vendredi 13 mai 2016

152 - L’autre jour en m’y promenant

Prenez en un, prenez en deux, prenez en davantage.Toutes les mêmes...ces chansons traditionnelles qui se servent de cette réplique. Quelle que soit l'origine de la jeune fille : le Loroux, Saint Barnabé, Parthenay ou ailleurs, les recommandations de prudence se rapportent à l'attitude du père.
D'habitude la sévérité du père est opposée à la compréhension de la mère qui dans son jeune âge en a fait tout autant. Dans notre chanson la fille a l'air beaucoup moins sure d'elle et préfère détailler tous les désagréments qui résulteraient de l'intervention paternelle. De quoi refroidir l'ardeur d'un soupirant trop entreprenant ? Ou peut être tout simplement par la suite d'un oubli du chanteur à qui on doit cette version, collectée à Joué sur Erdre en limite des pays d'Ancenis et de Chateaubriant.
Pour lire la suite et écouter la chanson :


Toutes ces chansons où il est permis d'embrasser sont reliées à une chanson type connue sous le titre « la belle fille de Parthenay ». Comme nous l'avons déjà expliqué précédemment (1) le Parthenay en question n'a probablement rien à voir avec la cité des Deux-Sèvres. Le Parthenay de la chanson serait un lieu-dit proche de Paris, situé sur la commune actuelle de Chatenay-Malabry. Certaines versions débutent d'ailleurs par : Dedans la ville de Paris...
Cette chanson type est tellement répandue qu'elle a aussi contaminé d'autres chansons traditionnelles ayant adopté ce dialogue. Connue à peu près partout en France, elle remonterait au moins au 16ème siècle. Pour faire simple on peut identifier quelques tendances :
- Les versions proches de la fille de Parthenay, même si elles situent parfois l'action ailleurs : Vertou, Le Loroux, Saint-Barnabé...Elles se caractérisent aussi par des refrains du type « j'aime la voir à rire »
- Les chansons où c'est la jeune fille qui sollicite pour qu'on l'aide à « passer le bois » ; une métaphore assez explicite ;
- Des versions où un garçon tend un piège à la fille ; souvent en se mettant sur le chemin où elle passe avec ses vaches. Anecdote particulièrement localisée autour de l'estuaire de la Vilaine, présente dans les collectes d'Albert Poulain, Hervé Dréan, Louisette Radioyes ;
- La fréquentation du plus beau gars du village, qui s'avère souvent être un lourdaud qui va raconter sa bonne fortune, avec les conséquences prévisibles pour la fille ;
- Enfin, la chanson que nous interprétons aujourd'hui, où la mise en situation est plus imprécise : en se promenant on rencontre une fille à l'ombrage. Des versions très proches tant pour la mélodie que le texte ont été collectées un peu partout dans l'ouest : pays de Loudéac, Morbihan, pays nantais, marais breton-vendéen, etc. Les principales différences entre toutes ces versions portent sur les deux derniers couplets. La belle serait confinée à la maison :
pour y faire le ménage, ou encore
pour y « frobir » les marmites (2)
plus logiquement que pour garder les vaches, activité plus champêtre que domestique,
et s'occuper des petits enfants
dans leurs berceaux bien sages
plutôt que de ceux qui
pleurent dans le bocage
comme le chantait Joseph Malherbes, de Joué sur Erdre qui est quasiment le seul à ne pas faire allusion à l'attitude permissive de la mère.

Notes
1 - voir la chanson N° 66 de ce blog :Les filles du Loroux -
2 – probable déformation de fourbir

interprète : Hugo Aribart
source : Joseph Malherbes, de Joué-sur-Erdre – (44) collectage de Jean Renaud en mai 1967
catalogue P. Coirault : La fille de Parthenay (Amourettes – N° 1830)
catalogue C. Laforte : La fille de Parthenay (1-K-01)


L’autre jour en m’y promenant
Tra la la la la la la la la la
Tout le long du rivage
Tout le long du rivage ( bis )

J’ai aperçu, j’ai rencontré
Tra la la la la la la la la la
Une fille à l’ombrage…

Un doux baiser, j’lui ai demandé
De sur son blanc visage

Prenez-en un, prenez-en deux
Prenez-en davantage

Mais n’allez pas le dire là-haut
Là-haut dans le bocage

Car si papa, il savait ça
Il ferait le tapage

Je n’irais plus jamais aux champs
Aux champs garder les vaches

J’y resterais à la maison
Pour y garder les vaches

Et pour garder les p’tits enfants
Qui pleurent dans le bocage.

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