C'est l'histoire d'un petit cordonnier
qui répare les souliers de jeunes filles ayant trop dansé. Pour
paiement de ses prestations, il réclame habituellement un baiser.
Notre livraison de la semaine - qu'on ne peut certes pas qualifier de
chanson de métier – utilise le début de cette chanson type avant
de dériver sur une fin moins conventionnelle. Sa forme et le procédé
utilisé peuvent faire penser à une version récente mais le modèle
est indubitablement (1) très ancien. Du classique baiser, on est
passé à des manœuvres d'approche plus osées.
Pour écouter la chanson et lire la
suite :
Cette chanson a été entendue de
Constance Crusson, à qui nous avons déjà emprunté du répertoire
(2). Elle a aussi été notée dans des secteurs assez proches :
Péaule (56), Bain de Bretagne (35), versions que vous pouvez
entendre sur la base de données de Dastum dans les archives du
Patrimoine Oral de Bretagne.
Les allitérations en Z donnent
rarement des chansons tristes, du zizi de Pierre Perret au chapeau de
Zozo de Maurice Chevalier. Mais le procédé ne date pas de la
chanson contemporaine. Il a été utilisé dans bon nombre de chanson
à la mode fin 19ème siècle. Sans doute celle ci est-elle encore
plus ancienne comme le suggère le refrain « lon la falira
dondé » qui accompagne ce type de chansons depuis sa création.
La référence la plus ancienne daterait de 1640 (3).
On trouve dans le recueil de chansons
populaires d'Eugène Rolland publié en 1886 de nombreuses versions
de cette histoire de cordonnier dont une assez proche de celle ci. Il
y est aussi question de « tire-pied », et le refrain qui
n'utilise pas la lettre Z, s'est arrêté plus tôt dans l'alphabet :
C'est à Paris qu'ça s'est
Youp, youp, peti petap, tap, tap
Peti, peti, petap
C'est à Paris qu'ça s'est passé
Youp, youp lariradondé
Dans les notes de sa publication,
Rolland en donne l'origine : « ronde chantée dans la
Chasse au Camaïeu, vaudeville joué à Paris au théâtre des
délassements comiques vers 1860 ».
Notons aussi que si la scène se passe
à Paris, de nombreuses versions traditionnelles de cette histoire
l'attribuent à un cordonnier de Nantes. Il n'y a pas forcément de
quoi en être fier, mais, que voulez vous, on n'est pas Dastum 44
pour rien. Toutes les jeunes filles qui dansent sur le pont de Nantes
ne finissent pas dans la Loire (4), mais ont bien besoin de réparer
leurs souliers.
notes
1 – ça fait un bout de temps qu'on
cherchait à placer cet adverbe. Voilà, c'est fait
2 - les chansons n° 128, 139, 140, 149, 155
3 - la comédie des chansons T. Quinet,
Paris 1640 – d'après le recensement de Patrice Coirault
4 - voir la chanson n° 166 de ce blog,
publiée il y a quinze jours.
interprètes : Martine
Lehuédé, Janig Juteau
source : Constance Crusson,
de La Baule (Loire-Atlantique), collectée en 1990 par Roland Brou
catalogue P. Coirault : le
cordonnier et la jeune fille qui a trop dansé (amourettes – 1828)
catalogue C. Laforte : 1,
K-2 – le soulier décousu
C’est à Paris dans un zouzou
C’est à Paris dans un zouzou, zigue
zigue zouzou, zigue zigue zouya
C’est à Paris dans un bal masqué,
lonla falira dondé
Trois dames s’en vont pour y zouzou,
zigue zigue zouzou, zigue zigue zouya
Trois dames s’en vont pour y danser,
lonla falira dondé
Elles ont tout usé leurs zouzou, zigue
zigue zouzou, zigue zigue zouya
Elles ont tout usé leurs souliers,
lonla falira dondé
Elles s’en vont chez monsieur
l’zouzou, zigue zigue zouzou, zigue zigue zouya
Elles s’en vont chez le cordonnier,
lonla falira dondé
Monsieur, vendez-vous des zouzou, zigue
zigue zouzou, zigue zigue zouya
Monsieur, vendez-vous des souliers,
lonla falira dondé
Mais oui, mesdames, c’est mon
zouzou, zigue zigue zouzou, zigue zigue zouya
Mais oui, mesdames c’est mon métier,
lonla falira dondé
Asseyez-vous sur mon zouzou, zigue
zigue zouzou, zigue zigue zouya
Asseyez-vous sur mon tabouret, lonla
falira dondé
Je vais vous essayer l’zouzou, zigue
zigue zouzou, zigue zigue zouya
Je vais vous essayer l’soulier, lonla
falira dondé
Monsieur, vous m’chatouiller
l’zouzou, zigue zigue zouzou, zigue zigue zouya
Monsieur, vous m’chatouiller le pied,
lonla falira dondé
Ce n’est pas moi, c’est mon zouzou,
zigue zigue zouzou, zigue zigue zouya
Ce n’est pas moi, c’est mon
chausse-pied, lonla falira dondé, lonla falira dondé.
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