vendredi 30 août 2013

19 - Madame Pineau

La saison se termine sur les plages de la cote d'Amour et la cote de Jade (1). Les estivants rangent les parasols et préparent la rentrée de leurs chérubins. C'est l'heure du bilan pour les bains de mer ; une activité économique essentielle pour nos contrées. Et tout ça en chanson.

Peut être trouverez vous que ce blog devient trop sérieux. Nous ne ferons pas l'état de la baisse de fréquentation sur l'économie locale pour cause de crise économique. Mais il est difficile d'évoquer nos bords de mer sans parler de l'activité désormais prépondérante qu'est le tourisme. Tout a commencé il y a près d'un siècle et demi avec l'arrivée du chemin de fer drainant sur les plages les premiers estivants. Des privilégiés tout d'abord, avant que les congés payés, les colonies de vacances et l'automobile ne démocratisent les vacances d'été. Dès avant 1900 Pornic, le Pouliguen, la Baule ou Pornichet voient s'édifier les premières résidences secondaires. A chacun selon ses goûts, du manoir normand au chalet suisse. Tout est bon pour profiter de l'air iodé, des bains de mer et...
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vendredi 23 août 2013

18 - La belle au jardin d’amour (2)

Souvenez vous : la semaine dernière nous avons laissé la belle au jardin d'amour. Son père et son amant la recherchaient avec l'aide d'un berger ; pendant ce temps elle parlait aux oiseaux, au grand désespoir de ses proches. Il est temps de prendre de ses nouvelles.


Ce ne sera pas tant pour ajouter à nos remarques précédentes. L'essentiel a déjà été dit. Mais plutôt pour remarquer qu'au delà des ressemblances entre les nombreuses versions, cette chanson peut se livrer à différentes interprétations. De la romance mélancolique nous voilà passé à un air plus entraînant. Le refrain collecté au 19ème près de La Baule par Gustave Clétiez, avec ses léridondon léridondaine, suggère une toute autre utilisation. Que cette mélodie ait pu être utilisée en chant à la marche ou à danser n'a rien d'étonnant. D'autres interprétations plus récentes et fort semblables, collectées entre presqu'ile guérandaise et estuaire de la Vilaine le confirment.

Hormis des chansons à dizaine aux paroles spécifiquement adaptées aux cortèges de noces, il n'existe pas de chants de marche ou de danse par destination, mais le plus souvent des textes adaptés aux besoins. Telle chanson a fort bien pu trouver sa place dans les veillées, accompagner les travaux des couturières ou des laboureurs, rythmer les ronds et les bals, ou faire passer le temps dans les déplacements à pied. Il a suffit d'adapter l'air, le refrain, le tempo...

Ces remarques n'ont rien d'une théorie ; il s'agit juste de constatations. Pour en revenir à

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vendredi 16 août 2013

17 - La belle au jardin d’amour (1)


...c'est pour y passer la semaine » nous la passerons avec elle, dans l'espoir de trouver la réponse à ces questions essentielles : qu'est ce qu'un jardin d'amour ? L'amant retrouvera-t-il sa belle ? Confier ses peines à un oiseau n'est il pas le signe d'un léger trouble mental ?, etc

En attendant, voyons un peu ce que les historiens de la chanson traditionnelle peuvent nous apprendre sur cette romance qu'on retrouve dans toutes les provinces francophones avec des mélodies et des paroles très proches. Cette conformité au modèle signifie-t-elle une composition relativement récente, provenant d'un milieu cultivé ?
« cette chanson est originaire d'une province d'oil, mais on ne saurait dire laquelle » (Doncieux) ; « fin 17ème ou mieux 18ème » (Davenson) « d'un auteur lettré du 18ème voulant adopter une tournure à l'ancienne » (Canteloube) ; « imitation rustique de la poésie à la mode dans les milieux lettrés » (Davenson)...
Merci messieurs pour toutes ces (im)précisions. Arrêtons là les recherches. Tous s'accordent pourtant pour trouver une ressemblance avec les bergerettes et pastourelles à la mode avant la révolution et font référence à Florian.
Quand aux réponses à nos questions, mieux vaut ne pas trop insister non plus. Marc Robine, dans l'anthologie de la chanson française (1), y voyait un « catalogue de tous les principaux symboles de la
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vendredi 9 août 2013

