vendredi 10 mai 2013

3 - l'embarras du ménage


Après la caille et la perdrix (ch. n° 1) voici une nouvelle chanson qui parle de mariage. Ce texte sur « L'embarras du ménage » adresse un avertissement solennel aux futurs mariés : une fois passée la cérémonie, fini de rire.
La chanson fait-elle partie d'une série de conseils donnés aux futurs époux, au même titre que « Adieu la fleur de la jeunesse », « La femme du bambocheur » ou encore « Qui veut connaître misère » qui développent le même thème. Ou bien est-elle juste destinée à mettre de l'ambiance lors du repas de noces ?

Dans les années 1900, le chanoine Abel Soreau, enseignant au collège Saint Stanislas à Nantes, a collecté des chants dans tout le département, qui s'appelait alors Loire-Inférieure. Il en a publié plusieurs fascicules. L'autre jour dans un bois, la version chantée ici, vient de Vallet, au cœur du vignoble nantais.

En tous cas si malgré tous les avertissements chantés vous persistez dans vos projets, ne venez pas dire qu'on ne vous avait pas prévenus !
pour écouter la chanson et lire la suite:


L’AUTRE JOUR DANS UN BOIS
L’autre jour dans un bois j’entendis une voix
Et cette voix que j’entendais disait dans son langage
Filles et garçons à marier, pensez dans le ménage

L’embarras du ménage c’est un grand embarras
Il faut nourrir femme et enfants et payer le loyage
Et toujours va recommençant l’embarras du ménage

Le jour de vos fiances, quel mouchoir prendrez-vous ?
Il faudra prendre un mouchoir blanc pour essuyer vos larmes
En disant : adieu mon beau temps, j’vas entrer en ménage

Le jour de vos noces divertissez-vous bien
La belle, prenez bien d’l’agrément avec votre parentage
En disant : adieu mon beau temps, m’y voilà dans l’ménage

Le lendemain d’vos noces, quels habits prendrez-vous
Il faudra prendre des habits noirs, habits de repentance
En pensée de tous les devoirs d’votre nouvelle existence

La pauvre fille disait, en faisant ses paquets
Or, adieu donc, logis plaisant, le lieu de ma naissance
Et où j’ai pris tant d’agrément et tant de réjouissance

Au bout d’quatre à cinq semaines, chez son père elle revient
Mon cher papa, que j’ai d’regret d’être mariée à un homme
Qui passe son temps au cabaret et n’fait point sa besogne

Le soir quand il se couche, il ne me parle pas
Il dit seul’ment : ah, que j’suis las ! Me r’gardant d’un œil louche
Ma fille il faut bien prudemment s’conformer à l’usage
Les hommes sont bien rarement galants dans leur ménage

Ton mari il est jeune, il pourra s’amender
Hélas, quand va-t-il s’amender, quand il aura pris d’l’âge
Quand il n’pourra plus travailler, pour moi quel avantage ?

source : collectage d’Abel Soreau auprès d’Eugène Babonneau, aux Corbellières en Vallet, le 29 avril 1906
interprète : Barberine Blaise
références : catalogue Coirault – Que les amants sont insouciants de se mettre en ménage (05420) – catalogue Laforte - Adieu de la mariée à ses parents (2P 01)