Nous le remettons à l'honneur parce
que cela correspond à la saison, mais s'il est bien un genre tombé
en désuétude c'est celui de la chanson de quête. Autrefois très
présent à plusieurs périodes de l'année: Noël, Guillaneu,
Passion, Saint Martin...il a disparu du folklore local. Dans nos
contrées, les marguillers, quêtant pour la paroisse, ont été les
derniers à chanter de maison en maison.
Nous sommes ici en présence d'un chant
de quête de mai, plutôt en usage chez les jeunes gens d'une
commune. Les paroles ne laissent aucun doute : il s'agit autant
de récolter de la monnaie, des œufs ou d'autres denrées que
d'inviter les filles des villages traversés à se joindre à la
fête. Nous ne rentrerons pas dans le détail des explications sur le
déroulement de ces quêtes. Reportez vous aux ouvrages des
folkloristes pour en savoir plus. D'une chanson à l'autre on
retrouve des constantes et des originalités. Celles notées en
Loire-Atlantique n'échappent pas à la règle.
Pour écouter la chanson et lire la
suite :
Dans les années 80 quelques jeunes
collecteurs enthousiastes auraient tenté de faire revivre cette
tradition. Mais les temps ont changé. Dans les écarts les maisons
sont barricadées. Derrière les grilles « médor aux dents
pointues » veille ; quand ce n'est pas le propriétaire
armé d'un fusil de chasse qui menace d'appeler les gendarmes pour
tapage nocturne.
Jadis (1) les ruraux étaient peut être
tout aussi méfiants vis à vis de l'étranger, mais justement, ce
rituel local faisait partie des circonstances attendues. Aussi chacun
se débrouillait pour satisfaire les demandes. Les quêtes de mai
intervenaient au tout début du mois, le jour du premier mai ou le
premier dimanche de mai.
Contrairement aux chants de la période
de Pâques, centrés sur la passion du Christ, les quêtes de mai
n'ont pas de sens religieux. Pour autant, quelle que soit leur
ancienneté, elles ne sont pas éloignées d'une certaine forme de
mystique. Les œufs réclamés par les chanteurs sont peut être les
présents les plus faciles à faire pour les habitants des campagnes.
Mais l’œuf est aussi un symbole de la naissance ou de la
renaissance de la vie. Nous ne relancerons pas le long débat pour
savoir qui de l’œuf ou de la poule est à son origine. Remarquons
que ces chansons y attachent une grande importance. On prie pour la
bonne santé de la poule !
A l'inverse, un refus de donner des
œufs pourrait entraîner des désagréments ; le renard n'est
pas loin. Dans un « maggio » italien, équivalent de nos
chants du mois de mai, le problème est ainsi crûment posé :
Viene di maggio se non ci date
niente
alle vostre galline ci venga un
accidente! (2)
A prononcer avec l'accent de Don
Corleone dans le Parrain ? Même pas ; des versions
collectées en France utilisent la même menace.
Le couplet final, chanté en dernier
recours pour des récalcitrants, se retrouve dans d'autres chants de
quête de pays proches : Brière, Vilaine...
Celui ci vient du pays de Coislin,
autour de Campbon, dont les collectes réalisées à diverses
périodes par les Maillard, Glotin, Juteau, et autres, viennent
d'être rassemblées et valorisées par Dastum 44.
notes
1 – jadis : unité de temps
pifométrique, bien pratique quand on ne sait pas à quand exactement
faire remonter la pratique d'un folklore !
2 - Extrait du Maggio di questua de
Casteldicasio, région de Bologne, popularisé par le « Gruppo
Emiliano ».
Interprète : Janig Juteau
+ réponses
source : Stéphane Glotin,
de Campbon ; collectage de Janig Juteau
Catalogue P. Coirault :
Voici le mois de mai que les rosiers boutonnent (Quêtes de mai –
N° 9021)
Voici le mois de mai où les rosiers
boutonnent
Où les jeunes garçons en portent à
leur mignonne
En lui disant : « ma mie
prends ce bouquet »
A l’arrivée du joli mois de mai
(bis)
Voici le mois de mai rempli de
violettes
Filles et garçonnets sont remplis
d’amourettes
Ils sont remplis d’amourettes et de
joué (joie)
A l’arrivée du joli mois de mai
(bis)
Maître de la maison, qu’avez
beaucoup de vaches
L’vez-vous de bon matin, les m’ner
aux pâturages
Elles vous donn’ront du beurre et
puis du lait
A l’arrivée du joli mois de mai
(bis)
Maîtresse de maison, qu’avez de
grandes filles
Faites-les se lever, et vite qu’elles
s’habillent
Nous les mèn’rons toute la nuit pour
chanter
A l’arrivée du joli mois de mai
(bis)
Et vous les braves gens qu’avez de la
volaille
Mettez la main au nid, n’apportez pas
la paille
Donnez des œufs pas pourris mais bien
frais
A l’arrivée du joli mois de mai
(bis)
Si vous donnez des œufs je prierons
pour votre poule
C’est pour que le renard la prend pas
dans sa goule
Vantié bien qu’il vous la mangerait
A l’arrivée du joli mois de mai
(bis)
Si vous donnez des sous, je prierons
pour votre bourse
Pour qu’elle se remplit bien et que
Dieu vous rembourse
Et je prierons l’Archange Saint Miché
A l’arrivée du joli mois de mai
(bis)
Vous n’ pouvez rien donner, donnez la
chamberière
C’ ti-là qui porte les œufs vous en
fait la prière
Ce sera bien pour porter son panier
A l’arrivée du joli mois de mai
(bis)
Vous voulez rien donner, grandes
espèces d’andouilles
Tous les chiens du pays, vous chieront
dans la goule
Ça sera bien pour vous remercier
A l’arrivée du joli mois de mai
(bis).
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