrez en profiter pour réécouter la chanson n°3 « l'embarras du ménage ». Notre blues ligérien a été collecté à la Chapelle Basse Mer, sur les coteaux recouverts de rangs de vigne que les géographes définissent comme les derniers reliefs du sillon de Bretagne.
Ce thème est fréquemment tombé dans l'oreille ou le micro des collecteurs de l'ouest. Parmi ceux....
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vendredi 6 septembre 2013

20 - C’était une frégate

Restons encore un peu au bord de l'eau pour profiter des beaux jours de l'été et oublier les tracas de la rentrée. Encore que cette chanson ait une triste fin que ses derniers vers cherchent à atténuer. Le thème vous rappellera une précédente chanson de ce blog ; il s'agit encore une fois du plongeur noyé.

Ce thème est très répandu sous diverses formes, de la fille du roi d'Espagne aux belles qui se promènent au bord de l'eau ou sur les ponts de Nantes. Notre chanson de la semaine se rattache à la variante maritime « la Danaé », habituellement chanson du gaillard d'avant ou chant à virer au cabestan. La version la plus connue est celle publiée par le commandant Armand Hayet. Chaque portion du littoral français doit en avoir sa version locale, celle ci venant de Pornic, situe la construction du bateau à Noirmoutier.
Il existe bien une frégate nommée la Danaé dans les archives de la marine. Lancée en 1838 elle finit sa carrière en transportant les proscrits vers la Nouvelle Calédonie. Mais le texte de ces chansons est d'origine plus ancienne. Si on en croit les indications...
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vendredi 30 août 2013

19 - Madame Pineau

La saison se termine sur les plages de la cote d'Amour et la cote de Jade (1). Les estivants rangent les parasols et préparent la rentrée de leurs chérubins. C'est l'heure du bilan pour les bains de mer ; une activité économique essentielle pour nos contrées. Et tout ça en chanson.

Peut être trouverez vous que ce blog devient trop sérieux. Nous ne ferons pas l'état de la baisse de fréquentation sur l'économie locale pour cause de crise économique. Mais il est difficile d'évoquer nos bords de mer sans parler de l'activité désormais prépondérante qu'est le tourisme. Tout a commencé il y a près d'un siècle et demi avec l'arrivée du chemin de fer drainant sur les plages les premiers estivants. Des privilégiés tout d'abord, avant que les congés payés, les colonies de vacances et l'automobile ne démocratisent les vacances d'été. Dès avant 1900 Pornic, le Pouliguen, la Baule ou Pornichet voient s'édifier les premières résidences secondaires. A chacun selon ses goûts, du manoir normand au chalet suisse. Tout est bon pour profiter de l'air iodé, des bains de mer et...
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vendredi 23 août 2013

18 - La belle au jardin d’amour (2)

Souvenez vous : la semaine dernière nous avons laissé la belle au jardin d'amour. Son père et son amant la recherchaient avec l'aide d'un berger ; pendant ce temps elle parlait aux oiseaux, au grand désespoir de ses proches. Il est temps de prendre de ses nouvelles.


Ce ne sera pas tant pour ajouter à nos remarques précédentes. L'essentiel a déjà été dit. Mais plutôt pour remarquer qu'au delà des ressemblances entre les nombreuses versions, cette chanson peut se livrer à différentes interprétations. De la romance mélancolique nous voilà passé à un air plus entraînant. Le refrain collecté au 19ème près de La Baule par Gustave Clétiez, avec ses léridondon léridondaine, suggère une toute autre utilisation. Que cette mélodie ait pu être utilisée en chant à la marche ou à danser n'a rien d'étonnant. D'autres interprétations plus récentes et fort semblables, collectées entre presqu'ile guérandaise et estuaire de la Vilaine le confirment.

Hormis des chansons à dizaine aux paroles spécifiquement adaptées aux cortèges de noces, il n'existe pas de chants de marche ou de danse par destination, mais le plus souvent des textes adaptés aux besoins. Telle chanson a fort bien pu trouver sa place dans les veillées, accompagner les travaux des couturières ou des laboureurs, rythmer les ronds et les bals, ou faire passer le temps dans les déplacements à pied. Il a suffit d'adapter l'air, le refrain, le tempo...

