Pour écouter la chanson
et lire la suite :
Après les animaux
ou le voisin voleurs de nourriture, voici donc au final un couplet
qui n'intéresse guère que le monde des adultes. Moines et curés
peu respectueux de l'obligation de célibat, sinon de chasteté, sont
une constante dans les chansons traditionnelles. C'est qu'avant une
reprise en main du clergé à partir du 18è siècle, il y avait
souvent du laisser aller parmi les gens d'église ! Dans cette
chanson, c'est le meunier qui a le rôle de la victime. Bien souvent
c'est lui, au contraire, qui est soupçonné de toutes les
grivoiseries et attitudes déplacées vis à vis de ses clientes. Il
faut dire que cette profession était rarement bien vue par les
paysans qui la soupçonnait, parfois fort justement, de toujours s'en
tirer à bon compte dans les transactions commerciales. On a même vu
des ecclésiastiques accuser plus ou moins ouvertement les meuniers
de voler leurs clients. Voyez à ce sujet la chanson n° 232 (janvier
2018) « le moulin de Saillé ».
Voilà
encore une fois une chanson pour les personnes qui s'imaginent qu'il
existe une version standard de chaque chanson traditionnelle. Nous
avons tous en mémoire ces chansons qui sont devenues les versions
« officielles » parce que diffusées par la littérature
enfantine et l'école maternelle ou primaire. Il est souvent
difficile de faire admettre que ces versions, généralement figées
depuis le dix neuvième siècle, ne sont qu'un aspect de la tradition
populaire, tant elles ont fini par éclipser toutes les autres.
Et pourtant, que de chansons
prétendument enfantines ont d'abord connu une véritable
transmission populaire avant d'être confinées à la distraction des
premiers âges de la vie. Ne faisons pas la fine bouche. Cet
engouement a permis de conserver des textes qui constituent un fonds
commun aux écoliers. Mais le revers de la médaille c'est que ce
répertoire officiel occulte toute la richesse et la diversité des
autres interprétations de ces même chansons.
Meunier tu dors en est un bon exemple.
Seul le refrain « ton moulin va trop vite » est
spontanément associé à ce texte. Nous vous offrons donc un second
exemple de ce que la tradition a pu diffuser comme variantes. Pour
retrouver la première, reportez vous à notre chanson n° 42
(janvier 2014) avec pour refrain :
Réveillons là, réveillons là,
réveillons là
Réveillons là ce meunier là
On trouve aussi des variantes du
refrain habituel avec des :
Gare, ton moulin va trop fort
ou
Ton moulin tourne à vide
Ton moulin ne va plus
interprète : Janick
Péniguel
source : Fernand Guériff,
tome I, p. 109 - collectage de Charles-Marie Loyer, vers 1850, en
pays Guérandais
catalogue P. Coirault :
Meunier, tu dors (Enfantines – N° 07812)
catalogue C. Laforte :
Meunier, tu dors (V, F-137)
Meunier, tu dors, tu n' vois pas ton
dommage (bis)
Voilà le loup qui te mange ton âne
refrain
Au bal, au bal la meunière, au bal
Au bal la meunière
Voilà le loup qui te mange ton âne
(bis)
Si j'cours au loup, j'ai peur qu'il me
mange
Voilà le vent qui déchire tes voiles
(bis)
Si j'cours au vent, j'ai peur qu'il
m'emporte
Voilà le feu qui ta maison brûle
(bis)
Si j'cours au feu, j'ai peur qu'il me
brûle
Voilà le chat qui emporte tes
saucisses (bis)
Si j'cours au chat, j'ai peur qu'il me
griffe
Voilà le chien qui emporte tes
côt'lettes (bis)
Si j'cours au chien, j'ai peur qu'il me
morde
Et ton voisin qui emporte tes poules
(bis)
Si j'cours au voisin, j'ai peur qu'il
me batte
Voilà le moine qui emporte ta femme
(bis)
Ah, cette fois-ci, je veux avoir ma
femme.
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