Pas
banale cette histoire d'un galant qui vient demander la main de la
fille et qui se fait draguer par la mère. Celle ci n'hésite pas à
dénigrer sa progéniture pour mieux vanter ses propres charmes. La
stupeur du prétendant nous renvoie tout droit à une autre chanson
mieux connue : « le mariage de la vieille », qui
court les bals pour trouver un amant. Le portrait est le même avec
cette bouche où il ne reste plus qu'une dent ! Mais la
conclusion est toute différente ; c'est l'amour de la jeune et
non pas l'argent de la vieille qui intéresse le jeune homme. Ouf !
La morale est sauve.
Pour
écouter la chanson et lire la suite
Première
difficulté avec cette chanson : c'est un sujet rare, peu
souvent collecté par ici. A vrai dire, si Patrice Coirault n'en a
repéré que trois exemples sur le territoire français, Conrad
Laforte en recense plus d'une dizaine outre-Atlantique. Deuxième
difficulté, l'ouvrage de Fernand Guériff sur le folklore du mariage
ne propose pas de musique pour ce texte. Nous avons donc choisi de
l'interpréter sur l'air d'une autre chanson qui présente la même
coupe pour le même nombre de vers (1).
Avouez
que ç'aurait été dommage de laisser cette chanson dans l'oubli.
Son sujet amusant est une base de vaudeville ou de théâtre de
boulevard. On dérive vers le ménage à trois et les situations
courtelinesques. Jeunes et vieilles se trouvent encore assez souvent
en concurrence dans les chansons traditionnelles, comme dans
l'histoire de l'anguille dans la gerbe de blé où la mère se plaint
d'être défavorisée. Dans le mariage de la vieille, déjà citée,
elle possède des arguments sonnants et trébuchants qui se montent à
des centaines de milliers de francs. Sans vouloir verser dans le
cynisme, c'est peut être ce qui manque ici. Se contenter de faire
appel à son expérience en dénigrant la maladresse de sa fille est
un peu juste pour faire hésiter un amoureux.
Nous
avons utilisé cette chanson, comme illustration des préparatifs du
mariage, à l'occasion d'un atelier « les chants du tiroir »
proposé récemment au musée la maison de la mariée à Saint
Joachim. Ces ateliers consistent à faire découvrir la richesse et
la variété du répertoire collecté sur un thème précis. Pour
compléter cette partie relative aux démarches qui précèdent le
mariage, reportez vous aussi à la chanson n° 238 « j'sommes
venus vous inviter » (2).
Fédrun
est l'une des îles qui composent la commune de Saint Joachim, dans
la Grande Brière. La maison de la mariée est un musée dont vous ne
manquerez pas de faire la visite. En attendant vous pouvez toujours
vous renseigner sur le site : https://www.maisondelamariee.com/
notes
1
– Je suis garçon de bonne mine (le rendez-vous de nuit) que vous
pouvez écouter sur notre double CD Anthologie du patrimoine oral de
Loire-Atlantique (cf page éditions)
2
– en mars 2018
interprète :
Jean-Louis Auneau
source :
Fernand Guériff, tome 2, le folklore du mariage, page 52 –
répertoire de Joseph Beilvaire, sabotier à Donges vers 1880
catalogue
P. Coirault : 4707 – la mère qui se propose à la place
de sa fille
catalogue
C. Laforte : I, O-41 – la vieille amoureuse
Je
suis un garçon de famille
Je
voudrais bien m'y marier
Je
viens vous demander votre fille
Si
vous voulez me la donner
Je
l'aime d'un amour si tendre
Je
la trouve jolie comme un cœur
Acceptez
moi pour votre gendre
Je
viens ici faire son bonheur
Oh,
monsieur ma fille est maline
Je
ne veux pas vous attraper
A
chaque instant elle m'y chagrine
Je
ne peux pas la corriger
Elle
m'y casse mes plats, mes assiettes
Le
morceau n'est guère envieux
C'est
moi qui suis la plus adroète
Prenez
moi, vous ferez bien mieux
Comment
dieu ! Bonne femme à votre âge
Vous
v'la amoureuse à présent
Oser
parler de mariage
Et
vous n'avez plus qu'une dent
Et
votre tête qui brandille
Allez,
vous n'êtes point à mon goût
Mes
amours sont pour votre fille
Ma
bonne femme, ils ne sont point pour vous
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