Mignonne allons voir si la rose...c'est
presque du Ronsard que nous vous proposons cette semaine. Sur le
thème universel de la vie qui, comme la rose, se fane promptement,
voici les observations d'une belle, pressée de profiter de ses
plaisirs.
Mariez vous car il est temps :
telle est la morale de cette chanson quelle que soient ses variantes,
fort nombreuses. Avec ses refrains en « allons gai gaiement »
ou « belle allons légèrement », on est évidemment dans
le domaine de la chanson à danser. Fernand Guériff, qui l'a notée
en presqu'ile Guérandaise, fait remarquer que le timbre :
« est très connu dans le pays. Il s'adapte à diverses
chansons de caractères très différents, comme Le petit
guernouillon ».
pour écouter la chanson et lire la
suite :
Encore une fois c'est ce bavard de
rossignol qui se mêle du sort des amoureux. A force de colporter des
messages, il a acquis une telle expérience sur les choses de l'amour
qu'on ne peut que lui faire confiance. Même si cette fois il ne
s'exprime pas « dans son latin » ce qui est de toutes
façons un gage d'érudition sinon de sagesse.
La belle s'en va porter son bouquet au
marché de Rouen, ce qui suffit à nous faire comprendre que la
chanson ne trouve pas son origine dans notre région. Fernand Guériff
en a pourtant récolté, dans le même secteur, d'autres versions
dont une où elle s'en va :
à Nantes sur un cheval noir et
blanc
et Bujeaud, dans l'Angoumois en avait
trouvé une avec des parents qui habitent à Confolens. Ces deux
versions nous proposent une suite avec des parents très contrariants
qui la font
coucher à six heures, l'heure du
divertissement et
lever à trois heures, l'heure où
je dormirais tant
hélas serais-je pas mieux dans les
bras de mon amant !
Entre pays de Retz et pays de Vilaine
on en trouve qui dérivent vers une autre chanson où après lui
avoir demandé « combien gagnez vous par an ? » on
propose à la fille d'en gagner autant sinon plus mais dans une
situation qu'elle refuse d'un « épousez moi d'abord ».
En l'absence des parents, notre texte
se limite aux conseils du rossignol qui a probablement entendu l'ode
à Cassandre déjà mis en musique
par
Jehan Chardavoine (1). Ou bien est-ce Ronsard qui a entendu le
rossignol chanter puisqu'on dit qu'il se serait inspiré de textes
d'auteurs latins ?
Quoi qu'il en soit, chanson et poème
utilisent le même procédé. La rose cueillie le matin permet de
comparer le déroulement de la journée à celui de la vie, de
l'aurore au coucher ou du berceau à la tombe. Alors ne résistons
pas au plaisir de citer ses quelques vers en écho à la chanson :
Cueillez, cueillez votre jeunesse
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté
Fera ternir votre beauté
Auteurs latins, poète de la
renaissance ou tradition populaire, cette réflexion sur la jeunesse
et le temps qui passe a toujours été chantée et n'est pas près de
se faner.
note
1 - l'ode à Cassandre date de 1545 et
la musique de Chardavoine de 1576, publiée
dans son « Recueil des plus belles et excellentes chansons en
forme de voix de ville tirées de divers auteurs et poètes françois
tant anciens que modernes ausquelles a été nouvellement adaptée la
musique de leur chant commun »
Interprètes : Janick
Peniguel, avec Christine Dufourmantelle, Janig Juteau, Liliane
Berthe, Jean-Louis Auneau (réponses) et Dominique Garino (guitare)
source : Thérèse
Quessaud, de Trescalan (La Turballe – 44) recueilli et publié par
Fernand Gueriff (T.3 p.88, 89)
catalogue P. Coirault :
Belle rose, ou marie toi belle il est temps (pressées 2 – n°
01101)
catalogue
C. Laforte :
la belle rose – I, G-08
1-)
J'ai cueilli la rose rose, ( bis
Dans un beau tablier blanc, Gai, gai,
Dans un beau tablier blanc, Gaiement.
2-)
Je l'ai cueillie feuille à feuille, (
bis
Avant le soleil levant, ....
3-)
Je m'en fus la porter vendre, ( bis
Au grand marché de Rouen, .....
4-)
Il me fallait pour m'y rendre, ( bis
Passer par devant l'étang, .....
5-)
Là, je n'y trouvais personne, ( bis
Que le rossignol chantant, ....
6-)
Il me dit dans son langage, ( bis
La vie est douce à quinze ans, ....
7-)
Mais comme la rose rose, ( bis
Ell' se fane promptement, ......
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