vendredi 28 février 2014

44 - Première année que je fus mariée

Fini de rire ! Revenons à un thème plus sérieux que les mésaventures d'un meunier ou d'une jardinière. C'est à une des grandes complaintes moyenâgeuses que nous avons à faire aujourd'hui. Le thème du frère qui venge sa sœur après s'être mêlé de son mariage n'est peut être pas totalement absent de l'actualité. Mais c'est un retour en arrière de plusieurs siècles que nous propose cette chanson. Une époque où l'amour courtois et l'esprit chevaleresque se traduisaient souvent par des épisodes sanglants !

La maumariée vengée par ses frères est un thème qui vient de loin. Cette chanson serait l'adaptation en français d'un texte originel en occitan, très répandue dans tout le sud de la France et en Piémont. On en trouverait ainsi 42 versions au Canada, 15 en France et 3 en Italie. Il n'empêche qu'on en retrouve aussi plusieurs en Bretagne, comme ici dans le secteur de St Nazaire. Le texte fait invariablement référence à trois frères qui ont d'autant plus de raison de se venger que ce sont eux qui ont favorisé ou arrangé le mariage de leur sœur. Cette partie qui débute habituellement la chanson est absente de la version collectée par Le Floc'h et reprise par Guériff (1). Pour comparer, écoutez la très belle version enregistrée par Sylvie Berger sur le disque « le jardin des mystères » d'Eric Montbel (2).
Les écrivains du 19ème siècle ont tenté de voir l'origine de cette chanson dans...
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vendredi 21 février 2014

43 - La jardinière de Nantes

Puisque nous avons cette belle jardinière en magasin vous allez pouvoir en profiter. La chanson n'est pas particulière au pays nantais, même si l'action y est située. Cette version est originaire du Morbihan(1). Elle figure dans les archives de Dastum grâce à Bernard de Parades, un collecteur qui a beaucoup travaillé sur le pays nantais et Nantes en particulier. Il a recensé toutes les versions de chansons qui se rapportent à Nantes, prouvant que cette ville était la plus citée dans les chansons traditionnelles.
Après B. de Parades, c'est Georges Doncieux (2) que nous laisserons commenter cette marchande d'oranges: « vu l'abondance des versions normandes, bretonnes, poitevines...cette marchande semble originaire de la France du nord-ouest ; elle ne saurait, par l'évidente modernité de la langue remonter plus haut que le 18ème siècle.Cette spirituelle petite ronde est faite sur la même donnée que la Fille aux oranges, mais pour aboutir à une conclusion tout à fait contraire : là une pauvre innocente se fait enlever par un polisson d'avocat ses oranges et le reste ; ici c'est un prince étourdi qui laisse envoler l'imprudente mais subtile oiselle (sic). D'où il s'ensuit parfois que les fils de roi n'ont pas tant d'esprit que les fils d'avocat ».
Si le texte publié par Doncieux situe l'action à Paris, les autres... 
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vendredi 14 février 2014

42 - Meunier, tu dors

Quel est le point commun entre la dramatique complainte publiée la semaine passée et notre ritournelle de la semaine ? Elles ont toutes deux été collectées et publiées par Abel Soreau, à la fin du 19ème. A part ça rien de commun entre elles. On mesure toute l'étendue des répertoires traditionnels en passant de l'une à l'autre. Une vraie douche écossaise ; ce qui nous changera un peu des douches bretonnes qui ont fait dangereusement monter le cours de nos rivières ces derniers temps.
Meunier tu dors est une des comptines enfantines les plus connues. Même dans les milieux les plus imperméables à la tradition, rares sont les bambins qui n'y ont pas eu droit. Mais encore une fois limiter cette chanson à cette seule version est quelque peu réducteur.
Pour le seul territoire de la Loire-Atlantique, nos références habituelles en signalent plusieurs autres. Celle de Soreau a été entendue à Saint Nazaire. Fernand Guériff en propose un rond du pays paludier avec un refrain de circonstance : « au bal, la meunière, au bal ». Armand Guéraud en donne deux variantes de Bouguenais et de Pontchateau, la première avec l'habituel «  meunier tu dors, ton moulin va trop fort » mais sur des airs complètement différents.
Cette chanson doit-elle vraiment être classée dans les enfantines ? La version que vous entendez 
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vendredi 7 février 2014

41 - Plus blanche que la fleur d’été

« Pourquoi chantez vous toujours des chansons tristes, qui font pleurer les gens ? » demandait un jour un interviewer à la chanteuse anglaise June Tabor (1) qui répondit : « parce qu'après avoir bien pleuré ils se sentiront mieux ». Alors avant que vous n'écoutiez le chanson de cette semaine prenez la précaution de vous munir de quelques mouchoirs. On n'est pas là pour rigoler.
Cette belle complainte a été recueillie au moins deux fois dans notre région. Par Abel Soreau à qui nous empruntons cette version et par Armand Guéraud, tous les deux à la fin du 19ème siècle. Dans les commentaires des textes recueillis par Guéraud, Joseph Le Floch précise « Le texte est rare : une seule référence mentionnée au fichier Coirault » deux textes incomplets en fait publiés par Achille Millien dans le premier tome des chansons populaires du Nivernais et du Morvan. «  Millien et Pénnavaire remarquent avec raison que la musique n'est qu'une altération de l'air connu ah vous dirai je maman » (2)
Plus près de nous elle a été enregistrée par Jean-François Dutertre sur son album Ballades françaises, vol. 2 édité chez Buda musique en 1998. Et outre Atlantique, Monique Jutras (3) a chanté la courtisane brûlée dans son CD de complaintes médiévales en 1999 .
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