Ces remarques n'ont rien d'une théorie ; il s'agit juste de constatations. Pour en revenir à

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vendredi 16 août 2013

17 - La belle au jardin d’amour (1)


...c'est pour y passer la semaine » nous la passerons avec elle, dans l'espoir de trouver la réponse à ces questions essentielles : qu'est ce qu'un jardin d'amour ? L'amant retrouvera-t-il sa belle ? Confier ses peines à un oiseau n'est il pas le signe d'un léger trouble mental ?, etc

En attendant, voyons un peu ce que les historiens de la chanson traditionnelle peuvent nous apprendre sur cette romance qu'on retrouve dans toutes les provinces francophones avec des mélodies et des paroles très proches. Cette conformité au modèle signifie-t-elle une composition relativement récente, provenant d'un milieu cultivé ?
« cette chanson est originaire d'une province d'oil, mais on ne saurait dire laquelle » (Doncieux) ; « fin 17ème ou mieux 18ème » (Davenson) « d'un auteur lettré du 18ème voulant adopter une tournure à l'ancienne » (Canteloube) ; « imitation rustique de la poésie à la mode dans les milieux lettrés » (Davenson)...
Merci messieurs pour toutes ces (im)précisions. Arrêtons là les recherches. Tous s'accordent pourtant pour trouver une ressemblance avec les bergerettes et pastourelles à la mode avant la révolution et font référence à Florian.
Quand aux réponses à nos questions, mieux vaut ne pas trop insister non plus. Marc Robine, dans l'anthologie de la chanson française (1), y voyait un « catalogue de tous les principaux symboles de la
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vendredi 9 août 2013

16 - La chanson de la Jonnelière


Avant que les promoteurs n'en fassent un quartier résidentiel, La Jonnelière était un coin de campagne au bord de l’eau, animé par les bistrots et guinguettes où les nantais venaient se distraire et taquiner le goujon. Une chanson a été éditée sur feuille volante, qui nous restitue le souvenir de cette belle époque.

Nous vous la proposons aujourd'hui pour coller à l'actualité. C'est en effet la reprise du championnat de Ligue 1 de football. Si les poules d'eau, canards et hérons ont toujours fréquenté les bords de l'Erdre, ils ont été rejoint dans les années 70 par des canaris (1) dont le plumage coloré égaye les deux cotés de la rivière. Le centre de formation du FCNA (football club de Nantes-Atlantique) est en effet situé à la Jonnelière, en face de leur stade de la Beaujoire. Si nos canaris se sont beaucoup fait plumer ces dernières années en seconde division on leur souhaite de retrouver leur gloire passée (2) pour leur retour à l'étage supérieur.
La Jonnelière de la chanson, celle qui est restée dans la mémoire des nantais, était donc un lieu de loisirs et de plaisirs: guinguettes, galettes, cidre ou muscadet, pique nique familiaux, promenade en barque ou à l'ombre propice des bois tous proches pour les amoureux. On y vient chercher la détente, la verdure, la fraîcheur du bord de la rivière, mais aussi profiter des attractions. Un zoo y fut installé - qui ferma ses portes après qu'un lion y ait tué un enfant – un musée automobile, aujourd'hui une base nautique. Mais le principal centre d'intérêt ce sont les guinguettes. Du début du 20ème siècle à 1960 elles font de la Jonnelière, un haut lieu de la musique et de la danse. Les gens de la ville y dansent la valse, le fox trot, le tango sur les pistes couvertes ou extérieures dont dispose chaque établissement.
Pour écouter la chanson et en savoir plus:

la Jonnelière

Au bord de la rivière de l'Erdre si jolie
Voici la Jonnelière et ses bosquets fleuris
Dans ce décor charmant de tout temps on dansa
Parait que Grand'maman piquait une polka
Et là sous les charmilles les filles et les garçons
Dansaient un vieux quadrille au rythme du piston

refrain

Aujourd'hui à la Jonne' au son de l'accordéon
Les filles s'abandonnent dans les bras des garçons
Et les yeux dans les yeux on se fait des serments
On ne dit rien de mieux pourtant on se comprend
Ensemble tourbillonnent les filles et les garçons
Tout le jour à la Jonne' au son de l'accordéon
 
