dimanche 26 août 2018

261 - Le galant en demoiselle


C'est à nouveau aux fabliaux du moyen-âge qu'il faudrait se reporter pour connaître l'origine de cette chanson. L'anecdote a été popularisée autant par la chanson populaire que par la littérature, par l'écrit comme par l'oral. Cette transmission orale a donné un grand nombre de versions pour l'aventure de ce jeune amoureux qui se travestit pour obtenir les faveurs de celle qu'il désire.
Si la majorité des chanson que nous publions dans ce blog viennent de recueils anciens ou de collectages plus récents, la transmission familiale nous procure également de belles surprises. C'est une autre façon de faire vivre la tradition.
pour écouter la chanson et lire la suite :


Comme notre chanson de la semaine précédente, celle ci décrit les rituels de la séduction sous un aspect comique. Mais sa source d'inspiration semble, cette fois, beaucoup plus ancienne. Laissons de coté les aspects invraisemblables de cette fable pour en savourer les détails. La chandelle, ou son absence, y tient une place importante. Tout comme dans l'expression « tenir la chandelle » mais cette fois à contresens puisqu'il s'agit de relations en l'absence de tout témoin.
Bien souvent dans cette chanson le galant se déguise en nonne. Le costume qui ne laisse voir qu'une partie du visage et le respect dû à la religieuse lui facilitent grandement la tâche. Dans tous les cas, il est difficile d'imaginer qu'il n'y ait pas une forme de consentement de la part de la jeune fille et que ce stratagème n'ait pas servi aux deux amoureux pour faciliter leur rencontre.
Dans cette chanson comme dans beaucoup d'autres, la demoiselle s'appelle Jeannette. C'est, de loin, le prénom féminin le plus répandu dans les chansons traditionnelles. Ce qui ne signifie pas qu'il était le plus donné dans la réalité. Avec ses équivalents Jeanne, Jeanneton, Nanette...il devance Marguerite, Catherine ou Louison, à tel point que Jeannette paraît souvent comme une sorte de générique désignant une jeune fille, tout comme le terme « brunette » qui ne fait pas systématiquement référence à la couleur des cheveux.
Joseph Ruaud, le chanteur à qui nous devons cette version, l'avait entendue à un mariage à Guenrouet en 1946. Bien que le Dresny et Guenrouet soient deux communes situées à l'est de la Vilaine, c'est à une danse populaire de l'autre coté de la rivière, en Morbihan gallo, que ce rattache cette mélodie. Le rythme et le phrasé sont ceux du « tour », branle double très répandu dans ce secteur.
D'autres versions du garçon habillé en fille ont été recueillies en Loire-Atlantique, pas seulement dans le pays de Redon mais aussi dans l'est du département dans les secteurs d'Ancenis et de Chateaubriant. Nous vous invitons, par exemple, à écouter la version intitulé « faut-il donc faire des pas » chantée par Mme Rinfray sur le CD « pays de Chateaubriant » que nous avons édité en 2017.

interprètes : Jean Ruaud, avec J.L. Auneau sur le refrain
source : Joseph Ruaud, du Dresny en Plessé (44) en 2006
catalogue P. Coirault : 2204 – le galant en demoiselle
catalogue C. Laforte : II, C-08 – le galant en nonne

C’était un jeune garçon amoureux d’une fillette
Qui demandait à sa mère la manière d'y prendre Jeannette
La bédi bédour tra lala
La bédi bédour, ron bédi béda

Qui demandait à sa mère la manière d'y prendre Jeannette
Sa mère lui dit mon garçon, il faut t’habiller comme elle

Quitter l'habit de garçon, prendre celui d'une fillette

Et demander à loger à la porte de Jeannette

Logeriez vous pour la nuit une jeune demoiselle ?

Mais nous n’avons pas de lit que celui de notre fillette

Si vous voulez pour la nuit vous coucherez avec elle

Quand ce fut pour s’y coucher, il ne voulut point d’chandelle

Entre onze heures et minuit, il lui parla d’amourettes

Quelle fille êtes-vous donc pour m’y parler de la sorte

Fillette je ne suis point, je suis votre amant, la belle

Je te l'avais toujours dit que j't'aurais prise sans chandelle

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