Pour bien terminer cette année
cauchemardesque que diriez vous d'une petite chanson d'amour qui
finit bien ; pour une fois. Certes on est ici assez loin des
envolées lyriques et des grands sentiments mais au moins est-on sur
que les deux amants finiront la nuit dans les bras l'un de l'autre.
Faisons un rêve. Imaginons qu'en cette période de fêtes, de
retrouvailles, de cadeaux et de réconciliation toutes les situations
conflictuelles trouvent une issue aussi heureuse. Rêvons un peu
comme le galant de la chanson et nos rêves finiront bien par se
réaliser !
Pour écouter la chanson et lire la
suite
Trop souvent nous entendons des
interprétations de cette histoire qui se terminent de manière
abrupte :
Galant si tu t'y noies
Noyé tu seras !
Au delà d'une certaine évidence cette
conclusion nous laisse sur notre faim tant elle paraît tronquée. La
version que nous avons choisie a été collectée au Pays de Retz.
Elle rétablit une morale, issue de la religion, qui promet la
damnation éternelle et le feu de l'enfer à toute personne qui
attente à ses jours. Même si la menace de se supprimer ne semble
que faire partie d'un jeu entre les deux amants, l'argument est bien
réel. Il est aussi adroitement retourné par le garçon qui y
associe la responsabilité morale de la fille. Bref, chantage ou
simple jeu, ce qui compte c'est qu'au final la porte s'ouvre. La
chanson peut maintenant s'arrêter en laissant la suite à
l'imagination.
Mais avant d'en arriver à cette
heureuse conclusion nous avons assisté à un dialogue animé des
deux coté d'une porte qui n'est pas sans rappeler certains rituels
pré-nuptiaux comme le fameux « chant des livrées ». Des
arguments sont opposés avec plus ou moins de bonne foi jusqu'au
dénouement. Tout est écrit d'avance et le dialogue n'est là que
pour la forme. Ce pourrait être le cas avec cette version du Pays de
Retz, mais il faut bien reconnaître qu'elle fait exception parmi
toutes celles que nous avons pu entendre ou retrouver. Très souvent
la belle ne se laisse pas fléchir, ce qui donne des fins du genre :
galant si tu t'y noies / tant pis
pour toi (Vendée)
galant si l'eau est froide /
retourne t 'en (Béarn)
Je rentre dans ma chambre / oui tout
baba (Franche Comté)
au mieux, la version poitevine donnée
par Bujeaud exprime :
Ah ça serait bien dommage / un si
beau gars
Notre chanson ajoute également un
détail, absent de toutes les autres versions que nous avons pu
consulter. Le galant sort de son lit « dret comme un mat » !
Voilà une façon imagée et réaliste d'évoquer les sensations
qu'on pu provoquer le rêve de la mie sur le galant. La chanson ne
précise pourtant pas si elle se nomme Fernande.
Avec cette chanson s'achève pour nous
l'année 2016. Nous nous retrouverons l'année prochaine, après
avoir laissé passer la trêve des confiseurs.
interprètes :
Jean-Louis Auneau avec Daniel
Lehuédé, Jean Auffray et Dominique Juteau
source :
quatre vingt chansons du Pays de Retz, cahier de chansons du
ménétrier Poiraud, compilé par Michel Gauthier
catalogue Coirault : 718 –
le rêve du galant
catalogue Laforte :1,
O-01 – La mie en rêve
J'ai fait un rêve
Eh là, j'ai fait un rêve
Cette nuit là
Cette nuit là, la lire lan lire
Cette nuit là, la lire lan la
Que je tenais ma mie
Z'enteur mes bras
Mais à la réveillée
A n'y était pas
Je sautais dans la place
Dret comme un mat
A la porte d'ma mie
Tout dret j'm'en vas
Arrivant à la porte
Trois coups frappa
Qu'est ce qui frappe à ma porte
Le soir si tard
C'est ton amant la belle
Ouvre lui va
Je n'ouvre pas ma porte
A cette heure là
A cette heure là
Si t'ouvres pas ta porte
Noyer j'm'en vas
Noyer j'm'en vas
Galant si tu te noyes
Damné tu s'ras
Ma mie si je me damne
La cause tu seras
La belle ouvrit sa porte
L'amant rentra
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