Ah, ah, ah ! Cécilia, tu es la star des chansons traditionnelles. Il n'y a guère d'autre exemple connu où un seul prénom, en l'absence de tout qualificatif, donne le titre d'une chanson. Il faut attendre une période plus récente pour qu'une Madelon devienne un symbole chanté ou qu'une Aline soit pleurée sous, sous, sous...son balcon. Quelle belle célébrité pour cette mignonne Cécilia, même si dans le texte elle doit partager la vedette avec des volatiles pleins d'érudition.
Pour écouter la chanson et lire la suite
Cette chanson, qui n'est plus guère chantée de nos jours, était certainement bien connue dans notre secteur. Le texte que nous utilisons a été noté vers 1860 par le violoneux Poiraud, à Pornic. A la même époque, Armand Guéraud en avait recueilli une autre version. Notre interprétation est aussi basée sur celle collectée plus récemment par Jean Renaud, d'Orvault.
Cécilia n'est pas la seule à se plaindre des ragots colportés par les volatiles. Plusieurs autres chansons-types font état de cette capacité des oiseaux à faire des discours. Si on ne comprend rien à leur langage c'est tout simplement qu'ils parlent en latin ; une langue d'érudits hors de portée du commun des mortels. Dès lors pourquoi s'inquiéter de ce qu'ils peuvent rapporter ? C'est que la crainte du « qu'en dira-t-on » est grande dans l'ancienne société, surtout en milieu rural où les faits et gestes de chacun sont facilement connus de tous. Qui plus est, souvent interprétés et jugés par rapport à la norme et tout ce qui s'en écarte. Pour vous en convaincre reportez vous aussi à la chanson Oh ! gai vigneron (n° 174 – novembre 2016) où cette crainte de la médisance est balayée par la réplique :
Quand ils auront tout dit
N'auront plus rien à dire
Les
oiseaux qui parlent français et latin sont eux aussi présents
dans d'autres chansons. Voyez par exemple Dans
la rue de Penestin (n°
241 - mars 2018). Le rossignol qui a un langage bien plus élaboré
que le simple moineau de base, est souvent tenu pour responsable de
la diffusion des nouvelles. Vilain cafteur !
Si vous voulez
vraiment savoir ce que ces bavards emplumés racontent, les chansons
- ou certaines de leurs versions – s'en chargent :
Que disent-ils dans leur latin
Que les hommes ne valent rien
Pour les filles n'en disent rien
Pour la petite
histoire, cette chanson recueillie à Pornic, sur la côte de Jade, y
a certainement connu un grand succès. Plusieurs témoignages nous
rapportent qu'elle fut la chanson fétiche du groupe constitué en
1931 pour participer à la fête des provinces françaises organisée
à Nice. Son texte avait été repris dans des revues et publications
locales.
D'autres témoignages l'associent aux rondes baptisées
« Bretonnes » dans cette partie du Pays de Retz. En
revanche elle ne correspondrait pas aux deux rondes spécifiques
encore identifiées aujourd'hui sous la dénomination « Bretonnes
de Pornic », mais plus sûrement à une forme proche de la
ronde à trois pas.
interprète : Janick Peniguel, avec Agnès Pihuit, Françoise Bourse, Aurélie Aoustin
source : 80 chansons du Pays de Retz, recueil du violoneux Poiraud, retranscrit par Michel Gautier (1942) n° 11 – ainsi que « chansons populaires du comté nantais et du Bas-Poitou – Armand Gueraud T. 1 page 156 (FAMDT Modal - 1999)
Catalogue P. Coirault : l'embarquement de Cécilia (2410- Moqueries)
Catalogue C. Laforte : 1, I-17 l'embarquement de Cecilia
Mon père n’avait d’enfant que moi
Mon père n’avait d’enfant que moi
Et sur la mer il m’envoya
Sautez mignonne Cécilia
Ah Ah Ah Ah
Ah ah Cécilia
Le marinier qui me passa
Un doux baiser me demanda
Prenez en deux prenez en trois
Pourvu qu’on ne le sache pas
Qui donc la belle le dira
Les oisillons de ces bois là
Les oisillons ne parlent pas
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire