vendredi 24 mai 2013

5 - Enfant petit


Cette belle chanson avec sa morale destinée aux enfants est très originale. Son système de rimes est assez inhabituel. Elle est ici interprétée en chant à la marche. D'ailleurs elle ouvre le CD « chants à la marche en Loire-Atlantique » édité en 2003 par Dastum 44. Quelques derniers exemplaires sont encore disponibles à un prix promotionnel. Qu'on se le dise !

Les chants à la marche n'étaient pas spécialement composés pour cette occasion. Il s'agit souvent de chants à danser ou chants de table adaptés pour les besoins de la marche. Des chants à répondre accompagnaient autrefois les déplacements à pied sur les chemins et les routes. Pour faire plusieurs kilomètres en groupe, le chant constitue un accompagnement qui fait oublier la fatigue et finalement réduit les distances ! Chants à décompter « à la dizaine » ou chants à textes accompagnaient les cortèges de noces, les fêtes de conscrits... et d'une manière générale tout déplacement en groupe était une occasion de chanter.

Aujourd'hui, les balades chantées, déconnectées de cet aspect social, sont du domaine des loisirs. Mais leur succès dans notre région se justifie parce qu'elles sont une des rares occasions de chanter en groupe. A ce propos, rappelons qu Dastum 44 et le Groupement culturel des pays de Vilaine organisent une balade chantée à Guenrouet le dimanche 9 juin (voir à la page activités)

  01 Enfant petit by Dastumla
Lire la suite et le texte de la chanson:

05 - Enfant petit

Quand j’étais chez mon père enfant petit (bis)
Enfant petit, belle voici votre ami
Petit enfant, belle voici votre amant

J’allions dedans les landes chercher des nids
Cherchant des nids, belle voici votre ami
Des nids cherchant, belle voici votre amant

J’en trouvais un de caille deux de perdrix
Deux de perdrix, belle voici votre ami
Des œufs dedans, belle voici votre amant

La caille est sur la branche quand elle me vitQuand elle me vit, belle voici votre ami
En me voyant, belle voici votre amant

Attends, attends dit-elle touches pas à mon nid
Touches pas mon nid, belle voici votre ami
En y touchant, belle voici votre amant

Monsieur prenez bien garde j’ai trois petits
J’ai trois petits, belle voici votre ami
Trois p’tits enfants, belle voici votre amant

La branche elle était faible elle se rompit
Elle se rompit, belle voici votre ami
En se rompant, belle voici votre amant

Je tombis sur la tête poussant des cris
Poussant des cris, belle voici votre ami
Des cris perçants, belle voici votre amant

Ah ! ah ! me dit la caille j’te l’avais dit
J’te l’avais dit, belle voici votre ami
En le disant, belle voici votre amant.
collectée à Campbon auprès de Pierre et Marie ORAIN et Stéphane GLOTIN
interprétée par  Janig JUTEAU, avec Flore D’HALLUIN, Isabelle FLORENCEAU, Oona HENGOAT, Nolwenn LE DISSEZ et Annick MARIN (vielle à roue)
Catalogues: Coirault : 107 - la belle qui trouve le nid d'alouette
Laforte: I.I 08 - la fille et la caille
Il semble qu'on rencontre cette chanson surtout dans l'ouest (Haute Bretagne et Vendée). La version du Berry imprimée par Barbillat et Touraine a une fin différente. Si vous en connaissez d'autres n'hésitez pas à nous les faire partager.
Pour mieux comprendre le contexte ancien du chant à la marche, voici des extrais de la présentation faite par Vincent Morel dans l'introduction du CD  « chants à la marche en Loire-Atlantique » (collection En Loire-Atlantique n° 1 – 2003 – disponible à Dastum 44 – 10 €

Une des principales occasions de les chanter était bien sûr la noce : le cortège devait aller le matin chercher la mariée chez elle, la conduire à l’église, et revenir au lieu du repas, c’est-à-dire généralement le lieu où le ménage devait s’installer. Il n’était pas rare qu’une noce parcoure ainsi dix ou quinze kilomètres à pied dans la journée. Le cortège en question était souvent accompagné d’un sonneur (accordéon, violon, vielle, veuze, selon les régions), mais cela n’empêchait pas chacun de pouvoir entonner sa chanson. Une grande partie du répertoire est constituée de chants « à dizaine », ou « à décompter », c’est à dire constitués d’un couplet unique dans lequel on décompte quelque chose, de dix à un (« C’est à dix heures… », « Y a core dix filles », etc.). Dans chaque région, on trouve un chant à dizaine propre à chaque moment précis de la noce : un pour l’arrivée chez la mariée le matin, un autre pour le départ, un pour l’arrivée à l’église, un pour la sortie, un pour arriver à table, etc. Le répertoire comprend encore de nombreux autres chants à dizaine plus « passe-partout », ainsi que des chants à texte, presque toujours en « laisse » (un seul vers nouveau par couplet, combiné avec un refrain ou une ritournelle). On trouve ainsi en Haute-Bretagne de nombreuses versions « à la marche » de « A la cour du palais… », « La fille aux oranges », « Les trois canards », « Dans les prisons de Nantes…), etc. Outre la noce, toute occasion de marcher longtemps à plusieurs est occasion de chanter, surtout si c’est dans un cadre festif (les « noces de conscrits » par exemple).

L’expression « chant à la marche » signifie que tel chant est utilisé, dans tel contexte, par tel informateur ou tel groupe, à telle période, pour soutenir la marche. Cela ne signifie pas du tout que le chant en question (texte comme mélodie) soit par lui-même exclusivement et définitivement destiné à cela. Nombreux sont les exemples de « ré-emploi », de changement de fonction d’une chanson. Ainsi, de nombreuses chansons dites « à la marche » ont servi à une période plus ancienne à mener la danse, soit en l’état, soit au prix d’une adaptation rythmique et mélodique plus ou moins importante. De même, bien des chansons de marche étaient également chantées à table, toujours à répondre…