vendredi 25 octobre 2013

27 - Le prisonnier de Nantes


De toutes les chansons traditionnelles qui ont pour cadre la ville de Nantes, c'est sans doute la plus connue. L'amour entre un prisonnier et la fille du geôlier, son évasion spectaculaire et ses promesses pour l'avenir ont été chantées sur tous les tons. Et pourtant il reste encore beaucoup à découvrir de ce fait divers romancé.

Si cette chanson est si populaire en France et au Canada, elle le doit aussi aux nombreux artistes de variété qui n'ont pas hésité à l'enregistrer. Depuis Yvonne Georges dans les années 1920 jusqu'à Nolwenn Leroy en 2010, sans oublier Yvette Guilbert, Édith Piaf, Édith Butler, Louise Forestier, Les Compagnons de la chanson, Nana Mouskouri, Colette Renard et les Tri Yann. Nos « Trois Jean an Naoned » ont marqué toute une génération avec une version acadienne des prisons de Nantes (1). Peut être auraient-ils été mieux inspiré de choisir une des nombreuses versions locales.
Il est probable qu'à l'origine de toute chanson traditionnelle il y ait un fond de vérité. Il est généralement impossible de le retrouver, nous en avons déjà fait la démonstration avec de précédentes chansons. Ce qui n'empêche pas plusieurs sites internet de soutenir que...
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samedi 19 octobre 2013

la mazurka des anges


Il y a quelque temps disparaissait une figure de la musique traditionnelle : John Wright. En quelques lignes nous voulons lui rendre aujourd'hui un hommage, tardif mais bien sincère.

John était un personnage d'une grande culture musicale, possédant un répertoire immense, dans bien des domaines. Les archives de Dastum 44 peuvent en témoigner. Certes, ce blog est avant tout consacré à la chanson. Ce n'est pas une raison pour négliger les autres formes d'expression. John Wright avait réalisé des collectes auprès de violoneux, notamment dans le Pays de Retz. C'est donc un plaisir que d'entendre sa voix sur ces enregistrements, quand il discute du répertoire, avec Louis Rousseau de Saint Hilaire de Chaléons par exemple.
Voici un extrait qui a retenu notre attention. C'est comme si vous y étiez :
- JW - Comment ça s'appelle ce que vous venez de jouer ?
- LR – Ben ça c'est la mazure !
- JW – Qu'est que c'est le différence entre le mazurka et le mazure ?
- LR – Aaaaahhh....ben....c'est pas pareil.
Fin de l'échange. On n'en saura pas plus.

C'est avec ce genre de réplique qu'on se délecte quand on est musicien et qu'on farfouille dans les archives de Dastum pour trouver du répertoire local.
Quelques années plus tard nous avons remémoré cette séquence à John. Sans plus de certitudes sur l'origine de l'air enregistré. D'après lui, l'arrivée de la mazurka en Europe de l'ouest dans les années 1830 se serait faite sous différentes formes et avec différents noms. On trouve l'appellation « mazure » dans certains ouvrages de l'époque. Rien de plus logique si on sait que cette danse – mazurka ou mazure – est originaire du peuple des "mazurs" vivant dans les plaines de Mazovie autour de Varsovie (et non pas de Mazurie ; ce serait trop simple). La mazurka était une danse dont se sont emparés les maîtres à danser du 19ème, sans doute en raison de sa vogue (voir Chopin). Ils en ont fait une danse de salons aux figures compliquées. Les variantes encore pratiquées dans nos bals traditionnels ont, elles, survécu en raison de leurs formes simples.
Bref ; Merci à John pour ces bons moments et tellement plein d'autres.

