C'est à nouveau aux fabliaux du
moyen-âge qu'il faudrait se reporter pour connaître l'origine de
cette chanson. L'anecdote a été popularisée autant par la chanson
populaire que par la littérature, par l'écrit comme par l'oral.
Cette transmission orale a donné un grand nombre de versions pour
l'aventure de ce jeune amoureux qui se travestit pour obtenir les
faveurs de celle qu'il désire.
Si la majorité des chanson que
nous publions dans ce blog viennent de recueils anciens ou de
collectages plus récents, la transmission familiale nous procure
également de belles surprises. C'est une autre façon de faire vivre
la tradition.
pour écouter la chanson et lire
la suite :
Comme notre chanson de la semaine
précédente, celle ci décrit les rituels de la séduction sous un
aspect comique. Mais sa source d'inspiration semble, cette fois,
beaucoup plus ancienne. Laissons de coté les aspects
invraisemblables de cette fable pour en savourer les détails. La
chandelle, ou son absence, y tient une place importante. Tout comme
dans l'expression « tenir la chandelle » mais cette fois
à contresens puisqu'il s'agit de relations en l'absence de tout
témoin.
Bien souvent dans cette chanson
le galant se déguise en nonne. Le costume qui ne laisse voir qu'une
partie du visage et le respect dû à la religieuse lui facilitent
grandement la tâche. Dans tous les cas, il est difficile d'imaginer
qu'il n'y ait pas une forme de consentement de la part de la jeune
fille et que ce stratagème n'ait pas servi aux deux amoureux pour
faciliter leur rencontre.
Dans cette chanson comme dans
beaucoup d'autres, la demoiselle s'appelle Jeannette. C'est, de loin,
le prénom féminin le plus répandu dans les chansons
traditionnelles. Ce qui ne signifie pas qu'il était le plus donné
dans la réalité. Avec ses équivalents Jeanne, Jeanneton,
Nanette...il devance Marguerite, Catherine ou Louison, à tel point
que Jeannette paraît souvent comme une sorte de générique
désignant une jeune fille, tout comme le terme « brunette »
qui ne fait pas systématiquement référence à la couleur des
cheveux.
Joseph Ruaud, le chanteur à qui
nous devons cette version, l'avait entendue à un mariage à
Guenrouet en 1946. Bien que le Dresny et Guenrouet soient deux
communes situées à l'est de la Vilaine, c'est à une danse
populaire de l'autre coté de la rivière, en Morbihan gallo, que ce
rattache cette mélodie. Le rythme et le phrasé sont ceux du
« tour », branle double très répandu dans ce secteur.
D'autres versions du garçon
habillé en fille ont été recueillies en Loire-Atlantique, pas
seulement dans le pays de Redon mais aussi dans l'est du département
dans les secteurs d'Ancenis et de Chateaubriant. Nous vous invitons,
par exemple, à écouter la version intitulé « faut-il donc
faire des pas » chantée par Mme Rinfray sur le CD « pays
de Chateaubriant » que nous avons édité en 2017.
interprètes : Jean
Ruaud, avec J.L. Auneau sur le refrain
source : Joseph
Ruaud, du Dresny en Plessé (44) en 2006
catalogue P. Coirault :
2204 – le galant en demoiselle
catalogue C. Laforte :
II, C-08 – le galant en nonne
C’était un jeune garçon
amoureux d’une fillette
Qui demandait à sa mère la
manière d'y prendre Jeannette
La bédi bédour tra lala
La bédi bédour, ron bédi béda
Qui demandait à sa mère la
manière d'y prendre Jeannette
Sa mère lui dit mon garçon, il
faut t’habiller comme elle
Quitter l'habit de garçon,
prendre celui d'une fillette
Et demander à loger à la porte
de Jeannette
Logeriez vous pour la nuit une
jeune demoiselle ?
Mais nous n’avons pas de lit
que celui de notre fillette
Si vous voulez pour la nuit vous
coucherez avec elle
Quand ce fut pour s’y coucher,
il ne voulut point d’chandelle
Entre onze heures et minuit, il
lui parla d’amourettes
Quelle fille êtes-vous donc pour
m’y parler de la sorte
Fillette je ne suis point, je
suis votre amant, la belle
Je te l'avais toujours dit que
j't'aurais prise sans chandelle
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