samedi 30 avril 2022

413 Cécilia

 Ah, ah, ah ! Cécilia, tu es la star des chansons traditionnelles. Il n'y a guère d'autre exemple connu où un seul prénom, en l'absence de tout qualificatif, donne le titre d'une chanson. Il faut attendre une période plus récente pour qu'une Madelon devienne un symbole chanté ou qu'une Aline soit pleurée sous, sous, sous...son balcon. Quelle belle célébrité pour cette mignonne Cécilia, même si dans le texte elle doit partager la vedette avec des volatiles pleins d'érudition.

Pour écouter la chanson et lire la suite

Cette chanson, qui n'est plus guère chantée de nos jours, était certainement bien connue dans notre secteur. Le texte que nous utilisons a été noté vers 1860 par le violoneux Poiraud, à Pornic. A la même époque, Armand Guéraud en avait recueilli une autre version. Notre interprétation est aussi basée sur celle collectée plus récemment par Jean Renaud, d'Orvault.

Cécilia n'est pas la seule à se plaindre des ragots colportés par les volatiles. Plusieurs autres chansons-types font état de cette capacité des oiseaux à faire des discours. Si on ne comprend rien à leur langage c'est tout simplement qu'ils parlent en latin ; une langue d'érudits hors de portée du commun des mortels. Dès lors pourquoi s'inquiéter de ce qu'ils peuvent rapporter ? C'est que la crainte du « qu'en dira-t-on » est grande dans l'ancienne société, surtout en milieu rural où les faits et gestes de chacun sont facilement connus de tous. Qui plus est, souvent interprétés et jugés par rapport à la norme et tout ce qui s'en écarte. Pour vous en convaincre reportez vous aussi à la chanson Oh ! gai vigneron (n° 174 – novembre 2016) où cette crainte de la médisance est balayée par la réplique :

Quand ils auront tout dit

N'auront plus rien à dire

Les oiseaux qui parlent français et latin sont eux aussi présents dans d'autres chansons. Voyez par exemple Dans la rue de Penestin (n° 241 - mars 2018). Le rossignol qui a un langage bien plus élaboré que le simple moineau de base, est souvent tenu pour responsable de la diffusion des nouvelles. Vilain cafteur !
Si vous voulez vraiment savoir ce que ces bavards emplumés racontent, les chansons - ou certaines de leurs versions – s'en chargent :

Que disent-ils dans leur latin

Que les hommes ne valent rien

Pour les filles n'en disent rien

Pour la petite histoire, cette chanson recueillie à Pornic, sur la côte de Jade, y a certainement connu un grand succès. Plusieurs témoignages nous rapportent qu'elle fut la chanson fétiche du groupe constitué en 1931 pour participer à la fête des provinces françaises organisée à Nice. Son texte avait été repris dans des revues et publications locales.
D'autres témoignages l'associent aux rondes baptisées « Bretonnes » dans cette partie du Pays de Retz. En revanche elle ne correspondrait pas aux deux rondes spécifiques encore identifiées aujourd'hui sous la dénomination « Bretonnes de Pornic », mais plus sûrement à une forme proche de la ronde à trois pas.

interprète : Janick Peniguel, avec Agnès Pihuit, Françoise Bourse, Aurélie Aoustin

source : 80 chansons du Pays de Retz, recueil du violoneux Poiraud, retranscrit par Michel Gautier (1942) n° 11 – ainsi que « chansons populaires du comté nantais et du Bas-Poitou – Armand Gueraud T. 1 page 156 (FAMDT Modal - 1999)

Catalogue P. Coirault : l'embarquement de Cécilia (2410- Moqueries)

Catalogue C. Laforte : 1, I-17 l'embarquement de Cecilia


Mon père n’avait d’enfant que moi

Mon père n’avait d’enfant que moi

Et sur la mer il m’envoya

Sautez mignonne Cécilia

Ah Ah Ah Ah

Ah ah Cécilia


Le marinier qui me passa

Un doux baiser me demanda

Prenez en deux prenez en trois

Pourvu qu’on ne le sache pas

Qui donc la belle le dira

Les oisillons de ces bois là

Les oisillons ne parlent pas

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