Sous les mêmes ombrages écoutez d'autres sons
On est plus à la page, le one step, le boston
Se dansent avec ardeur et le jeune tango
Lui aussi fait fureur même chez les aristos
Un piano mécanique chez le bistrot du quai
Des beaux airs d'Amérique donne les notes gaies
(au refrain)

Dans un décor de grâce à l'ombre d'un vieux pont
La rivière se prélasse au milieu des ajoncs
Le pickup sans arrêt diffuse une java
Qu'en se serrant de près on danse à petit pas
De toutes les guinguettes écoutez les flons-flons
D'une java musette que joue l'accordéon
(au refrain)

(1) pour les nons-nantais ou étrangers au milieu du foot, précisons que la couleur jaune à parements verts du maillot des footeux nantais leur a valu ce surnom de canari. Les échos d'une chanson de supporters « allez, allez les canaris, ce sont les rois de la prairie... » résonnent encore dans l'ancien stade Marcel Saupin, déserté en 1984 pour celui de la Beaujoire. Une autre fois peut être...
(2) huit titres de champion et trois coupes de France. Quand même !!!

Nos infos sur la Jonnelière doivent beaucoup au tome 2 de «Histoire des quartiers nord de Nantes : La Jonnelière, un village au bord de l'Erdre», ouvrage réalisé par le centre socio-culturel de la Boissière à Nantes.

Chanson sur feuille volante – paroles : A. Aubin, musique : J. Aubernon – Java musette
interprètes : Janick Péniguel (chant) Blandine Mousset (accordéon)

jeudi 8 août 2013

Dastum, Dastum ou Dastum ?

Nous avons publié la semaine dernière un premier d'erratum. Profitons en pour corriger quelques erreurs fréquemment commises. Mais cette fois c'est à vous chers amis que nous nous adressons.

Dastum est un mot breton, sans véritable équivalent français, qui signifie à la fois recueillir et rassembler...
Il se prononce Dastum, comme dans parfume, allume, assume...

Qu'on ne vous y reprenne plus à nous asséner des Dasteum en forme de géranium, de baba au rhum, d'album...ou d'erratum.
Ni de Dastoum rimant avec surboum, loukoum, hépatum ou dominus vobiscum.
Non mais des fois !
A bientôt pour une nouvelle chanson.

vendredi 2 août 2013

15 - Le départ de Napoléon


On ne dira jamais assez la richesse du répertoire contenu dans les cinq volumes de chansons de la presqu'ile guérandaise compilées par Fernand Guériff. De la chanson à dizaine aux grandes complaintes en passant par la chanson historique, comme celle de cette semaine.
Le départ de Napoléon n'a pas été collecté directement par Guériff. Il provient du fonds de 200 chansons notées autour de 1860 par Gustave Clétiez, musicien (organiste) et compositeur de Guérande. Cette chanson figure page 314 du tome 3, dans un chapitre consacré aux souvenirs napoléoniens dans la chanson. Mais laissons la parole à l'auteur : « La collection de Gustave Clétiez contient quatre curieuses chansons, répandues chez nous par colportage, sur l'époque napoléonienne. Ce sont donc des œuvres relativement récentes. Leur cycle a été court, mais elles avaient tout de même pris racine puisqu'on les chantait vers 1860. Le souvenir de Napoléon a persisté longtemps dans le peuple après Waterloo. »
Dans la période difficile de la restauration, le culte entretenu par les partis bonapartistes, et porté par d'anciens soldats de la grande armée, trouvait un écho dans notre région. « C'est ainsi qu'à Saint Nazaire, un quartier de la ville s'appelle le petit caporal. En 1850 il y avait en cet endroit une très modeste auberge coiffée de tuile avec, au dessus de la porte, un panneau représentant l'empereur peint sur toile.
C'est sous forme de complaintes qu'on montrait le triste sort de Napoléon 1er pour apitoyer les populations, ou qu'on chantait certains faits légendaires pour exalter sa bonté, sa justice. »
Ces chansons sont devenues rares. Guériff en cite juste une autre version trouvée en Berry.
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Erratum, Errata, Erato et rateaux

A vouloir faire les malins, ceux qui savent tout sur la chanson traditionnelle, on finit par oublier quelques détails qui ont leur importance. Alors rendons à ces arts ce qui appartient à ces artistes.

