vendredi 2 octobre 2015

121 - Chansonnette nouvelle

Dans la série amours malheureux, voici notre livraison de la semaine. En attendant de trouver une chansonnette avec un dénouement heureux (1), en voici une qui se proclame nouvelle avec pourtant un thème très ancien. O, combien de marins, combien de capitaines – de soldats aussi – qui partis pour des aventures lointaines, n'ont pas attendu longtemps pour avoir le mal du pays. Surtout si au pays est resté une blonde dont le souvenir attise les regrets.
Trop tard ; la mie se meurt, ou elle est morte. Le retour de l'amant n'y changera rien. Seule la fin de la chanson peut subir quelques variations.
pour lire la suite et écouter la chanson:

Notez bien qu'on aurait pu trouver une fin encore plus tragique pour cette romance. Parmi les possibilités offertes par les chansons traditionnelles nous avions :
  • le baiser donné à la fille qu'on vient d'enterrer. C'est l'histoire de Pierre de Grenoble. Évidemment le galant suit sa belle dans la tombe.
  • La belle déjà morte qui trouve le moyen d'avertir son amant qu'elle est arrivée en enfer ; avec tous les conseils qui s'ensuivent.
  • Le galant qui passe son chagrin en retournant s'engager dans l'armée...
Nous nous contenterons aujourd'hui d'un amant inconsolable (pour combien de temps?). Nous n'irons pas jusqu'à l'extrémité du galant qui parle de se tuer, comme dans la version notée à Saint Congard par Louisette Radioyes (2).
Enfin, les cloches qui sonnent le glas pourraient tout aussi bien annoncer un autre événement, comme dans cette version collectée et interprétée par Albert Poulain (2) :
C'est la noce à ta mie qu'on mène marier
La morale y est complètement différente. Devant le désespoir du galant qui réclame un sabre pour se faire hara-kiri, l'histoire finit ainsi :
Faut-il pour une brune qu' un garçon aille se tuer
Tu en trouveras bien d'autres qui seront bien à ton gré
Peut-on pour autant parler d'un dénouement heureux ?

En attendant, consolez vous avec des chansons à boire et à manger. Le CD « chants des plaisirs de la table » est officiellement sorti.

notes
1 – voir chanson n° 119, septembre 2015
2 – le répertoire de Saint Congard et de ses environs - Louisette Radioyes, tome2, page 111
2 – version notée dans les Carnets de route d'Albert Poulain, page 336

source : cahier de chansons du ménétrier Poiraud, de Pornic
interprètes : Jean-Louis Auneau, Daniel Lehuédé, Dominique Juteau, Francis Boissard
catalogues : Coirault – présenté comme une variante de 3412 : le pucelage ne se rend pas comme de l'argent prêté - Laforte IV, G-02 le marin qui entend sonner le glas de sa bien aimée

Chansonnette nouvelle

Chansonnette nouvelle (bis)
Qui veut l’entendre chanter, sur les bords de l’île
Qui veut l’entendre chanter, sur les bords des prés

C’est d’une jeune fille (bis)
Et d’un jeune écolier, sur les bords de l’île…

Sept ans ce sont aimés / Pensant s’y marier
Au bout des sept années / L’amant s’est embarqué
Quand il fut sur la mer / La mer bien éloignée
Dit à ses camarades / Qu’est-ce que j’entends sonner
C’est le glas de ta mie / Que l’on va enterrer
Si ma mie elle est morte / Le deuil je vais porter
Ma mie elle était rose / Comme la fleur du rosier
Et ma mie elle est blanche / Comme la fleur d’églantier
J’ai tant de chagrin d’elle / Jamais j’m’y consol’rai.


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