Noël au balcon, Pâques en chanson,
comme le dit l'adage qui se prête si bien aux détournements. Ce
n'est pas que la période manque de chants, de quête par exemple,
mais il faut bien reconnaître que les deux fêtes correspondant aux
événements principaux de la vie du Christ, naissance et
résurrection, n'ont pas connu le même traitement. Pour l'un
quelques chants de quête ; dans notre région essentiellement
le chant de la passion. Pour l'autre des quantités de chants
populaires ou non, rassemblés dans des ouvrages anciens ou plus
récents. La « Belle bible des noëls guérandais »
compilée par Fernand Guériff est l'un de ces ouvrages. Notre
chanson de la semaine (y'a plus de saisons ma bonne dame !) en est
extraite.
pour écouter la chanson et lire la
suite :
Nous avons ici un de ces nombreux
chants qui racontent la mise en route, le départ pour aller vers la
crèche (1). Cette chanson est à la fois très répandue et
originale. On la trouve dans divers recueils de Noëls populaires,
originaires de régions aussi différentes que le Languedoc, la
Champagne, le Quercy, le Maine, etc. Son origine remonterait à la
Renaissance (16ème siècle). Guériff précise (2) : ce Noël
daterait de 1608, sur l'air « du muguet et du muguet
encore ». Il a été harmonisé par plusieurs organistes, dont
Jean-François Dandrieu et Louis-Claude Daquin, tous deux au 18ème.
Ceci pour la version la plus classique, qui a pour refrain :
Chantons Nolet Nolet Nolet
Chantons Nolet encore
Nolet est une déformation populaire de
Noël
Ce Nolet est le responsable de
la rime en « et » qui nous vaut une transformation des
finales, comme doucelet et nouvelet. Et encore certains couplets,
absents de la version guérandaise, nous ont épargné l'archelet
pour jouer du violon et l'enfant Jésus langé d'un drapelet.
Dans le premier tome de sa « Bible des noëls anciens »,
Henry Poulaille en présente un exemple, venant de l'est de la
France, qui comporte 25 couplets (3).
La majorité de ces versions utilisent
le timbre originel qu'est devenu « je me suis levé par un
matinet ». Ce qui devient original dans la version guérandaise
c'est l'utilisation d'un autre timbre pour les mêmes paroles :
« toque mon tambourinet ». Celui ci, apparemment plus
récent, se retrouve dans le refrain
Toque, tambourin, toque !
Toque, tambourinet
Pour le reste, la coupe, les strophes,
les paroles restent inchangées.
Remarquons au passage que le rossignol
y a gagné un caractère angélique, ce qui le change de ses emplois
habituels dans la chanson traditionnelle. Les instruments de musique
énumérés sont classiques pour l'époque : violon, hautbois
(ou flute) et cornemuse. Nul doute que l'enfant Jésus aurait
apprécié la présence d'un couple biniou – bombarde pour le
bercer !
Joyeuses Pâques et à bientôt
notes
1 – tout comme « Allons ma
voisine » chanson n° 161 de ce blog (juillet 2016)
2 - d'après Jan Reiner Hendrick de
Schmidt (les Noels et la tradition populaire, Amsterdam, 1932, p 133)
3 – extrait de la Grande Bible des
noëls anciens de Troyes (Bible des noëls anciens – Henry
Poulaille - 1950)
interprète : Chantal
Choimet
source : la belle bible des
noëls guérandais, tome 5 des collectes de Fernand Guériff (publié
à compte d'auteur en 1984) page 108
catalogue C. Laforte : vol
6 (chansons sur des timbres) Je me suis levé par un matinet, ou
chacun vient à nous.
Je me suis levé par un matinet
Que l'aube prenait son blanc mantelet
refrain
Toque, tambourin, toque !
Toque, tambourinet
J'ai pris ma jaquette et mon grand
bonnet
Et mon manteau qu'est gris violet
Là je suis allé trouver Colinet
Qui se promenait dans son jardinet
Que faites vous là, gentil garçonnet ?
N'entendez-vous pas le rossignolet ?
Jamais je n'ai ouï chant si doucelet
Que ne l'est le chant de cet oiselet
Ce n'est rossignol ni rossignolet
Mais c'est du Bon Dieu un saint angelet
Qui vient annoncer un cas nouvelet
C'est qu'en Bethléem est né le
nolet !
Allons vite compère voir l'enfantelet
J'ai pris ma musette et mon flageolet
Guillot a sa viole avec son archet
Nous ferons concert au petit douillet
Accepte de nous un don joliet
Voici de la farine et voici du lait
Maintenant entonnons un joyeux couplet
Et puis retournons à notre troupelet
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