A propos de la chanson des trente voleurs de Bazoges nous regrettions que la version enregistrée par Patrick Couton ne soit plus disponible. Ce serait oublier que la chanson a été de nouveau enregistrée sur le disque « Brou Couton, complaintes et chansons » paru en 2005. Comme ce disque est toujours disponible, via Albumtrad par exemple (www.albumtrad.com), ce serait dommage de s'en priver. Cette chanson est la seule interprétée par Patrick, qui accompagne Roland Brou sur toutes les autres plages du CD.

Deuxième oubli, à propos de la chanson « c'était une fille sage » : Mathieu Hamon en interprète une version intitulée la fille de Batz sur le disque « Tourmenté d'amour » publié en 2002 aux éditions Modal. Mathieu y est accompagné par Ronan Robert à l'accordéon et le regretté Christophe Caron à la bombarde. Ce CD est lui aussi disponible chez le même fournisseur.

vendredi 26 juillet 2013

14 - C'était une fille sage

Il n'y a pas de raison qu'en cette période de vacances les chaînes de télévision soient les seules à nous abreuver de faits divers sordides. C'est donc une complainte criminelle qui se chargera cette semaine de refroidir l'ambiance caniculaire.

Cette complainte a été recueillie dans le sud du département, à Gétigné. L'ouvrage d'Armand Guéraud (1) en publie une version semblable chantée à Viellevigne, soit 10 kilomètres à vol d'oiseau. Fernand Guériff (2) reprend cette version qui situe l'action à Batz, en pays paludier. Rien ne permet cependant de localiser ce drame sanglant. Dans les collectes nivernaises d'Achille Millien (3) c'est à Lyon que se déroule l'action.
Tous ces collecteurs sont cependant d'accord sur un point : cette chanson est assez peu fréquente dans le répertoire. Elle associe deux thèmes de la tradition populaire. Celui de l'aubergiste assassin et celui du couteau qui sert à confondre le meurtrier.

Que cette histoire épouvantable ne vous empêche pas de passer de bonnes vacances. Si vous voulez nous retrouver, consultez la rubrique actualités. Pour occuper vos loisirs consultez la page éditions ; le dernier tome des collectes de F. Guériff vient juste de sortir... Et à la semaine prochaine
Pour écouter la chanson et lire la suite:

samedi 20 juillet 2013

13 - Je voudrais bien m’y marier


Voilà une chanson souvent répertoriée sous le titre « la demi douzaine d'amants ». Mais comme on est généreux dans le pays nantais, on atteint ici la dizaine.
Cette énumération est censée être chantée par une jeune fille qui passe en revue ses prétendants, leurs métiers, leurs qualités et surtout leur défauts. Elle est encore au goût du jour dans les repas de mariage, de par sa facilité d'adaptation. Rien n'empêche en effet de remplacer laboureur par gestionnaire de compte et tisserand par consultant informatique pour coller à l'actualité et à la profession de l'heureux élu.
Les versions traditionnelles nous donnent une liste de métiers inépuisable : maréchal ferrant, vigneron, tisserand, cordonnier, meunier, menuisier, couvreur, boulanger, charron...avec des rimes fort intéressantes : tailleur / voleur - marin / verre en main - pêcheur d'anguilles / mon cœur dégobille... Quand au choix du mari il a varié avec les époques. Plusieurs versions collectées au 19ème siècle font choix d'un militaire, un capitaine, un officier, comme ici. Le prestige de l'uniforme ayant sensiblement décru depuis, les versions plus récentes mettent souvent à l'honneur les chanteurs et les sonneurs. «... et nous irons par les chemins jouant de la musique ».
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vendredi 12 juillet 2013

