dimanche 27 septembre 2020

355 - Je vous aimerais tant !

 Trois chansons à la marche au menu de cette semaine : la première et la deuxième sont indubitablement des marches de noces ; la troisième vient du répertoire de conscrits. Nous avons là deux des occasions où le chant accompagnait les déplacements à pieds. Cortèges de noces et conseils de révision sont des événements marquants qui justifient un répertoire approprié. Cela n'empêche pas que ces chansons aient pu être utilisés lors de circonstances plus banales. Chanter en marchant a pour effet de faciliter la marche et réduire non pas les distances mais la perception de leur longueur.

Pour écouter les chansons et lire la suite :

Nous avons déjà abondamment commenté le principe de la chanson « à la marche » dans ce blog. C'est un genre qui utilise à la fois des textes complets sous forme de laisse, c'est à dire de reprise du dernier vers du couplet précédent, et des chansons à décompter. Très majoritairement de sont les nombres décroissants qui sont utilisés de 10 à 1. Dans le répertoire ces dizaines se comptent...par centaines aussi bien pour la marche que pour la danse.

Les chansons à la dizaine égrènent habituellement les heures :

Voilà dix heures que nous marchons, pas à pas nous arrivons...

les années, comme dans le second exemple :

Y'a bien dix ans que ça dure...

beaucoup plus rarement les minutes :

C'est dans dix minutes, la belle va dire oui...

Voilà pour celles qui donnent la mesure du temps.

Ce n'est donc pratiquement jamais la distance parcourue qui constitue la référence. Si les kilomètres à pied usent les souliers c'est dans le folklore militaire ou celui des jolies colonies de vacances.

La chanson collectée par Fernand Gueriff est donc tout à fait originale avec cette notion de lieue, complètement surannée depuis l'adoption du système métrique et l'apparition des bornes sur le bord des routes. La demoiselle Jacobert, qui lui a appris cette dizaine, avait bien pris soin de préciser qu'on la chantait à l'occasion des noces. Il en va de même pour notre deuxième dizaine. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, cette chanson à la marche fait appel à un autre mode de déplacement. C'est de voiture hippomobile qu'il est question. On peut supposer que la mariée puisse se rendre à l'église et à la mairie dans un moyen de locomotion qui lui évite les fatigues de la marche et les risques de salir sa robe. Si les deux amants attendent le mariage depuis trop longtemps, l'appel à se faire enmener en voiture est donc bien justifié.

La troisième dizaine n'a sans doute pas grand chose à faire dans un cortège de noces. Ou alors en toute fin de soirée, par dérision. En revanche elle nous plonge dans l'univers bien particulier des réunions de conscrits, appelés au conseil de révision. Celui-ci se tenant généralement au chef lieu de canton impliquait un déplacement qui s'effectuait dans une toute autre ambiance sur le chemin du retour pour les garçons déclarés bons pour le service.


interprètes : Liliane Berthe, Christine Dufourmantelle, Armelle Petit

sources : 1 - Melle Jacobert, de Puceul, en 1940, publiée Fernand Guériff sous le titre « Cueillette Musicale au Pays de la Mée » dans Nantes et le Pays de la Mée – cahier 1984 de l'Académie de Bretagne. 2 et 3 – collectes d'Hervé Dréan chez Paul Le Rouzic, de Férel (2) Edouard Sébilot d' Herbignac (3)


Je vous aimerais tant !


Y’a cor 10 lieues à faire à pied, je commence à m’ennuyer (bis)

Ah ! Si j’étais rendu vraiment, je vous aim’rais t’y, je vous aim’rais tant,

Ah ! Si j’étais rendu vraiment, je vous aim’rais tendrement


Y'a bien dix ans que ça dure


Y'a bien dix ans que ça dure

Emmène moi z'en voiture


Emmène moi z'en voiture, mon bel aimant

Emmène moi z'en voiture bien doucement


Y'a bien dix heures sans doute


Y'a bien dix heures sans doute

que nous marchons sur la route


Si nous avons bu un petit coup

Il ne faut pas dire du mal de nous


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