vendredi 30 septembre 2016

169 - Sous un thym

Cette chanson raconte l'histoire d'un mec amoureux de la fille de son voisin. Mais là n'est pas son principal intérêt. Délaissons donc le fond pour la forme. Nous avons là un spécimen rare de chanson où une succession de rimes internes finit par créer un véritable écho. Dans cette version collectée dans le Pays de Retz, elle a été notée en chant à répondre. En essayant de la chanter vous pourrez juger de la difficulté d'interprétation. C'est aussi vrai pour le meneur que pour les réponses (1). Intéressante, elle l'est à plus d'un titre. D'ailleurs, elle est plus connue comme « Au bois rossignolet » ou « Ah qu'il est doux d'aimer la fille de son voisin » que sous le titre « Sous un thym » que nous avons conservé du cahier de chansons où nous l'avons trouvée.
Pour écouter la chanson et lire la suite :


L' accumulation de rimes intercalées entre les mots et les syllabes en fait un exercice difficile à réussir du premier coup. Essayez sans vous tromper:
j'en ai fait leré - un fla lera - geolet leré - joli leri,
sachant qu'à la reprise les coupures ne seront plus au même endroit !
Ce texte vient du cahier de chansons notées au dix neuvième siècle par Poiraud, violoneux du Pays de Retz, aux alentours de Pornic. Une version proche, pour les paroles comme la mélodie a été collectée en 1895, au Croisic, par Abel Soreau qui l'a publiée dans son cinquième recueil de « vieilles chansons du pays nantais », sous le titre « M'y allant promener, le rer ». Elle ne comporte que six couplets et s'arrête avant qu'on sache ce que :
Ma flu le ru – T'a dit le ri
Notez au passage que la coupure du mot flûte évite de rimer avec le rut. Pudeur du chanoine ou de son informatrice, Catherine Renio ?
En revanche la version de Gustave Clétiez, publiée par Fernand Guériff, ne reprend que les couplets où il est question d'embrasser la fille du voisin et sur une structure complètement différente et plus classique.
Cette chanson n'est plus guère chantée aujourd'hui. Elle vient de loin ; sa première publication remonte à 1602 (2). Le texte et la forme on peut être paru désuets et peu adaptés aux circonstances contemporaines, danse ou autres. Hormis ces trois sources écrites, elle est absente des archives sonores de Dastum. A vous de la faire revivre.

Notes
1 - on aurait pu plaisanter avec les répondeurs, mais c'était trop téléphoné.
2 - dans : Non le trésor ny le Trias ne le Cabinet, moins la beauté, mais plus, la Fleur ou l'eslite de toutes les chansons amoureuses et airs de court tirez des œuvres et manuscripts des plus fameux poëtes de ce temps – A. de Launay, Rouen, 1602 (d'après P. Coirault)

Interprètes : Jean-Louis Auneau, avec Hugo Arribart et Daniel Lehuédé
source : manuscrit du ménétrier Poiraud « quatre vingt chansons du Pays de Retz », recopié par Michel Gautier
Catalogue P. Coirault : Ah qu'il est doux d'aimer la fille de son voisin (n° 118 - Lyriques)
Catalogue C. Laforte : Au bois rossignolet (IV, N-12)


Sous un thym

A l'ombre sous un thym – lerin
Je me suis endormi – leri
Je me suis endormi
Mais à mon réveiller – leré
Le thym – lerin – était – leré - fleuri – leri
Au bois rossignolet – leré
Au bois rossignolet

Mais à mon réveiller – leré
Le thym était fleuri – leri
Et j'ai pris mon couteau – lero
J'en ai lerai coupé leré un brin lerin

De ce brin j'en ai fait leré
Un fla lera geolet leré joli leri

Je suis allé flutant leran
Le long leron du grand leran chemin lerin

Avez vous entendu leru
Ce que leré ma flute lerut adit leri

Qu'il fallait bien aimer leré
La fille lerille de son leron voisin lerin

Quand on la voit l'matin lerin
On lui leri donne un lerin sourire lerire

Quand on la voit le soir leroir
On lui leri donne un lerin baiser leré


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