Les chansons dialoguées sont assez
nombreuses dans la tradition : entre parents et enfants, mari et
femme, amant et amante...Certaines sont très connues comme les
répliques de Marion, le repas de Magloire (1), etc
Celle que nous vous proposons cette
semaine est d'un genre plus restreint, celui des chansons qui
proposent un véritable débat entre deux personnages. Dans ce cas,
le jeu des réponses contradictoires se poursuit tout au long de la
chanson, d'un vers à l'autre ou d'un couplet à l'autre. A quelques
exceptions près le thème de la dispute contient un discours
moralisateur où la tempérance joue un grand rôle. Mais les
arguments développés ne sont jamais à sens unique et chaque parti
peut y trouver son compte. Ce qui n'est pas le cas dans d'autres
chansons en forme de dialogue – comme celle entre un ivrogne et sa
femme (2) – où l'un des deux protagonistes finit par l'emporter.
Pour l'heure, voici donc un débat contradictoire entre buveur et
abstinent.
pour lire la suite et écouter la chanson:
D'après les études réalisées sur ce
thème, il remonterait aux XV ou XVIème siècles, où le
texte se serait figé dans sa forme actuelle. Sa source serait
beaucoup plus ancienne puisque les débats chantés étaient déjà
au répertoire des troubadours.
L'ivrogne et le pénitent a été
retenu par Armand Guéraud et publié dans les « chants
populaires du comté nantais et du bas Poitou »(3), mais sans
indication d'origine et sans musique. Nous n'avons pas, dans les
collectes réalisées en Loire-Atlantique, de version intégrale de
la dispute entre l'ivrogne et le pénitent. Voilà pourquoi
nos deux compères, enregistrés lors d'une veillée, ont choisi
d'interpréter une version déjà publiée sur disque. Leur texte est
celui chanté par Roland Brou et Charles Quimbert sur le CD « garçons
sans souci » du trio BHQ. Les notes de la pochette précisent
qu'il a été reconstruit à partir d'un texte québecois et d'un
texte breton.
Si nous avions disposé d'une version
complète de l'ivrogne et le pénitent, dans nos archives
sonores de Loire-Atlantique, elle aurait mérité de figurer dans
notre récent CD « chants des plaisirs de la table »(4).
D'autres chansons dialoguées en forme de débat ont été
répertoriées sur des sujets semblables : le dialogue de l'eau
et du vin, carême et mardi-gras...où des objets, des concepts, sont
personnifiés. Mais ces textes n'ont pas été retrouvés en pays
nantais à ce jour.
Notes
1 – chanson n° 10 du CD « chants
des plaisirs de la table », tout juste publié par Dastum 44
2 – écoutez « Ivrogne
rentres-tu au logis » chanson n° 8 du CD « chants des
plaisirs de la table », en vente pour une somme très modique
3 – page 468 dans le tome 2 des
recueils compilés par Joseph Le Floch – éditions FAMDT (1995)
4 – C'est peut être un peu
insistant, mais on ne rate pas une occasion d'en parler. Si vous
saviez comme il est beau, vous vous précipiteriez pour l'acheter !
Interprètes : Philippe
Goupil & Dominique Juteau
enregistrés lors d'une veillée
à Vieillevigne – (44) le17 février 2006
catalogue P. Coirault :
L’ivrogne et le pénitent (Le vin – N° 10701)
catalogue C. Laforte : Le
pénitent et l’ivrogne (3-G-04)
L’ivrogne et le pénitent
Le soleil s’est levé, il ne fait
plus si noir
Je suis un peu moins soul que j’étais hier au soir
Le vin charme la vie, buvons à perdre la raison
Qui es-tu toi qui va chantant ?
Qui es-tu toi qui soupire ?
Je suis un pénitent qui va pleurant sa vie
Et moi j’la pleure aussi
Ton destin est pieux
Je pleure lorsque le vin me sort par les deux yeux
J’enseigne à prier Dieu,
Et moi, j’enseigne à boire
De ce destin piteux tu t’en fais une gloire
Mais pourquoi sommes-nous fait
Pour mériter les cieux
Et moi pour les gagner, j’en bois autant que deux
Je ne bois que de l’eau,
C’est donc ça qui te rend blême
Je n’fais qu’un seul repas tout le long du Carême
Je n’en fait qu’un non plus
Tu fais donc ton devoir
Je commence le matin et je finis le soir
Je couche sur un gravât,
Et moi souvent dans la rue
Tout homme dans cet état doit être secouru-e
Doit-on craindre les dieux
C’est le devoir divin
J’entends quand je suis soul, qu’il faut céder au vin
Penses que tu dois mourir
Je vais mourir à table
De ce destin piteux tu t’en fais une fable
Je ne crains que la soif,
Tu dois craindre la mort
Comment la crainderais-je, quand je suis soul, je dors
Et quand tu seras mort,
Parle-moi d’autre chose
L’on déposera ton corps dans le fond d’une fosse
Hélas tu m’en a menti
Où le déposera-t-on
Dans le fond d’une cave au travers des flacons
Ton âme ira au feu,
J’essaierai de l’éteindre
Ce feux ne s’éteint pas, car il brûle sans cesse
J’emporterai du vin
Ce vin te brûlera
Mais non j’en boirai tant qu’il me rafraîchira
Adieu ivrogne, adieu,
Adieu vieil hypocrite
Tu t’éloignes de ton dieu pour suivre
Plus de cinq cents buveurs
Insensés comme toi
Peut-on les condamner s’ils boivent autant que moi.
Je suis un peu moins soul que j’étais hier au soir
Le vin charme la vie, buvons à perdre la raison
Qui es-tu toi qui va chantant ?
Qui es-tu toi qui soupire ?
Je suis un pénitent qui va pleurant sa vie
Et moi j’la pleure aussi
Ton destin est pieux
Je pleure lorsque le vin me sort par les deux yeux
J’enseigne à prier Dieu,
Et moi, j’enseigne à boire
De ce destin piteux tu t’en fais une gloire
Mais pourquoi sommes-nous fait
Pour mériter les cieux
Et moi pour les gagner, j’en bois autant que deux
Je ne bois que de l’eau,
C’est donc ça qui te rend blême
Je n’fais qu’un seul repas tout le long du Carême
Je n’en fait qu’un non plus
Tu fais donc ton devoir
Je commence le matin et je finis le soir
Je couche sur un gravât,
Et moi souvent dans la rue
Tout homme dans cet état doit être secouru-e
Doit-on craindre les dieux
C’est le devoir divin
J’entends quand je suis soul, qu’il faut céder au vin
Penses que tu dois mourir
Je vais mourir à table
De ce destin piteux tu t’en fais une fable
Je ne crains que la soif,
Tu dois craindre la mort
Comment la crainderais-je, quand je suis soul, je dors
Et quand tu seras mort,
Parle-moi d’autre chose
L’on déposera ton corps dans le fond d’une fosse
Hélas tu m’en a menti
Où le déposera-t-on
Dans le fond d’une cave au travers des flacons
Ton âme ira au feu,
J’essaierai de l’éteindre
Ce feux ne s’éteint pas, car il brûle sans cesse
J’emporterai du vin
Ce vin te brûlera
Mais non j’en boirai tant qu’il me rafraîchira
Adieu ivrogne, adieu,
Adieu vieil hypocrite
Tu t’éloignes de ton dieu pour suivre
Plus de cinq cents buveurs
Insensés comme toi
Peut-on les condamner s’ils boivent autant que moi.
je suis née en 1947 la soeur de maman et son mari chantaient cette chanson ds les réunions d famille dans les années 50 que de bons souvenirs d'enfance!!
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