Prenez en un, prenez en deux, prenez en
davantage.Toutes les mêmes...ces chansons traditionnelles qui se
servent de cette réplique. Quelle que soit l'origine de la jeune
fille : le Loroux, Saint Barnabé, Parthenay ou ailleurs, les
recommandations de prudence se rapportent à l'attitude du père.
D'habitude la sévérité du père est
opposée à la compréhension de la mère qui dans son jeune âge en
a fait tout autant. Dans notre chanson la fille a l'air beaucoup
moins sure d'elle et préfère détailler tous les désagréments qui
résulteraient de l'intervention paternelle. De quoi refroidir
l'ardeur d'un soupirant trop entreprenant ? Ou peut être tout
simplement par la suite d'un oubli du chanteur à qui on doit cette
version, collectée à Joué sur Erdre en limite des pays d'Ancenis
et de Chateaubriant.
Pour lire la suite et écouter la
chanson :
Toutes ces chansons où il est permis
d'embrasser sont reliées à une chanson type connue sous le titre
« la belle fille de Parthenay ». Comme nous l'avons déjà
expliqué précédemment (1) le Parthenay en question n'a
probablement rien à voir avec la cité des Deux-Sèvres. Le
Parthenay de la chanson serait un lieu-dit proche de Paris, situé
sur la commune actuelle de Chatenay-Malabry. Certaines versions
débutent d'ailleurs par : Dedans la ville de Paris...
Cette chanson type est tellement
répandue qu'elle a aussi contaminé d'autres chansons
traditionnelles ayant adopté ce dialogue. Connue à peu près
partout en France, elle remonterait au moins au 16ème siècle. Pour
faire simple on peut identifier quelques tendances :
- Les versions proches de la fille de
Parthenay, même si elles situent parfois l'action ailleurs :
Vertou, Le Loroux, Saint-Barnabé...Elles se caractérisent aussi par
des refrains du type « j'aime la voir à rire »
- Les chansons où c'est la jeune fille
qui sollicite pour qu'on l'aide à « passer le bois » ;
une métaphore assez explicite ;
- Des versions où un garçon tend un
piège à la fille ; souvent en se mettant sur le chemin où
elle passe avec ses vaches. Anecdote particulièrement localisée
autour de l'estuaire de la Vilaine, présente dans les collectes
d'Albert Poulain, Hervé Dréan, Louisette Radioyes ;
- La fréquentation du plus beau gars
du village, qui s'avère souvent être un lourdaud qui va raconter sa
bonne fortune, avec les conséquences prévisibles pour la fille ;
- Enfin, la chanson que nous
interprétons aujourd'hui, où la mise en situation est plus
imprécise : en se promenant on rencontre une fille à
l'ombrage. Des versions très proches tant pour la mélodie que le
texte ont été collectées un peu partout dans l'ouest : pays
de Loudéac, Morbihan, pays nantais, marais breton-vendéen, etc. Les
principales différences entre toutes ces versions portent sur les
deux derniers couplets. La belle serait confinée à la maison :
pour y faire le ménage, ou
encore
pour y « frobir » les
marmites (2)
plus logiquement que pour garder les
vaches, activité plus champêtre que domestique,
et s'occuper des petits enfants
dans leurs berceaux bien sages
plutôt que de ceux qui
pleurent dans le bocage
comme le chantait Joseph Malherbes, de
Joué sur Erdre qui est quasiment le seul à ne pas faire allusion à
l'attitude permissive de la mère.
Notes
1 - voir la chanson N° 66 de ce
blog :Les filles du Loroux -
2 – probable déformation de fourbir
interprète : Hugo Aribart
source : Joseph Malherbes,
de Joué-sur-Erdre – (44) collectage de Jean Renaud en mai 1967
catalogue P. Coirault : La
fille de Parthenay (Amourettes – N° 1830)
catalogue C. Laforte : La fille de
Parthenay (1-K-01)
L’autre jour en m’y promenant
Tra la la la la la la la la la
Tout le long du rivage
Tout le long du rivage ( bis )
J’ai aperçu, j’ai rencontré
Tra la la la la la la la la la
Une fille à l’ombrage…
Un doux baiser, j’lui ai demandé
De sur son blanc visage
Prenez-en un, prenez-en deux
Prenez-en davantage
Mais n’allez pas le dire là-haut
Là-haut dans le bocage
Car si papa, il savait ça
Il ferait le tapage
Je n’irais plus jamais aux champs
Aux champs garder les vaches
J’y resterais à la maison
Pour y garder les vaches
Et pour garder les p’tits enfants
Qui pleurent dans le bocage.
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