Elle court, elle court la maladie
d'amour...ça c'est pour la version « variété » de la
chanson. Une version plus optimiste, sans doute due aux progrès de
la médecine en ce domaine. La chanson traditionnelle se contente de
professer que le mal d'amour est une maladie que rien ne peut guérir.
Et cette pathologie ne date pas d'hier comme le suggère le caractère
suranné des paroles de notre chanson. Elle développe des images
qu'on retrouve dans les paysages d'arrière plan de tous les tableaux
anciens : rochers, fontaines, vallons, peuplés de bergers et de
bergères.
Cette chanson est un véritable
catalogue des clichés de l'amour malheureux.
Pour écouter la chanson et lire la suite:
La similitude entre les paysages des
tableaux de l'époque classique et les descriptions de cette chanson
pourrait aider à la dater. On se retrouve dans cette même nature
indéfinie qu'évoquent les arrières plans des tableaux idylliques.
Qu'ils dépeignent des scènes de chasse ou d'amour, ils ne sont ni
localisés ni réalistes. Tout comme la chanson, ils nous
transportent en des lieux qui sont autant de décors d'un théâtre
où se joue une scène en premier plan.
Intéressons nous donc aux arguments de
ces scènes de relations amoureuses et d'abord à ceux qui sont
développés dans notre chanson :
- L'amour présenté comme une
maladie : le seul remède connu est l'aboutissement. Mais la
jeune fille ne le souhaite pas ; d'où sa réplique : Je
ne suis pas fille d'un médecin.
- Le rossignol qui chante le malheur
des amoureux. Dans les chansons, ce chanteur est rarement un oiseau
de malheur. Le plus souvent il exprime la joie d'aimer ; il est
un confident, un conseiller ou un messager des amoureux.
- Le chantage de l'amant :
faut-il mon sang il est prêt à couler. Et si cet argument ne
suffit pas c'est une issue définitive à ses maux qu'il annonce :
Après ma mort tu pleureras...il sera trop tard. Apparemment
sans aucun effet sur la belle !
Sans aller jusqu'à des solutions aussi
radicales d'autres arguments sont souvent développés dans les
chansons de ce type. Voici donc quelques uns de ceux auxquels vous
avez échappé cette semaine :
- L'allégorie des rapports amoureux
sous la forme d'une montagne, à peine esquissé ici. L'amour
« montagnard » se définit souvent par la formule :
En la montant qu'on a de peine – en descendant que de
soulagement
- L'abandon du monde par dépit
amoureux, qui se traduit souvent par l'ermitage auprès d'une roche
voisine : Je m'en irai dans un bois solitaire, finir mes
jours à l'ombre d'un rocher. Moins radical que le sang qui coule
et le suicide annoncé presque ouvertement dans notre version
Ce ne sont là que quelques uns de ces
clichés qui hantent les chansons d'amour depuis plusieurs siècles
et que les chansonniers d'aujourd'hui continuent à utiliser sous
diverses formes, même quand ils sont prompts à qualifier de
ringardises les chansons traditionnelles. Fontaine, bois, rocher,
vallons et plaines ne sont plus hantés par les amoureux
d'aujourd'hui. La peinture a elle aussi bien évolué. Elle n'exprime
plus les sentiments de la même manière, mais le propos, lui, n'a
guère changé.
interprète : Janig Juteau
source : Pierre et Marie
Orain, de Campbon (44) collecte de Janig Juteau en 2004
Catalogue P. Coirault : les
amoureux sont toujours malheureux – 00120
On m’y défend d’aller voir ma
maîtresse, Dans les moments qu’elle commence à m’aimer
On m’y défend, on a beau m’y défendre de vous aimer ma charmante beauté
Quand je vous vois, je vois tout ce que j’aime, mon cœur n’a pas de moment plus heureux
En vous quittant je me quitte moi-même, je suis du rang des amants malheureux
C'est toi la belle qui cause mon martyre, n’aurais-tu pas de la compassion
Pour un amant qui pleure et qui soupire en attendant de toi la guérison
Quelle guérison veux-tu que j’y fasse, je ne suis pas fille d’un médecin,
Je ne suis pas celle que ton cœur aime, va-t-en ailleurs y chercher ton bonheur
Combien de fois j’ai passé la rivière pour y garder tes blancs moutons du loup
Et maintenant voilà la récompense que je reçois belle à présent de vous
Bien haut là-bas sur ces vertes montagnes, j’ai entendu le rossignol chanter,
Mais qui disait dans son joli langage : les amoureux sont toujours malheureux
Quand je vivrais deux cents ans dans le monde, jamais les filles n’auront mes amitiés
Je les donnerai à quelques jeunes veuves ah qui pour moi auront de l’amitié
Que faut-il donc bellerie, pour vous plaire, faut-il mon sang il est prêt à couler
Et si mon sang ne peut vous satisfaire, s’il faut ma mort vous n’avez qu’à parler
Quand j’s’rai mort, tu pleureras la belle, en regrettant ton très fidèle amant
Tu marcheras dessus ma sépulture tu pleureras, il ne sera plus temps
On m’y défend, on a beau m’y défendre de vous aimer ma charmante beauté
Quand je vous vois, je vois tout ce que j’aime, mon cœur n’a pas de moment plus heureux
En vous quittant je me quitte moi-même, je suis du rang des amants malheureux
C'est toi la belle qui cause mon martyre, n’aurais-tu pas de la compassion
Pour un amant qui pleure et qui soupire en attendant de toi la guérison
Quelle guérison veux-tu que j’y fasse, je ne suis pas fille d’un médecin,
Je ne suis pas celle que ton cœur aime, va-t-en ailleurs y chercher ton bonheur
Combien de fois j’ai passé la rivière pour y garder tes blancs moutons du loup
Et maintenant voilà la récompense que je reçois belle à présent de vous
Bien haut là-bas sur ces vertes montagnes, j’ai entendu le rossignol chanter,
Mais qui disait dans son joli langage : les amoureux sont toujours malheureux
Quand je vivrais deux cents ans dans le monde, jamais les filles n’auront mes amitiés
Je les donnerai à quelques jeunes veuves ah qui pour moi auront de l’amitié
Que faut-il donc bellerie, pour vous plaire, faut-il mon sang il est prêt à couler
Et si mon sang ne peut vous satisfaire, s’il faut ma mort vous n’avez qu’à parler
Quand j’s’rai mort, tu pleureras la belle, en regrettant ton très fidèle amant
Tu marcheras dessus ma sépulture tu pleureras, il ne sera plus temps
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