N'y a rien d'aussi charmant que la
bergère aux champs...et pourtant tout ne va pas pour le mieux entre
elle et son amant. Poursuivant notre série de chansons d'amour qui
finissent mal, voici une histoire, très répandue dans notre région,
de dispute à propos du caractère bagarreur du garçon. Subissant
les reproches de la belle le galant provoque la rupture. Les anneaux
qui symbolisaient leur amour, sans doute leurs fiançailles,
deviennent l'objet du désaccord. Mais une fois la séparation
consommée la bergère exprime son regret.
C'est la conclusion de notre chanson,
mais il n'en est pas toujours ainsi. En cherchant d'autres versions
de cette dispute on découvre que les torts sont peut-être plus
partagés qu'il n'y paraît. Explications :
pour lire la suite et écouter la chanson:
Il est souvent utile de rechercher
plusieurs versions différentes de la même chanson. Facile pour
celle ci qui a été notée à maintes reprises dans tout l'ouest et
bien au delà.
Tout d'abord, il manque à notre
chanson un couplet souvent présent ailleurs, qui explique le dégoût
de la bergère :
Je t'ai vu battre l'autre jour
si durement
que j'ai rentré dans mon jardin
le cœur doulant
cet épisode noté par Fernand Guériff
et d'autres (1) est plus explicite que le seul « ne t'ai-je pas
vu le sabre en main ».
Quand au repentir de la bergère il
s'exprime parfois dans une tentative de médiation (2) :
N'y a-t-il pas quelqu'un ici
de ses amis
pour aller dire a mon ami
de revenir
Mais pour l'amant : de revenir
il n'est plus temps....
Plus surprenant, dans plusieurs de ces
chansons les rôles sont inversés. C'est le cas de la version
collectée par Albert Poulain auprès d'Albert Chevalier à Glénac
(3). Le galant violent jure je n'ai pas le sabre en main... puis
après avoir demandé les anneaux que je t'avais donné rends les
moi change d'avis pitoyablement : je me jette à vos
cotés le cœur mourant
Cette fin se rapproche de celle publiée
par A. Guéraud : Si j'ai
mal parlé je m'en repends – tendez moi vos deux bras, à vos
genoux je me rends . Mais cette fois c'est la bergère qui
oppose un refus : Mon cher amant il n'est plus temps
Quelle que soit l'issue de cette
dispute, elle finit mal pour les deux amants. L'autre point commun de
toutes ces versions c'est une mélodie qui varie assez peu. Celle
chantée ici est connue dans toute la Haute Bretagne.
notes
1 – et aussi : je t'ai vu battre
l'autre jour si traitrement, noté par François Simon à La Romagne
(49) - je vous ai vu battre bien joliment, noté par A. Millien dans
le Nivernais
2 – Bujeaud, dans ses chansons
populaires des provinces de l'ouest ; entre autres
3 – Carnets de route d'Albert
Poulain, p. 262 – éd. Dastum / P.U.R.
Source : collecte de Janig Juteau et Florence
Grondin, en juillet 1999 chez Stéphane Glotin à
Campbon, qui la tenait lui-même de Mme Marguerite Gendron de Bouvron.
interprète : Janig Juteau
catalogues : P. Coirault :
L’amant congédié pour s’être battu (Dissensions III - N°
02805) - C. Laforte : La bergère indifférente (II-F–37)
Quand la bergère s’en va au champ
Quand la bergère s’en va au champ
(bis)
Toujours filant
Sa quenouillette à son côté (bis)
Fuseau d’argent
Son bel amant va la suivant (bis)
En lui disant
Marions-nous, ma bien aimée (bis)
Car il est temps
Nous marier, maudit amant (bis)
Non, non, jamais
J’aimerais mieux te voir au loin
(bis)
Et non auprès
Qu’y a-t-il donc ma douce amie (bis)
Qu’ai-je donc fait
Que tu aim’rais mieux me voir au loin
(bis)
Et non auprès
Ne t’ai-je pas vu le sabre en main
(bis)
Et l’pistolet
Et l’anneau que tu as au doigt (bis)
Il est à moi
Tenez, la belle, voilà votre anneau
(bis)
Il est à vous
Je me moque bien de votre anneau (bis)
Tout comme de vous
Malheureuse fille que je suis (bis)
J’ai mal parlé
J’avais, hélas, un seul amant (bis)
Il m’a laissée.
J'aime cette chanson, merci. J'en connais aussi de mon père qui les avait apprises de ses "bonnes" vers 1900 ! Que les années passent vite ! J'aimerais faire connaître ces chansons!
RépondreSupprimerFaire connaitre les chansons: rien de plus simple !
SupprimerSi vous habitez en Loire-Atlantique, contactez nous. Nous sommes justement là pour valoriser ce patrimoine.
Si vous habitez ailleurs en Bretagne, contactez une autre des antennes ou des pôles associés du réseau de Dastum, dont vous trouverez les coordonnées sur le site (voir liens).
Et si vous résidez en dehors de la Bretagne, nous n'avons pas l'exclusivité de la collecte et de la transmission. De nombreuses autres associations réalisent un travail semblable. Vous le constaterez en allant sur le portail du patrimoine oral.
En tous cas, la mémoire de ces chansons est indispensable; il faut en faire profiter tous ceux qui, comme vous, les apprécient.
Dastum 44