Avec la chanson précédente nous étions quittés sur une chamaillerie entre amoureux, chacun renvoyant les torts sur l'autre. Cette fois ci les motifs de dispute sont plus sérieux. Il y a de la rupture dans l'air.
Pas de quoi en faire un drame malgré tout, puisque ces chansons servent de support à une activité joyeuse (et qui nous manque cruellement en ces temps covidés) : la danse. Une danse en rond, bien sur, pour laquelle nous manquons d'informations, mais qui pourrait bien correspondre à des pas qui nous sont encore connus.
Pour écouter la chanson et lire la suite :
Les plus assidus d'entre vous auront noté une similitude entre cette chanson et la précédente. Il y est encore question de promenade. Ces textes recueillis au milieu du 19è siècle sont les témoins d'une organisation sociale très différente de la notre. Nous ne parlons pas de rapports entre les classes mais simplement d'organisation du temps. Sans préjuger de l'ancienneté exacte de cette chanson, elle nous replace dans un contexte où le temps consacré aux loisirs n'a rien à voir avec notre civilisation actuelle. La « promenade » est tout simplement un synonyme de divertissement, par opposition au temps majoritairement consacré au travail. Par extension, l'action de se promener, dans les chansons, signifie également la recherche de rencontres.
En fait de rencontre, la jeune fille ne s'attendait sûrement pas à trouver son amoureux avec une autre. C'est une rivale. Elle réagit bien différemment du garçon qui voit sa belle courtisée par un autre, dans une chanson bien connue :
J'ai trouvé rival assis auprès d'elle
et qui proclame avec une indifférence réelle ou feinte :
Tu n'auras jamais ce que j'ai eu d'elle
Ici, pas d'indulgence ! D'autant que le garçon essaye si maladroitement de se faire pardonner de son inconstance que le résultat est l'inverse de ce qu'il espérait. Il n'a pas su choisir ; son amie le fait pour lui.
Nous n'avons pas trouvé de correspondance de cette chanson dans toutes nos archives, écrites ou enregistrées. Les répertoires de la chanson traditionnelle (Coirault, Laforte) n'en fournissent pas d'autre exemple. De là à dire qu'il s'agirait d'une chanson locale, il y a un pas que nous n'oserions franchir. La construction et le vocabulaire utilisés suggèrent une origine peut-être moins populaire. En revanche, la mélodie est bien adaptée à la danse et présente des similitudes avec d'autres rondes connues en pays nantais (1).
Les disputes, réelles ou simulées, entre amoureux représentent un chapitre important dans la catégorie des chansons « d'amour ». Avec ces deux dernières, on a eu notre dose. Alors, promis, la prochaine fois on passe à autre chose.
note:
1 – ronds dits « de Sautron » par exemple.
interprètes : Christine Gabillard, avec Liliane Berthe, Christine Dufourmantelle, Armelle Petit
source : Quatre vingt chansons du Pays de Retz – manuscrits du violoneux Poiraud, compilés par Michel Gautier
catalogue P. Coirault : non référencée
catalogue C. Laforte : non référencée
L'autre jour m'allant promener
L'autre jour m'allant promener
Ma rivale j'ai rencontré
Lon farlalira dondaine laliré
Lon farlalira dondaine
Ma rivale j'ai rencontré
Ma rivale j'ai rencontré
Mon amant était à ses pieds
Dès qu'il m'a vue il s'est levé
Aux miens est venu se jeter
Je l'ai promptement relevé
Ah ! Retournez d'où vous venez
Je n'veux point d'un cœur partagé
Si j'en ai un il s'ra entier
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