12 - Les canotiers de Loire

Vous ne l'avez sans doute pas encore remarqué, mais, depuis peu, les jours diminuent. C'est moins évident avec l'arrivée d'une chaleur estivale propice à oublier tous les soucis pour aller folâtrer dans l'herbe ou emmener la famille aux bains de mer. Pourtant le rythme des saisons est inéluctable et dans moins de six mois ce sera l'hiver. Il s'en est fallu de peu que nous vous proposions cette semaine, avec un peu d'anticipation, une chanson de Noël. Ce sera pour plus tard.
Poursuivons donc notre série des beaux jours. Après le barbecue et la baignade voici une évocation de la navigation de plaisance telle qu'on la pratiquait vers la fin du 19ème siècle. Avant que la démocratisation du dériveur ne fasse naitre les générations de coureurs d'océans, les hardis navigateurs ont d'abord colonisé les rivières. Ces refrains parlent de l'Erdre (Gueule de Serpent) ou de la Loire (régates du Pellerin, de Trentemoult...). "Les canotiers de la Loire" a été imprimée à cette époque dans un ouvrage intitulé le livre d'or du bord. Comme beaucoup de chansons de ce genre elle énumère les escales de l'estuaire de la Loire.
Alors, bon vent aux marins qui chantent les rêves qui les hantent....
 
pour écouter la chanson et lire les paroles:

vendredi 5 juillet 2013

11 - Dans la prée à mon père (le plongeur noyé)


Nous continuons notre revue des activités estivales, celles qui peuvent se pratiquer sans parapluie ni ciré jaune. Après les grillades la semaine passée, voici la baignade et ses dangers. On ne dira jamais assez qu'il faut suivre les indications des maitres nageurs et de l'office de tourisme qui prennent la peine de signaler les risques : danger baignade interdite. Seulement voilà ! le fils du métayer veut passer outre pour épater la fille. Résultat : une noyade de plus dans la rubrique des faits divers.

La plupart des versions du plongeur noyé collectées en Loire-Atlantique situent l'action au bord de la mer ou sur les bords de la Loire. La mer est traîtresse (rappel : pavillon rouge – mer agitée danger) et plonger dans la Loire est assimilé à une tentative de suicide. A Guémené-Penfao, la rivière (le Don) n'est pas assez profonde pour ce genre d'accident. Voilà sans doute pourquoi c'est un « vivier » qui sert de cadre au drame.
Ecouter la chanson et lire la suite

vendredi 28 juin 2013

10 - Nous sommes ici à table


C'est l'été, le temps des pique nique et des barbecues. Alors entre deux tournées de merguez et de chipolatas, pour remercier les amis qui vous ont invité, quoi de mieux qu'une petite chansonnette.

Cette chanson de table est interprétée dans sa version collectée à Escoublac par Fernand Guériff. Elle est souvent complétée par d'autres couplets « j'ai un coquin de frère qui me fait enrager... ». Guériff y voyait la survivance d'une « bergerette  qui s'est détériorée, fragmentée et rencontrée avec d'autres chansons ». Il existe une quantité d'autres collectages de ce thème. En Loire-Atlantique, dans la presqu'ile guérandaise et dans le pays de Retz en particulier ; et partout ailleurs dans le répertoire francophone, de la Vendée jusqu'en Savoie.

Le texte de cette chanson a été publié en 2005 par Dastum 44, dans le volume 2 de l'oeuvre de Fernand Guériff : le folklore du mariage (voir page éditions)

A vous de chanter, et bon appétit.
Pour écouter la chanson et lire la suite

vendredi 21 juin 2013

9 - La chanson de Donges


Pour fêter la sortie du quatrième tome des chansons collectées par Fernand Gueriff, voici une évocation chantée d'une commune des bords de la Loire, extraite du tome 3 (voir page éditions).

Cette chanson n'a certes pas la qualité des grandes complaintes. Elle n'ambitionne pas de prix de poésie et ne concourra pas à l'eurovision. Son principal intérêt est d'être un modèle type de chanson composée sur un timbre. Pour les non initiés, le timbre désigne un air déjà utilisé en d'autres circonstances sur lequel un auteur, le plus souvent anonyme, a fait rimer ses propres paroles. C'est simple, surtout si l'air est bien connu. On se contente de préciser « sur l'air de... » et on ne s'embête plus avec le solfège. De nombreuses chansons populaires ou traditionnelles ont utilisé des timbres en vogue : l'air de Fualdès au 19ème siècle, la Paimpolaise au 20ème...Le recueil « la clé du caveau » est la plus connue des collections de timbres. Pour notre composition locale chacun reconnaîtra...
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Chansons du pays guérandais: le tome IV est paru

Une bonne nouvelle en ce jour de fête de la musique: le tome 4 du "trésor des chants populaires folkloriques du pays de Guérande" de Fernand Gueriff, est arrivé. Pour vous qui attendiez cette naissance avec impatience, c'est un beau bébé de 380 pages consacré au chants à danser et au répertoire enfantin. Pour le commander écrivez à contact@dastum44.net

380 pages, 22 euros, des heures de plaisir
Avec ce tome IV est achevée la série commencée par l'auteur de son vivant puis reprise par Dastum 44 et le Parc naturel régional de Brière. Une originalité de cette collection est que le tome 5 avait été publié après le premier.
Récapitulons, dans l'ordre des parutions:

T. 1 les répertoires et fonds anciens
       Clétiez, Soreau, Pavec, Tattevin...)

T. 5 le folklore de Noel
T. 2 le folklore du mariage
T. 3 les chansons de la Brière
       et de St Nazaire...

T. 4 les danses et le répertoire enfantin

Les deux premiers (1 & 5) sont épuisés; les trois autres disponibles à Dastum (rendez vous à la page éditions)

vendredi 14 juin 2013

8 - les trente voleurs


Notre chanson de la semaine, a été collectée à Machecoul (44) à la fin du 19ème par Soreau (encore lui !). Pour la plupart d'entre nous cette chanson des trente voleurs de Bazoges évoque immédiatement la complainte de Mandrin. Celle ci bénéficie d'une popularité qui doit beaucoup à la quantité d'enregistrements qui en ont été fait : Yves Montand, Guy Béart pour les plus connus, sans oublier Marc Ogeret ou les Ménétriers et une bonne vingtaine d'autres moins médiatisés.
Le brigand Louis Mandrin, né en 1724 en Dauphiné, est mort roué vif le 26 mai 1755 (vers cinq heures de l'après midi). La complainte aussitôt composée a repris un timbre tiré d'un opéra de Rameau, Hyppolite et Aricie.

Et alors ? Pourquoi tant de précisions historiques ? Laissons la réponse à Jérôme Bujeaud dans son tome 2 des chansons populaires des provinces de l'ouest : « le jeudi 3 février 1583, M. Rapin, vice sénéchal de Fontenay le Comte, accompagné de ses soldats...tuèrent à Réaumur 40 ou 50 voleurs qui pillaient, rançonnaient les pauvres du plat pays et violaient les femmes. L'un des dits voleurs qui était sergent fut pendu à Fontenay. » Voilà donc l'origine de...
Pour écouter la chanson et lire la suite:

vendredi 7 juin 2013

7 - De Mantoue jusqu'à Nantes

Cette semaine ce n'est pas une chanson mais un instrumental qui va illustrer la suite de notre voyage, de Mantoue jusqu'à Nantes.
L'avant-deux de travers, est interprété par le Père Jean (Jean Debeix) sonneur d'accordéon. Dastum a consacré un CD à ce musicien, charnière entre la musique de tradition et le renouveau du « folk » (voir la page éditions). Mais quel rapport peut il y avoir entre la ville de Mantoue, chantée la semaine dernière, et cette danse emblématique du pays nantais ? Tout simplement plusieurs siècles d'un voyage musical qui mérite quelques explications.

La «Mantovana», autrement dit «Il Ballo di Mantova» (la danse de Mantoue) , est apparue au début du 17ème siècle à la cour des Gonzaga de Mantoue, où elle est jouée aux noces de Francesco Gonzaga et Marguerite de Savoie. Elle est immédiatement devenue le symbole musical de cette ville. Son origine est sans doute à rechercher dans les quartiers populaires de Mantoue. Très rapidement ce thème s'est répandu dans toute l'Europe. Les événements survenus dans cette partie de l'Italie (voir chanson 6 - la prise de Mantoue) ont dû favoriser cette émigration culturelle. Notée dans le recueil de mélodies lombardes de Gasparo Zanetti en 1645, elle est déjà publiée à Londres dans la première édition du Playford dancing master en 1657 sous le titre « an italian rant ». A cette époque la musique italienne influence toutes les musiques savantes ou populaires.


