vendredi 26 juillet 2013

14 - C'était une fille sage

Il n'y a pas de raison qu'en cette période de vacances les chaînes de télévision soient les seules à nous abreuver de faits divers sordides. C'est donc une complainte criminelle qui se chargera cette semaine de refroidir l'ambiance caniculaire.

Cette complainte a été recueillie dans le sud du département, à Gétigné. L'ouvrage d'Armand Guéraud (1) en publie une version semblable chantée à Viellevigne, soit 10 kilomètres à vol d'oiseau. Fernand Guériff (2) reprend cette version qui situe l'action à Batz, en pays paludier. Rien ne permet cependant de localiser ce drame sanglant. Dans les collectes nivernaises d'Achille Millien (3) c'est à Lyon que se déroule l'action.
Tous ces collecteurs sont cependant d'accord sur un point : cette chanson est assez peu fréquente dans le répertoire. Elle associe deux thèmes de la tradition populaire. Celui de l'aubergiste assassin et celui du couteau qui sert à confondre le meurtrier.

Que cette histoire épouvantable ne vous empêche pas de passer de bonnes vacances. Si vous voulez nous retrouver, consultez la rubrique actualités. Pour occuper vos loisirs consultez la page éditions ; le dernier tome des collectes de F. Guériff vient juste de sortir... Et à la semaine prochaine
Pour écouter la chanson et lire la suite:


  C'était une fille sage by Dastumla
C’était une fille sage

C’était une fille sage
Agée d’au moins quinze ans
A pris beaucoup d’argent
C’est pour faire quelque paiement
 
S’adressant à l’auberge
Elle entre pour demander
Y aurait un bourgeois
Qui me passerait les bois
 
Un jeune soldat d’milice
Etait à s’rafraichir
Ayez confiance en moi
Je vous passerai les bois
 
Comment mettre la confiance
En un homme inconnu
Oh non, dit-elle, oh non
J’aime mieux r’tourner à la maison
 
L’cabaretier, le traitre
Vient près d’elle, pas à pas
Ayez confiance en moi
Je vous passerai les bois
 
Elle s’y laisse conduire
Comme une pauvre brebis
Tout au milieu du bois
Lui dit, le scélérat :
 
J’ai besoin d’quelque somme
Pour payer ma maison
Il me faut à l’instant
Ta vie ou bien ton argent
 
C’est point ça les promesses
Que vous m’avez données
Mon argent, le voilà
Mais ma vie, laissez-la moi
 
Malgré ses cris, ses plaintes
Qui font frémir le cœur
Le traitre il l’a frappée
Puis l’argent il a volé

Le jeune soldat d’milice
Suivait le même chemin
Fait rencontre du couteau
Qu’a m’né la fille au tombeau
 
Toujours par la même route
Retourne au cabaret
Madame, tirez du vin
Car je n’y pars que demain
 
Elle se trouve en cuisine
Il lui manque un couteau
Madame, voulez-vous le mien
Je vous le prêterai bien
 
Mais la cabaretière
Reconnait le couteau
C’est l’couteau de mon mari
Dites, comment l’avez-vous pris
 
C’est le couteau d’un monstre
Le couteau d’un assassin
Qui a tué, qui a volé
Celle qu’il devait protéger.

source : M. Grégoire, à Gétigné, le 12 septembre 1896
catalogues: Coirault : L’aubergiste assassin (Crimes divers – N° 09610) - Laforte:  Le couteau d’un assassin (2-A-15)
interprète : Oona Hengoat

(1) Chants populaires du comté nantais et du bas Poitou (vol. 1) – Modal / FAMDT
(2) Le trésor des chansons populaires folkloriques recueillies au pays de Guérande (vol. 1) cf. page éditions
(3) Chansons populaires du Nivernais et du Morvan (T. 1) - FAMDT