vendredi 8 août 2014

66 – les filles du Loroux

Nous poursuivons notre tour de Loire-Atlantique féminin. L'étape du jour nous mène au Loroux-Bottereau, cité viticole au cœur du triangle d'or du muscadet (1). Contrairement aux filles de la semaine passée, celles ci n'ont pas bénéficié d'une composition locale, mais de l'adaptation d'une chanson archi-connue et souvent référencée sous le titre « la belle fille de Parthenay ».
De toutes les versions de cette chanson deux éléments sont constants. Tout d'abord la fille à qui on demande un baiser répond invariablement « prenez en un, prenez en deux » ; ensuite, si elle craint la réaction de son père, elle ne soucie pas de sa mère à qui ça rappellera « le temps qu'elle était fille ». Ajoutons que beaucoup de refrains sont bâtis sur la formule « j'aime la voir à rire » ou « j'aime le mot pour rire ».
Voilà pour les traits communs à ces chansons. Quelle en est l'origine ?
Ecouter la chanson et lire la suite
C'est plus difficile à déterminer. Celles du pays nantais, citées dans l'ouvrage d'Armand Guéraud (2) se situent au Loroux. En Vendée on fait parfois référence à Veretoux (sic) soit Vertou, autre commune du vignoble nantais ; plus fréquemment c'est dans la belle ville de Parthenay (Deux Sèvres) où la belle fille et son partenaire défient l'interdit parental (3). Ailleurs, la chanson peut avoir pour cadre Paris la grande ville. Dans le pays de Loudéac une fameuse chanson à danser la riqueugnée (4) se passe dans la proche commune de Saint Barnabé. Bref à trop comparer les versions on n'est guère plus avancé.
Et quand la chanson n'est plus située géographiquement, son cadre rustique met en scène un berger, le plus beau du village, ou une fille rencontrée sur le bord du rivage, ou à l'ombrage, ou encore une fille qui veut qu'on l'aide à « passer le bois », selon les collectes.
Pour en revenir à Parthenay, la chanson traditionnelle y est toujours à l'honneur. D'abord parce que cette ville est le siège du CERDO (5) qui fait sur le Poitou le même travail de conservation et de valorisation du patrimoine oral que Dastum. Vous trouverez sur ce blog le lien vers leur site. Ensuite parce que l'édition 2014 du festival « Bouche à oreille », qui vient de se terminer, a été l'occasion de rencontres autour du chant traditionnel avec des après-midi de « vide chansons ». Une initiative qu'on espère vivement retrouver lors des prochaines éditions.

notes
1 – dans le vignoble on prononce : le Loroux boit trop !
2 - Recueil de chants populaires du Comté Nantais et du Bas-Poitou, d'où est extraite notre chanson de la semaine
3 – pour ajouter à la confusion, signalons qu'aurait existé jadis en région parisienne un lieu dit Parthenay près de Chatenay-Malabry. Un rapide survol de la carte IGN de ce secteur permet de repérer sur cette commune, dans la forêt de Verrières, un carrefour de la belle fille ; troublant, n'est ce pas ?
4 – A Saint Barnabé si vous saviez y'a t'une jolie fille...La riqueugnée est la quatrième partie de la suite « de Loudéac » (rond / bal / rond / riqueugnée)
5 – accès par le portail du patrimoine oral, ou directement par ici 

Les filles du Loroux

Ce sont les filles du Loroux, grand dieu, qu’elles sont jolies (bis)
Il y en a une par-dessus tout pour qui mon cœur soupire, voyez-vous
J’aime le mot, le petit mot
J’aime le mot à rire

Il y en a une par-dessus tout pour qui mon cœur soupire (bis)
Je lui demande un doux baiser, la belle se mit à rire, voyez-vous
J’aime le mot, le petit mot
J’aime le mot à rire

Je lui demande un doux baiser, la belle se mit à rire (bis)
Prenez-en deux, prenez-en trois, mais n’allez pas le dire, voyez-vous
J’aime le mot, le petit mot
J’aime le mot à rire

Prenez-en deux, prenez-en trois, mais n’allez pas le dire (bis)
Car si mon père le savait, il ne ferait que dire, voyez-vous
J’aime le mot, le petit mot
J’aime le mot à rire

Car si mon père le savait, il ne ferait que dire (bis)
Et si ma mère le savait, elle ne ferait qu’en rire, voyez-vous
J’aime le mot, le petit mot
J’aime le mot à rire

Et si ma mère le savait, elle ne ferait qu’en rire (bis)
Se souviendrait d’son temps passé, du temps qu’elle était fille, voyez-vous
J’aime le mot, le petit mot
J’aime le mot à rire


source : non précisé, Bouguenais (44)
collectage : Armand Guéraud « Recueil de chants populaires du Comté Nantais et du Bas-Poitou », p.225
Interprète : Martine Lehuédé et Janig Juteau
catalogue Coirault. : La fille de Parthenay (01830)
catalogue Laforte. : La fille de Parthenay (I, K-01)

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