dimanche 22 décembre 2013

35 - Notre bon père Noé

En cette période de fêtes religieuses quoi de plus naturel que de remonter jusqu'aux temps bibliques. C'est donc au père Noé que nous allons faire la fête. Un père Noé sans « L » sans rennes et sans traîneau. Écoutez cette chansons sans tambour ni trompettes, sans hautbois ni musette et dites nous si l'air ne vous rappelle rien ?

Et si ça vous dit quelque chose c'est tout à fait naturel. Nous avons là un des timbres les plus utilisés dans la chanson populaire française. Nous avons déjà expliqué l'utilisation des timbres. Reportez vous à la semaine n° 9 « la chanson de Donges ». Celui de cette chanson à boire est noté sous le numéro 335 dans la clé du caveau, recueil publié au 19ème , la plus connue des collections de timbres (2). L'air est cependant beaucoup plus ancien. Il apparaît pour la première fois dans le « Parnasse des muses » (Paris, 1627) classé dans les chansons bachiques. Il est repris par Ballard au 18ème. Ce timbre avec ses répétitions connaît un tel succès qu'on le retrouve dans tous les domaines. Chansons de Noël tout d'abord, qui connaissent une grande vogue à cette époque (1) « Prenez bergers vos hautbois » « Allons bergers allons tous » «  Quand Dieu naquit à Noel », etc. Ce qui fit parfois croire qu'un chant de Noël était à l'origine de ce timbre. A la révolution, il sert à de nombreuses chansons politiques. A ces thèmes s'ajoutent toute une série de chansons paillardes, chants de marins, succès du café concert, et chansons composées localement par quantité d'anonymes.
pour écouter la chanson et lire la suite:

 

Comme bien souvent, les versions populaires ont suivi les courants d'émigration. C'est ainsi que « le père Noé » a servi à faire danser aux Antilles et que Conrad Laforte, qui la classe dans les chansons folkloriques à sujets religieux, dit en avoir noté 48 versions rien qu'au Canada. S'il est bien une chanson non localisable c'est celle là. Apparue dans des milieux lettrés elle s'est répandu dans toute la francophonie. La version chantée cette semaine a été collectée dans le sud de la Loire-Atlantique. Mais Patrick Bardoul en a enregistré une version identique chantée par Marie Barthélémy, à Sion les mines, dans le pays de Chateaubriant. A l'origine le premier couplet était celui consacré à l'empereur Alexandre. Mais c'est sous le timbre de « Quand la mer rouge apparut » que cette chanson est connue. Quand aux milieux populaires ils semblent donner la préférence à Noé, auquel les viticulteurs sont redevables d'avoir préservé la vigne au temps du déluge.

Joyeux Noël et bon Noé à toutes et à tous

Notes
1 – la grande période des Noëls français est surtout à cheval sur les 15ème et 16ème siècles, où de nombreux chants populaires ont servi de timbre à des Noëls, processus identique à la transformation des blues en gospel. Mais c'est une autre histoire sur laquelle nous reviendrons certainement un jour.
2 – jeu de mots de faible qualité, déjà utilisé qui plus est. De plus qu'est ce que c'est que cette idée de placer la note n° 2 avant la note n° 1 ?  Si vous trouvez que la qualité de ce blog est en baisse n'hésitez pas à nous le faire savoir (signé : le blogueur maso)

Notre bon père Noé

Notre bon père Noé
Patriarche digne
Qui le premier a planté
Le cep de la vigne
Quand ce fut pour passer l’eau
Dieu lui fit faire un bateau
Qui fut son, son, son
Qui fut ré, ré, ré
Qui fut son, qui fut ré
Qui fut son refuge
Au temps du déluge

Quand la mer rouge apparût
A la troupe noire
Pharaon y accourut
Et voulut en boire
Mais Moïse le plus fin
Vit bien qu’n’était pas du vin
Il la pa, pa, pa
Il la sa, sa, sa
Il la pa, il la sa
Il la passa toute
Sans en boire goutte

Pour nous qui ne sommes pas
Du temps de Moïse
Nous ne lassons pourtant pas
De croire à l’église
Buvons-en donc, mes amis
Du blanc, du rouge et du gris
La troupe in, pin, pin
La trou fi, fi, fi
la troupe in la trou fi
La troupe infidèle
Aura l’eau pour elle.
source : « chants populaires du comté Nantais et du Bas-Poitou » (Armand Guéraud / Joseph Le Floc’h - Nantes)
interprète : Daniel Lehuédé
catalogue P. Coirault : Quand la mer rouge apparut (Le vin – N° 10707)
catalogue C. Laforte : Notre grand-père Noé (4-N-06)
 
Version originelle de cette chanson
Quand la mer Rouge apparût
Aux yeux de Grégoi-re
Aussitôt ce buveur crût
Qu'il n'avait qu'à boi-re
Mais mon voisin fut plus fin
Voyant que ce n'était du vin
Il la pa pas, pas, pas
Il la sa, sa, sa
Il la pas, il la sa
Il la passa tou-te
Sans en boi-re gout-te !
Alexandre dont le nom
A rempli la ter-re
N'aimait pas tant le canon
Qu'il n'aimait le ver-re
Si le grand Mars des guerriers
S'est acquis tant de lauriers
Que pouvons, vons, vons
Que devons vons vons
Que pouvons, que devons
Que pouvons nous croi-re
Sinon de bien boi-re !

Le bonhomme Gédéon
Faisait des merveilles
Ainsi n'usait sédition
Rien que des bouteilles
Servons nous donc aujour'hui
De bouteilles comme lui
Faisons la la la
Faisons gue gue gue
Faisons la, faisons gue
Faisons tous la guerre
A grand coups de verres
Samson au vieux testament
Acquit de la gloire
Ne se servant seulement
Que de la mâchoire
Mangeons doncque hardiment
Mais buvons tout aussi gaiment
C'est une o o
C'est une pro, pro,
C'est une o, c'est une pro,
C'est op-pro-o-be
D'être toujours sobre
Loth qui fut un homme de bien
Se plaisait à boire
Dieu ne lui en disait rien
Il le laissait faire
Et puis quand il était soûl
Il s'endormait comme nous
Dans une ca, ca, ca
Dans un ver, ver, ver
Dans une ca, dans un ver
Dans une caverne
Près de la taverne
Noé pendant qu'il vivait
Patriarche digne
Savait bien comme on buvait
Du fruit de la vigne
De peur qu'il ne bût d el'eau
Dieu lui fit faire un bateau
Trouver re, re, re
Trouv er fu, fu,fu
Trouver re, trouver fu, 
Pour trouver refuge
Au temps du déluge.
premier couplet du Noël de Louis-Claude Daquin
Prenez, bergers, vos hautbois
Quittez vos houlettes.
Unissez aussi vos voix
Avec vos musettes.
Chantons noé, Noé,
Car Jésus est déjà né
Tout nu sur, sur, sur,
Tout nu la, la, la,
Tout nu sur, tout nu la,
Tout nu sur la dure
Dans cette froidure

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