Partant du principe que dans un moment festif – ce qui est, à priori, le cas du mariage – on n'est guère disposé à écouter des discours, la tradition a pris pour habitude de donner des conseils en les chantant. Ce qui nous a valu toute une panoplie de textes aux accents moralisateurs qui n'auraient probablement été acceptés que dans un cadre privé s'ils n'avaient été chantés. Les huit couplets que vous allez entendre, sous leur aspect désuet, valent bien toutes les recommandations autrement prodiguées aux jeunes mariés.
pour écouter la chanson et lire la suite :
En ce mois de novembre 2021 nous – chanteurs et chanteuses de l'association Dastum 44 – devions présenter une animation sur le thème des chansons de mariage en la commune de Saint Joachim. Cette commune a la particularité d'héberger un musée du mariage. Cette intervention déjà reportée depuis l'année dernière, pour les raisons que vous connaissez, n'a pas résisté aux mesures sanitaires. Nous compensons en partie son annulation en vous présentant cette chanson assez originale.
La coutume de s'adresser aux époux en chansons était habituelle un peu partout, avec des variantes locales. La plus connue de ces chansons-conseil est la fameuse chanson de la mariée avec son incipit :
« Nous sommes venus ce soir du fond de nos villages ».
Nous l'avons enregistrée en octobre 2014 (chanson n° 76). Dans son ouvrage sur le folklore du mariage (1) Fernand Gueriff en présente quatre versions entendues dans le même secteur. Il précise qu'elle « n'était pas la seule employée des jours de mariage. On débitait d'autres homélies du même genre, mais différentes, qu'il est intéressant de publier et de comparer ». De ces chansons entendues en pays paludier on retient celle débutant par « O, mon amie voici le jour aimable », connue dans bien d'autres régions. Puis vient celle ci trouvée dans un vieux cahier de chansons appartenant à un certain Ephrem Lévêque. Constatant que le texte est composé en octosyllabes mais de la même veine que la chanson de la mariée, Gueriff s'interroge : « Par quel curé de village ont-ils été composés ? ». On sait, en effet que la célèbre « chanson de la mariée » a été refondue au 18è siècle par l'abbé François Gusteau (2) sur la base d'une coutume plus ancienne. Peut être en est-il de même pour celle-ci, dont l'origine reste inconnue. Son style, son langage et son contenu permettent juste de dire qu'elle semble d'une composition plus récente que le « tube » précité. On s'éloigne un peu de ce texte moralisateur prêchant la soumission de la mariée avec ce trop connu : « quand on dit son époux, on dit souvent son maître ». Celle ci est plus équilibrée, s'adressant en même temps aux deux époux. Les recommandations y sont encore d'un autre âge, mais la protection a remplacé la soumission. Qui s'en plaindra ?
L'ouvrage de Fernand Gueriff sur le « folklore du mariage » est certainement l'un des plus complets sur le sujet. Son étude porte sur les coutumes de la Presqu'ile Guérandaise. D'autres chansons ont été collectées ailleurs. Pour compléter cet aperçu, reportez vous donc également à la chanson n° 117, l'oiseau de la mariée (août 2015) ainsi qu'à la chanson n° 238, je sommes venus vous inviter (mars 2018).
notes
1 - ouvrage édité par Dastum 44 en 2005 et dont il nous reste quelques exemplaires ; de même que les tome 3 (Saint Nazaire et la Brière) et 4 (enfantines et danses). Noël approche ; pensez y et contactez nous.
2 - abbé Gusteau (1699-1765) prieur de Doix près de Maillezais (Vendée), auteur de poésies patoises publiées en 1855. De Gusteau également la chanson n° 49 de mars 2014, le jardinier français.
interprète : Janig Juteau
source : paroles extraites d'un cahier de chansons de Saint André des Eaux, datant de 1898, publié dans le tome 2 du trésor des chants populaires folkloriques du pays de Guérande, de Fernand Guériff, le folklore du mariage, page 220. Air appris de Stéphane Glotin, de Campbon (collectage : Janig Juteau)
non cataloguée.
Écoutez-moi, jeunes époux
Écoutez l'ami qui vous aime.
Pour être heureux, souvenez-vous
Que le bonheur vient de vous-mêmes
C'est par des soins et des égards
Et non des biens dignes d'envie.
Ah, Ne courrez aucun hasard,
Vous embellirez votre vie.
A tes parents, à tes amis,
Offre des hommages sincères.
Mais du moins qu'il te soit permis,
Les offrir à ta tendre mère.
Comme elle t'a donné la vie,
Elle a pris soin de ton enfance.
Elle a des droits sur ton amour,
Ainsi qu'à ta reconnaissance.
Et toi pressé de ton amour,
Tu viens de jurer sur ton âme
Que tu la prenais en ce jour
pour ton épouse et pour ta femme.
Et qu'elle trouve un protecteur
dans le mari qu'elle a choisi.
Ne lui blesse jamais le cœur,
tu lui ferais haïr la vie.
Et toi Marie, de ton coté,
Tu lui dois les soins d'une épouse.
Si tu veux sa fidélité
Ne sois pas
d'une humeur jalouse.
Oh ne versez jamais de pleurs
Que
vous ne les versiez ensemble.
Tu dois partager ton bonheur.
Ce devoir est bien doux me semble.
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