16 - La chanson de la Jonnelière


Avant que les promoteurs n'en fassent un quartier résidentiel, La Jonnelière était un coin de campagne au bord de l’eau, animé par les bistrots et guinguettes où les nantais venaient se distraire et taquiner le goujon. Une chanson a été éditée sur feuille volante, qui nous restitue le souvenir de cette belle époque.

Nous vous la proposons aujourd'hui pour coller à l'actualité. C'est en effet la reprise du championnat de Ligue 1 de football. Si les poules d'eau, canards et hérons ont toujours fréquenté les bords de l'Erdre, ils ont été rejoint dans les années 70 par des canaris (1) dont le plumage coloré égaye les deux cotés de la rivière. Le centre de formation du FCNA (football club de Nantes-Atlantique) est en effet situé à la Jonnelière, en face de leur stade de la Beaujoire. Si nos canaris se sont beaucoup fait plumer ces dernières années en seconde division on leur souhaite de retrouver leur gloire passée (2) pour leur retour à l'étage supérieur.
La Jonnelière de la chanson, celle qui est restée dans la mémoire des nantais, était donc un lieu de loisirs et de plaisirs: guinguettes, galettes, cidre ou muscadet, pique nique familiaux, promenade en barque ou à l'ombre propice des bois tous proches pour les amoureux. On y vient chercher la détente, la verdure, la fraîcheur du bord de la rivière, mais aussi profiter des attractions. Un zoo y fut installé - qui ferma ses portes après qu'un lion y ait tué un enfant – un musée automobile, aujourd'hui une base nautique. Mais le principal centre d'intérêt ce sont les guinguettes. Du début du 20ème siècle à 1960 elles font de la Jonnelière, un haut lieu de la musique et de la danse. Les gens de la ville y dansent la valse, le fox trot, le tango sur les pistes couvertes ou extérieures dont dispose chaque établissement.
Pour écouter la chanson et en savoir plus:

la Jonnelière

Au bord de la rivière de l'Erdre si jolie
Voici la Jonnelière et ses bosquets fleuris
Dans ce décor charmant de tout temps on dansa
Parait que Grand'maman piquait une polka
Et là sous les charmilles les filles et les garçons
Dansaient un vieux quadrille au rythme du piston

refrain

Aujourd'hui à la Jonne' au son de l'accordéon
Les filles s'abandonnent dans les bras des garçons
Et les yeux dans les yeux on se fait des serments
On ne dit rien de mieux pourtant on se comprend
Ensemble tourbillonnent les filles et les garçons
Tout le jour à la Jonne' au son de l'accordéon
 
Sous les mêmes ombrages écoutez d'autres sons
On est plus à la page, le one step, le boston
Se dansent avec ardeur et le jeune tango
Lui aussi fait fureur même chez les aristos
Un piano mécanique chez le bistrot du quai
Des beaux airs d'Amérique donne les notes gaies
(au refrain)

Dans un décor de grâce à l'ombre d'un vieux pont
La rivière se prélasse au milieu des ajoncs
Le pickup sans arrêt diffuse une java
Qu'en se serrant de près on danse à petit pas
De toutes les guinguettes écoutez les flons-flons
D'une java musette que joue l'accordéon
(au refrain)

(1) pour les nons-nantais ou étrangers au milieu du foot, précisons que la couleur jaune à parements verts du maillot des footeux nantais leur a valu ce surnom de canari. Les échos d'une chanson de supporters « allez, allez les canaris, ce sont les rois de la prairie... » résonnent encore dans l'ancien stade Marcel Saupin, déserté en 1984 pour celui de la Beaujoire. Une autre fois peut être...
(2) huit titres de champion et trois coupes de France. Quand même !!!

Nos infos sur la Jonnelière doivent beaucoup au tome 2 de «Histoire des quartiers nord de Nantes : La Jonnelière, un village au bord de l'Erdre», ouvrage réalisé par le centre socio-culturel de la Boissière à Nantes.

Chanson sur feuille volante – paroles : A. Aubin, musique : J. Aubernon – Java musette
interprètes : Janick Péniguel (chant) Blandine Mousset (accordéon)

jeudi 8 août 2013

Dastum, Dastum ou Dastum ?

Nous avons publié la semaine dernière un premier d'erratum. Profitons en pour corriger quelques erreurs fréquemment commises. Mais cette fois c'est à vous chers amis que nous nous adressons.

Dastum est un mot breton, sans véritable équivalent français, qui signifie à la fois recueillir et rassembler...
Il se prononce Dastum, comme dans parfume, allume, assume...

Qu'on ne vous y reprenne plus à nous asséner des Dasteum en forme de géranium, de baba au rhum, d'album...ou d'erratum.
Ni de Dastoum rimant avec surboum, loukoum, hépatum ou dominus vobiscum.
Non mais des fois !
A bientôt pour une nouvelle chanson.

vendredi 2 août 2013

15 - Le départ de Napoléon


On ne dira jamais assez la richesse du répertoire contenu dans les cinq volumes de chansons de la presqu'ile guérandaise compilées par Fernand Guériff. De la chanson à dizaine aux grandes complaintes en passant par la chanson historique, comme celle de cette semaine.
Le départ de Napoléon n'a pas été collecté directement par Guériff. Il provient du fonds de 200 chansons notées autour de 1860 par Gustave Clétiez, musicien (organiste) et compositeur de Guérande. Cette chanson figure page 314 du tome 3, dans un chapitre consacré aux souvenirs napoléoniens dans la chanson. Mais laissons la parole à l'auteur : « La collection de Gustave Clétiez contient quatre curieuses chansons, répandues chez nous par colportage, sur l'époque napoléonienne. Ce sont donc des œuvres relativement récentes. Leur cycle a été court, mais elles avaient tout de même pris racine puisqu'on les chantait vers 1860. Le souvenir de Napoléon a persisté longtemps dans le peuple après Waterloo. »
Dans la période difficile de la restauration, le culte entretenu par les partis bonapartistes, et porté par d'anciens soldats de la grande armée, trouvait un écho dans notre région. « C'est ainsi qu'à Saint Nazaire, un quartier de la ville s'appelle le petit caporal. En 1850 il y avait en cet endroit une très modeste auberge coiffée de tuile avec, au dessus de la porte, un panneau représentant l'empereur peint sur toile.
C'est sous forme de complaintes qu'on montrait le triste sort de Napoléon 1er pour apitoyer les populations, ou qu'on chantait certains faits légendaires pour exalter sa bonté, sa justice. »
Ces chansons sont devenues rares. Guériff en cite juste une autre version trouvée en Berry.
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Erratum, Errata, Erato et rateaux

A vouloir faire les malins, ceux qui savent tout sur la chanson traditionnelle, on finit par oublier quelques détails qui ont leur importance. Alors rendons à ces arts ce qui appartient à ces artistes.

A propos de la chanson des trente voleurs de Bazoges nous regrettions que la version enregistrée par Patrick Couton ne soit plus disponible. Ce serait oublier que la chanson a été de nouveau enregistrée sur le disque « Brou Couton, complaintes et chansons » paru en 2005. Comme ce disque est toujours disponible, via Albumtrad par exemple (www.albumtrad.com), ce serait dommage de s'en priver. Cette chanson est la seule interprétée par Patrick, qui accompagne Roland Brou sur toutes les autres plages du CD.

Deuxième oubli, à propos de la chanson « c'était une fille sage » : Mathieu Hamon en interprète une version intitulée la fille de Batz sur le disque « Tourmenté d'amour » publié en 2002 aux éditions Modal. Mathieu y est accompagné par Ronan Robert à l'accordéon et le regretté Christophe Caron à la bombarde. Ce CD est lui aussi disponible chez le même fournisseur.