Pauvres moines ! Ils sont souvent l'objet de moqueries dans les chansons traditionnelles. Il faut dire que l'attitude de certains n'a rien fait pour améliorer leur réputation. Cette histoire de père capucin est à ranger dans les chansons grivoises, voire graveleuses ou franchement paillardes selon le degré de précision et de détails. Le thème en est franchement érotique, mais la version que nous vous proposons est loin d'être la plus scabreuse. Le refrain qui y est associé n'a que peu de rapport et fait partie de ces ritournelles qui vous restent dans la tête du matin au soir. A bon entendeur...
pour écouter la chanson et lire la suite :
En cette semaine où se trouve placée la journée internationale des droits des femmes, on peut tout d'abord remarquer que le répertoire « léger », pour ne pas dire plus, est aussi bien interprété par chacun des deux sexes. Nous en avons encore ici la preuve avec ce texte collecté chez Eugénie Corbillé, chanteuse de Crossac, en Brière, enregistrée par Mathieu Hamon. Raison de plus pour confier sa ré-interprétation à un ensemble exclusivement féminin.
Si les moines et autres religieux tiennent une place si importante dans la tradition chantée, c'est rarement pour en faire l'éloge. Les chansons ne retiennent bien souvent que des défauts qui tranchent avec le caractère sacré de leur sacerdoce. Bien sur, il y a des degrés divers dans la critique. Le curé qui se brûle la main parce qu'il est trop gourmand reste plutôt sympathique aux yeux de ses paroissiens. C'est loin d'être le cas pour ces fameux capucins dont l'attitude vis à vis des femmes est plus que douteuse (1). Sous-ordre des franciscains, ces capucins doivent avant tout leur mauvaise réputation au fait qu'ils ne restaient pas dans les monastères mais avaient tendance à s'immiscer, un peu trop, dans la vie des gens. Passe encore de mendier son pain de maison en maison, mais il y a des limites à ne pas franchir. Et voilà le résultat. Le héros de l'histoire pourrait tout aussi bien être un homme ordinaire sans que la chanson perde son sens. Pourtant la grande majorité de ces chansons met en scène des moines confesseurs, en y associant parfois des nonnes. Pour en finir avec ces maudits capucins, il faut savoir que leur tenue vestimentaire avec cette capuche qui est à l'origine du nom, ainsi que la manie de se laisser pousser une barbe non soignée, n'ont rien fait pour améliorer leur renommée.
Les différents couplets de la chanson ne méritent guère qu'on s'y attarde. Les paroles sont suffisamment explicites. Tout au plus peut on remarquer dans cette version l'absence d'un couplet qui devrait logiquement précéder les deux derniers :
Il ira au bordel / son père y allait bien...
couplet présent dans la plupart des autres versions.
Passons maintenant au refrain. On prend le pari qu'il est de ceux qui vous colle colle, colle,...colleront à la mémoire et dont vous aurez du mal à vous débarrasser. Le plus souvent il est complété ainsi :
Y ' a d'la colle colle colle
Y'a d'la colle dans les petits pois
Si ça colle colle colle
Si ça colle c'est qu y en à.
Mais nous n'avons là qu'une version légère. Si vous cherchez sur les sites ou dans les recueils de chansons paillardes vous trouverez, sur la même mélodie, des paroles bien plus « hard ». Mais il est aussi bien d'autres versions de cette chanson avec des refrains à la fois plus banals et moins entêtants.
Pourquoi cet engouement pour les petits pois. Plutôt que d'y chercher de fines allusions, rappelons nous qu'un certain Dranem a connu un de ses plus grands succès au début du 20è siècle avec une chanson inoubliable :
Ah les petits pois, les petits pois, les petits pois
C'est un légume tendre....
A l'origine, le refrain aurait il pu faire référence à la cosse des petits pois ? Ce contenant de peu d'intérêt culinaire est à la base du terme « cossard » qui désigne des personnes paresseuses. Une expression populaire définit ce genre d'individus comme « tout juste bon à écosser les petits pois ».
De la cosse à la colle y aurait-il eu une substitution ?
Vous n'êtes probablement pas
convaincus par cette explication.
A vrai dire, nous non plus.
A bientôt.
notes
1 - une citation du 17è siècle, trouvée quelque part sur le net : « Si tu vas aux Amériques, confie ta femme à un Jésuite, et ton argent à un capucin, mais ne fait jamais le contraire ! ».
interprète : Martine Lehuédé, avec Janick Peniguel, Françoise Bourse, Aurélie Aoustin, Alexia Denoue...
source : Eugénie Corbillé, de Crossac (Loire-Atlantique) enregistrée en janvier 1992 par Mathieu Hamon
catalogue P. Coirault : L’herbe qui croît dans la main (Graveleuses – N° 11902)
catalogue C. Laforte : La fille malade (1-O-04)
Le père Capucin
C’était un père capucin
Il confessait les filles dans le bas d’son jardin
Y’a d’la colle, colle, colle, y’a d’la colle dans les p’tits pois (bis)
Il confessait les filles dans le bas d’ son jardin
Il dit à la plus belle tu r’ viendras m’ voir demain
Y’a d’la colle, colle, colle…
J’te montrerai que’que chose qui gonfle dans la main
Qui fait grossir les filles et arrondir les seins
Et au bout d’trente-six semaines sort un p’tit capucin
Il aura la vérole, son père l’avait bien
Il confessera les filles dans le bas d’son jardin.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire