vendredi 31 janvier 2014

Quelques mariages et un enterrement

Pete Seeger est mort. Il avait 94 ans et derrière lui une vie bien remplie. Il s’en est allé rejoindre son frère Mike (1) décédé il y a deux ans. Nous ne reviendrons pas sur sa longue carrière. Vous en trouverez tous les détails un peu partout sur le web. C’était le dernier survivant des grands folksingers des années 40, les Woody Guthrie, Cisco Houston, Leadbelly…On vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre et qui eut une influence prépondérante sur notre façon d’aborder les chansons traditionnelles.
Pete Seeger a influencé toute une génération d’amateurs de musiques et de chansons. On disait « le folk » à cette époque. Aujourd’hui ce mot sert à désigner n’importe quel gratouilleur de guitare acoustique. Peu importe les mots et les étiquettes. Né de parents fortement impliqués dans la musique, Pete Seeger a été un collecteur, travaillant avec le fameux Alan Lomax. Ses premiers enregistrements privilégiaient la chanson revendicative et protestataire. Les Almanac singers, avec W. Guthrie, utilisaient des mélodies traditionnelles et des thèmes contemporains. Sa participation aux célèbres Weavers nous a valu quelques tubes mondialement connus. C’est peut être avec son travail en solo qu’il a été le plus apprécié en France. La publication par la compagnie « le chant du monde » de nombreux disques édités aux USA par Folkways nous a fait découvrir toute la série des « American Favorite Ballads ». Une source de répertoire pour tous les amateurs de trad. américain. C’est au travers de cette série que nous allons faire le rapprochement avec nos traditions locales.
Dès la première chanson publiée sur ce blog (2), il en était question. Le temps d’aller le vérifier vous pourrez lire la suite.

vendredi 24 janvier 2014

40 - En m’en revenant de Lille en Flandres

Si on vous dit que les chansons de menteries sont celles qu'on préfère vous n'êtes pas obligés de nous croire. Mais elles sont tellement répandues dans les traditions de tous les pays qu'on ne pouvait y échapper. D'autant que la prochaine ouverture de la campagne électorale risque de reléguer nos menteries bien en dessous de toutes les affirmations et promesses à venir.

Cette chanson prouve aussi que notre chauvinisme a ses limites. Après avoir chanté sur tous les tons le port de Nantes et ses navires nous voilà revenus de chez les ch'tis. Habituellement le chanteur de menteries commence par un avertissement du genre «  je vais vous dire une chanson qui est pleine de mensonges » à l'intention de ceux qui croient tout ce qu'on leur dit. Sans doute aussi pour éviter de passer pour un simple d'esprit. Ici, les deux premiers vers nous font attendre tout autre chose. L'incipit « m'en revenant » introduit souvent une chanson d'amour, heureux ou malheureux, ou d'aventures galantes. A titre d'exemple vous trouverez à la fin de cet article les paroles d'une chanson portant le même titre qui détaille la rencontre avec une jolie flamande et ce qui s'ensuit. Le second vers est plus fréquent dans ces chansons où on parle d'aller charruer sur les côtes d'Angleterre. La localisation lilloise restera donc un mystère. Le gars Constant a qui on doit cette version a-t-il débuté une chanson et enchaîné sur une autre ?
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vendredi 17 janvier 2014

39 – trois navires chargés de blé


On aura beau parler de l'intemporalité des chansons traditionnelles, dans le contexte actuel chanter au refrain  " il vente, ce sont les flots de la mer qui nous tourmentent" relève plus de l'alerte orange à Météo-France que de la poésie populaire. Ce n'est pourtant pas de la tempête Xynthia dont il est question dans cette chanson.
Si ces trois navires chargés de blé ont abordé dans tous les ports de la côte atlantique et de la Méditerranée, c'est la cependant la ville de Nantes qui en connaît le plus grand nombre de versions. On peut le dire sans chauvinisme aucun (1). Même si la version « A Saint Malo (2), beau port de mer » est sans doute la plus connue, la plus chantée au Québec. Même si, comme l'affirment Doncieux(3) ou Tiersot, la chanson serait originaire de Bordeaux au 18ème siècle.
L'histoire en elle même est quasi invariable. Quel que soit le port d'abordage, de Dunkerque à Marseille en passant par Fécamp, le Havre ou la Rochelle la belle se laisse embarquer en protestant (pour la forme?). Plutôt que de chercher la signification ou la morale de cette histoire, intéressons nous aux nombreux refrains qui l'accompagnent. La liste n'est pas exhaustive :
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vendredi 10 janvier 2014

38 - Quand l’p’tit bonhomme revient du champ

Par ce temps pluvio-venteux qui n'incite guère à l'enthousiasme, comment retrouver la bonne humeur ? Mais en chantant bien sur ! Ou alors en suivant le mauvais exemple du personnage principal de notre chanson de la semaine, qui a choisi de se remonter le moral en s'adonnant à la boisson. Si la version proposée se termine sur une soupe aux poireaux qui nous laisse un peu sur notre faim, l'origine de son état ne fait aucun doute. Quelques recherches dans le voisinage nous le confirmeront.
Cette chanson a été collectée à Nivillac par Hervé Dréan (1), qui la chante lui même ici. On vous entend déjà protester que Nivillac se trouve dans le département du Morbihan. Certes ; mais non seulement la chanson se moque des frontières administratives, et encore celles ci correspondent elles vraiment aux réalités du terrain. Quand il a fallu découper les départements, sous la révolution, les limites choisies ont fait l'objet d'arbitrages compliqués. C'est ainsi que cinq communes situées au sud de l'estuaire de la Vilaine se sont retrouvées en Morbihan. Nivillac est l'une d'elles. Ces communes sont généralement désignées sous le nom de « pays mitao ».
Peu importe donc de quelle préfecture dépendait le chanteur enregistré. L'intérêt de cette chanson c'est qu'elle fait partie d'une grande famille. Les cousines se retrouvent dans les ouvrages de...
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samedi 4 janvier 2014

37 - Coupons les fifondes


Cette fois ça y est. Les agapes, festivités, réjouissances...et leurs lendemains qui déchantent, sont derrière nous. Il est temps de se remettre au travail. Cette semaine nous coupons les fifondes.

Ne vous précipez pas sur le dictionnaire, vous avez peu de chances d'y trouver le mot ; sauf si votre édition est consacrée au langage briéron. Les fifondes, ou fifandes, désignent une sorte de jonc qui servait à rempailler les chaises. Cette matière première étant omniprésente dans le marais de brière, l'économie locale a donné, outre des coupeurs de fifondes, des vanniers et des chaumeurs(1) réputés.

Seul le refrain nous indique le caractère local de la chanson. Le texte lui même se rattache à un thème connu : celui du prince d'Orange qui revient de guerre blessé « de trois coups de lance qu'un anglais lui a donné ». L'origine de cette chanson remonterait donc aux guerres contre Charles Quint.
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Bonne année 2014


Bonne année, bonne santé ; que 2014 vous chante, vous enchante et vous entende chanter tout au long de l'année.

Commençons donc l'année par une bonne nouvelle, pour les nantais (1) : nous nous retrouverons pour une session de chants, à l'initiative de Dastum 44, un mardi par mois à l'heure de l'apéro. La première est organisée mardi 21 janvier. Tous les détails pratiques sont sur la page « actualités ».

Si vous fréquentez ce blog dans l'unique espoir d'enrichir votre répertoire, vous retrouverez bientôt la suite de notre grand feuilleton intitulé « une chanson traditionnelle par semaine ».

En attendant, puisque le début d'année est le moment idéal pour prendre de bonnes résolutions, nous vous donnons dix bonnes raisons de chanter :

1 – la chanson traditionnelle est une source inépuisable de joie et de bonne humeur : Certes, vous nous ferez remarquer que la mort du roi Renaud, le plongeur noyé ou la belle enfermée dans la tour ne sont pas des sujets d'une franche hilarité. Mais si les textes eux même ne se rattachent pas tous au type « y'a d'la joie », c'est le plaisir de chanter qui rend heureux. Le plaisir d'avoir en bouche un de ces grand crus de la poésie populaire ou un de ces petits refrains mûris au soleil sur des terroirs sélectionnés et transmis de génération en génération. A consommer, bien sur, sans aucune modération.

2 – la chanson traditionnelle a des effets bénéfiques sur la santé : elle éclaircit la gorge, dégage les bronches, bonifie le cœur, facilite la digestion, donne du tonus et allège les jambes. La preuve : elle vous rend capable de danser jusqu'au bout de la nuit. Elle vous fait
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