Il paraît qu'en ce moment au paradis des musiciens, les anges qui jouent de la harpe sont intrigués par un son métallique et persistant qui se mêle à leurs arpèges. C'est John Wright qui les accompagne à la guimbarde !

vendredi 18 octobre 2013

26 – la fille changée en cane


Voici une chanson associée à un lieu bien précis puisqu'elle trouve son origine dans la légende de la cane de Montfort. Aujourd'hui appelée Montfort sur Meu (35) cette commune s'est appelée Montfort la Cane jusqu'à la révolution.

Il existe plusieurs versions de cette histoire dont le thème commun est l'évasion d'une jeune fille prisonnière grâce à l'intervention de Saint Nicolas qui lui permet de s'échapper par une fenêtre de la tour du château de Montfort après s'être transformée en cane. Le miracle ne s'arrête pas là puisque chaque année après 1376, à l'occasion du pèlerinage de Saint Nicolas, en mai, une cane et ses petits venaient régulièrement à l'église accomplir le vœu de la prisonnière. Le dernier procès-verbal constatant l'apparition de la cane est rédigé le 10 mai 1645. La légende a donné lieu a bien des interprétations. « Cette histoire se retrouve en effet sous forme de chanson populaire – un thème issu d'un fonds très ancien remontant au moyen âge – et plusieurs versions ont été publiées au 19ème siècle, aussi bien en Bretagne qu'ailleurs en France, ainsi qu'au Canada francophone » (1).
Rien d'étonnant à ce qu'on signale des versions de cette chanson en Ille et Vilaine dans les ouvrages de Sébillot (2) ou Decombe (3) . Plus près de nous des collecteurs...
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vendredi 11 octobre 2013

25 - Il était une barque


A quoi pouvait bien servir le brick-goélette dont il est question dans cette chanson ? A quel type de commerce était employé le garçon qu'elle pleure ? Un indice au détour d'un couplet nous offre un rare témoignage chanté d'une activité qui a fait la fortune d'armateurs nantais et une sombre réputation au grand port de la Loire : « la traite ».
 
Il existe de nombreuses chansons qui mettent en scène une barque de trente matelots. Elles se rattachent le plus souvent à une version cataloguée sous le titre « l'enlèvement de la fille aux chansons ». Une fois la jeune chanteuse embarquée, son sort est scellé. Il finit au mieux par son « honneur perdu » au pire par la noyade. Mais le pays nantais nous offre une autre mise en scène dramatique pour cette jeune fille qui attend le retour de son amant. Cette version est finalement plus proche de celle des filles qui attendent sur le rivage le marin parti pour les îles. Mais c'est un tout autre sujet qui fait l'intérêt de notre chanson de la semaine.
Depuis que le trafic du « bois d'ébène » fut officialisé par Charles Quint en 1517, Flamands et Espagnols, puis Portugais, Anglais et Français ont exploité le commerce triangulaire jusqu'au 19ème siècle. L'esclavage aboli sous la révolution puis rétabli par...
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vendredi 4 octobre 2013

24 - La vaniteuse


Miroir, mon beau miroir, dis moi qui est la plus belle ? Et invariablement le miroir répondait : « En cherchant à la ronde, dans tout le vaste monde, on ne trouve pas plus belle que toi ». Mais contrairement au conte recueilli par les frères Grimm, ce n'est pas Blanche-neige qui vient détromper notre vaniteuse, mais son mari qui lui rappelle ses origines.

La chanson de la Dame au miroir d'argent a été collectée à plusieurs reprises en Haute-Bretagne. Elle figure dans le tome 4 des chansons du pays guérandais de Fernand Guériff, sous forme d'un rond paludier. Louisette Radioyes, autour de Saint Congard (1) ou Albert Poulain en pays de Redon en ont récolté d'autres versions. Elle semble surtout connue dans l'ouest de la France. Mais c'est au Canada que cette chanson se serait le plus épanouie. Le miroir d'argent est d'ailleurs le titre d'un CD publié au Québec, qui contient une version collectée par Robert Bouthiller (2).
D'une version à l'autre l'histoire varie peu, avec intervention de la servante et ...
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