En France, Louis-Claude Daquin en tire un célèbre Noël. Mais c'est surtout...
Pour lire la suite et écouter la musique

vendredi 31 mai 2013

6 - La prise de Mantoue


Voilà une balade historique qui va nous faire voyager dans l'Europe musicale. Quel rapport entre Mantoue, en Lombardie, et la Loire-Atlantique ? C'est une longue histoire sur laquelle nous reviendrons prochainement.

Pour cette semaine intéressons nous de plus près à ce texte qui recèle quelques mystères. Tout d'abord, les historiens situent le siège de la ville de Mantoue en 1797. La ville s'est bien rendue, mais au général Sérurier et non pas à Bonaparte, commandant en chef qui n'était pas encore Napoléon. On ne prête qu'aux riches, c'est bien connu, et la gloire ou le souvenir du petit caporal lui ont fait attribuer des mérites et une victoire qui ne lui doit rien. Encore mieux, il est fort possible que cette chanson fasse référence à un événement antérieur. A qui se fier ? Davenson, dans le « livre des chansons » indique que la chanson aurait été adaptée en 1797 d'une chanson militaire du 18ème déjà utilisée dans des circonstances analogues, pour la capitulation des villes de Mons, Toulon, Moscou, Besançon...ou Montaigu. Le héros y est tantôt le Roi, la Nation, Bonaparte ...ou Charette.

Notre version du pays guérandais a été publiée dans le tome 3 du « trésor des chants populaires folkloriques du pays de Guérande, de Fernand Guériff, édité par Dastum 44 (voir page éditions)
La prise de Mantoue by Dastumla
Lire la suite et le texte de la chanson

vendredi 24 mai 2013

5 - Enfant petit


Cette belle chanson avec sa morale destinée aux enfants est très originale. Son système de rimes est assez inhabituel. Elle est ici interprétée en chant à la marche. D'ailleurs elle ouvre le CD « chants à la marche en Loire-Atlantique » édité en 2003 par Dastum 44. Quelques derniers exemplaires sont encore disponibles à un prix promotionnel. Qu'on se le dise !

Les chants à la marche n'étaient pas spécialement composés pour cette occasion. Il s'agit souvent de chants à danser ou chants de table adaptés pour les besoins de la marche. Des chants à répondre accompagnaient autrefois les déplacements à pied sur les chemins et les routes. Pour faire plusieurs kilomètres en groupe, le chant constitue un accompagnement qui fait oublier la fatigue et finalement réduit les distances ! Chants à décompter « à la dizaine » ou chants à textes accompagnaient les cortèges de noces, les fêtes de conscrits... et d'une manière générale tout déplacement en groupe était une occasion de chanter.

Aujourd'hui, les balades chantées, déconnectées de cet aspect social, sont du domaine des loisirs. Mais leur succès dans notre région se justifie parce qu'elles sont une des rares occasions de chanter en groupe. A ce propos, rappelons qu Dastum 44 et le Groupement culturel des pays de Vilaine organisent une balade chantée à Guenrouet le dimanche 9 juin (voir à la page activités)

  01 Enfant petit by Dastumla
Lire la suite et le texte de la chanson:

vendredi 17 mai 2013

4 - Là haut dedans la tour


Une chanson d'amour qui finit bien ! Ce n'est pas si souvent.

C'est encore Abel Soreau qui nous offre cette version de la fille du roi Loys, collectée en 1897 dans le pays de Chateaubriant. La chanson reprend le thème moyenâgeux de la princesse enfermée dans la tour, déjà chanté par les trouvères au 13ème siècle. Elle est connue depuis sa première publication en 1842 par Gérard de Nerval qui pour cet air aurait donné « tout Mozart, tout Rossini, tout Weber... » Sans aller jusque là, remarquons que cette histoire a conquis tous les terroirs francophones, occitans, catalans, piémontais...

D'autres versions d'origine bretonne ont été publiées par Dastum. Celle recueillie par Daniel Giraudon à Plancoet (22) et reproduite sur le CD Grandes complaintes de Haute Bretagne (édition Ar Men SCM 040/041) ne va pas jusqu'au dénouement heureux. Mathieu Hamon a collecté auprès d'Eugénie Corbillé, du Dresny (44) une version qui zappe le début de l'histoire et débute alors que la fille du roi a déjà passé sept ans enfermée. Vous pouvez entendre Mathieu la chanter sur le disque Gouel 20 vloaz Dastum. Quand au collectage original il figure sur le double CD édité en 2012 par Dastum 44 Anthologie du patrimoine oral de Loire-Atlantique (voir à la page éditions).

