vendredi 7 octobre 2016

170 - Le nouveau marié piqué

Dans la famille des « petits maris » on vous présente le nouveau marié piqué. Il existe quantité de variantes sur le thème du jeune marié tourné en ridicule. Elles illustrent bien la frustration des épouses avec un compagnon qui n'est pas à la hauteur. Dans le cas présent, la femme semble avoir trouvé un remède efficace à son impuissance. Il a su élever son niveau de performance – comme on dit aujourd'hui dans les commentaires sportifs. Voilà une conclusion plus heureuse que tous les épisodes tragi-comiques où le malheureux est croqué par le chat ou becqueté par un coq, ou bien périt dans l'incendie de la paillasse, ou noyé dans l'évier !
Pour écouter la chanson et lire la suite :


Cette chanson, avec son rythme de ridée, n'est pas originaire de Loire-Atlantique mais d'outre-Vilaine (1). Les chansons traditionnelles ignorent les frontières administratives. Mais il n'en manque pas sur ce sujet dans notre département et aux environs.
Le répertoire des chansons orales de Patrice Coirault donne 6 autres chansons-type sur le thème du « mari de petite taille ». Dans celle ci, il ne parait guère vraisemblable que la taille soit la seule vraie raison du mécontentement de la jeune épouse. Même imposé par le père, elle l'avait vu avant de dire oui. Ou alors s'agit-il d'autres dimensions ? Certaines versions précisent qu'il n'est pas plus gros qu'un haricot. Faut-il vous faire un dessin ?
Ce mari qui ne donne pas satisfaction est symbolisé de différents façons. Certaines sont tragiques. Il finit enterré dans un pot de fleurs ou transformé en descente de lit  ! D'autres sont plus plaisantes. C'est le cas des épisodes qui finissent, comme ici, par une amélioration de ses performances sexuelles. Quelles que soient ses mésaventures elles sont toujours traitées sur le mode comique (2) . D'où la fréquence du refrain :
Jamais je n'avais tant ri
Le mari qui s'endort et est donc réveillé brutalement, piqué aux fesses (le plus souvent). Il se cache dans, ou sous, un meuble d'où il est tiré de force. Parfois on le retrouve pissant dans les orties (aie!). La mariée le traîne et le remet sur le lit. On imagine cette situation illustrée par les caricatures de couples « à la Dubout ».
Intéressons nous maintenant à la conclusion heureuse avec ses prouesses inattendues. Selon les collectes on retrouve :
un rappel de la mariée : tu ne me donnes pas ce que tu m'as promis
Tché bé l'bon gars dans la journaie / mais dame le vaut rin la nuit (Nord Vendée)
Je ne vous dirai pas ce qu'il me fit / mais ça me fit rire (Ille et Vilaine)
Il me fit voir un petit moine gris / que ferons nous de ce moine gris / nous le mettrons en paradis (Brière)
suivies de versions imagées « d'embrasser » trois fois la nuit :
m'en donnit dau pain, dau beurre et dau biscuit (Vendée)
Fit trois pirouettes dessus le nombril (val de Loire)
et la conséquence prévisible :
Neuf mois après l'y eut un beau petit (Pays nantais)
Rappelons enfin, pour en finir avec des interprétations naïves et trop souvent entendues, qu'il n'est pas question de coucher « au lit », mais « o li » ce qui, en gallo, se traduit par « avec lui ».

notes
1 – Morbihan gallo, pour être plus précis
2 -contrairement aux chansons ou une jeune fille se plaint d'avoir été mariée à un « vieillard »

interprète : Jeannette Lebastard, réponses : atelier chant de Dastum à Besné
source : chanson du répertoire d'Anne-Gaëlle Normand
Catalogue C. Laforte : Le nouveau marié piqué (I, D-08)
Catalogue P. Coirault : La jeune mariée qui chasse son mari du lit et La jeune mariée contente des prouesses de son mari (05604)

LE NOUVEAU MARIE PIQUE (ridée)

Mon père m'a donné un mari
Jamais je n'avais tant ri
Comme Il m'l'a donné, je l'ai pris
Gamin vois tu bien
Vois tu bien comme il m'aime bien

Comme il m'l'a donné, je l'ai pris
La première nuit que j' couche o li
Il m'tournit l'dos et s'endormit
Je pris une aiguille, je l' piquis
Il prit ses hannes et il se sauvit
Je pris mon jupon je l'suivis
Je l'retrouvis dessous mon lit
Avec un croc je l'arrachis
Je le remis dessus mon lit
Tu m'donneras c'que tu m'a promis
Il m'embrassa trois la nuit
Une à onze heures l'autre à minuit
Et l'autre à la sortie du lit


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