Vous pourrez ainsi comparer avec notre chanson de la semaine.

 Là-haut dedans la tour by Dastumla
texte et commentaires:

vendredi 10 mai 2013

3 - l'embarras du ménage


Après la caille et la perdrix (ch. n° 1) voici une nouvelle chanson qui parle de mariage. Ce texte sur « L'embarras du ménage » adresse un avertissement solennel aux futurs mariés : une fois passée la cérémonie, fini de rire.
La chanson fait-elle partie d'une série de conseils donnés aux futurs époux, au même titre que « Adieu la fleur de la jeunesse », « La femme du bambocheur » ou encore « Qui veut connaître misère » qui développent le même thème. Ou bien est-elle juste destinée à mettre de l'ambiance lors du repas de noces ?

Dans les années 1900, le chanoine Abel Soreau, enseignant au collège Saint Stanislas à Nantes, a collecté des chants dans tout le département, qui s'appelait alors Loire-Inférieure. Il en a publié plusieurs fascicules. L'autre jour dans un bois, la version chantée ici, vient de Vallet, au cœur du vignoble nantais.

En tous cas si malgré tous les avertissements chantés vous persistez dans vos projets, ne venez pas dire qu'on ne vous avait pas prévenus !
pour écouter la chanson et lire la suite:

mercredi 1 mai 2013

2 - La petite galiote


Notre seconde « chanson de la semaine » provient de l'important répertoire collecté et rassemblé par Fernand Gueriff. Elle a été publiée dans le quatrième volume de sa collection, édité en 2009 par Dastum 44 et le Parc naturel régional de Brière.
Gueriff signale que cette chanson, très connue au 19ème siècle dans toute la Basse Loire, est apparentée à une chanson de corsaires qui décrit le retour au pays après l'affrontement avec des navires anglais. Ce thème a du remonter la Loire, puisqu'on en trouve une version dans les collectes d'A. Millien (chansons du Nivernais).

Fernand Gueriff avait programmé l'édition de cinq volumes de ses collectes. Deux ont été publiés de son vivant, consacrés aux répertoires anciens et aux chants de Noël. Dastum 44 a pris le relais avec le folklore du mariage (éd. 2005) et ce volume regroupant des chansons de Saint Nazaire et de la Brière.

Le dernier ouvrage de cette collection paraîtra prochainement. Il est constitué des répertoires des danses et des chansons enfantines. Nous hisserons le pavillon et tirerons le canon pour vous en avertir !
paroles de la petite galiotte
La petite galiote by Dastumla

samedi 20 avril 2013

1 - Le mariage des oiseaux




Bienvenue sur le nouveau blog de Dastum 44.
Découvrez notre première chanson, extraite du répertoire de Loire-Atlantique


C'est le printemps (enfin!). Dastum 44 inaugure son blog.

Pendant ce temps là, les oiseaux font des projets matrimoniaux. Ici, la caille et la perdrix, ailleurs l'alouette avec le pinson ou le marlot. Ce thème est quasi universel ; on retrouve des histoires identiques dans tous les pays et toutes les langues. La noce n'est pas réservée aux oiseaux : froggie went a courtin' consacre l'union d'une grenouille et d'une souris. Si dans la nature l'accouplement de deux espèces est un beau sujet pour les zoologistes, dans la chanson le mariage pour tous est déjà en vigueur.
La fête réconcilie toutes les espèces. Mais la nature ne tarde pas à reprendre ses droits. Les oiseaux se nourrissent de lombrics ; leurs œufs sont chapardés par les rats et ceux ci servent de déjeuner au marcou du coin. C'est la chaine alimentaire. Et là où il y a de la chaine, il n'y pas de plaisir ! La plupart de ces chansons finissent en tragédie.

Notre version locale vient du Pays de Retz ; plus précisément des environs de Pornic où elle a été copiée dans le cahier de chansons d'un violoneux. Des versions assez proches ont été recueillies en Vendée et dans les Deux-Sèvres.


Profitez des beaux jours... et méfiez vous du chat.
Pour écouter la chanson et lire la suite: