vendredi 20 avril 2018

245 - Les gars couvreurs


Le thème de la semaine ouvrière a été décliné pour de nombreuses professions. Pour se moquer des travers de certains compagnons ou pour leur donner du cœur à l'ouvrage ? Ardoises et voliges placent cette chanson au cœur d'un métier bien spécifique. Ce qui est tout particulièrement intéressant dans cette version de la chanson, adoptée par des ouvriers du bâtiment, c'est le contraste marqué entre le refrain et les couplets. Nous avons d'un côté un véritable hymne professionnel et de l'autre un quasi éloge de la paresse. Avec toujours l'épiscopat comme mètre étalon dans ce domaine !
Alors, chant de travail ou chant de métier ? Chant de détente après le travail plus probablement, entonné au cabaret ou à la veillée.
Pour écouter la chanson et lire la suite :

Quel sens faut-il donner au terme « chant de travail » ? Pour certains cette classification doit être restreinte aux chants qui accompagnent le geste du travailleur ; et de citer les chants de marins adaptés aux différentes manœuvres à bord des navires à voiles. Dans ce cas, les chansons n'ont, bien souvent, rien à voir avec le métier lui même. La structure rythmique et le refrain deviennent les éléments primordiaux. C'est rarement le cas avec la masse de chansons qui se rapportent aux différentes occupations professionnelles, du cultivateur au tisserand ou de la cuisinière au menuisier. On voit mal nos couvreurs monter et clouer en cadence. Leur travail est déjà bien assez risqué ! C'est donc de chants de métiers qu'il faut parler sans pour cela y voir des réflexes corporatistes. Comme le montre celle-ci, la plupart de ces chansons font appel au fonds commun de la tradition que chacun adapte aux circonstances ou aux besoins.
Nous sommes ici dans le domaine des couvreurs et ouvriers charpentiers, dont la philanthropie est bien connue (1). Dans une précédente publication (2) nous remarquions que cette chanson avait été adoptée majoritairement par des corporations de l'habillement : tisserands, cordonniers, etc. Cette fois c'est le secteur du bâtiment qui s'approprie la chanson. Les refrains sur le thème de « couché tard, levé matin » existent dans d'autres versions de la semaine ouvrière, y compris pour les tisserands.
Dans l'interprétation de Mme Renaud il était question de « travailler comme des nègres ». Ce n'est pas seulement pour améliorer l'assonance que nous avons préféré « travailler comme des bêtes ».

notes
1 – amis du contrepet classique, bonjour
2 – Au son de la navette – chanson n° 127 de ce blog, en novembre 2015

interprètes : Jean-Louis Auneau, avec Jean Auffray, Dominique Juteau, Dominique Garino
source : Aurélie Renaud – collectée par Pierre Guillard le 3 juillet 1991 à Nozay (44)
catalogue P. Coirault : la semaine ouvrière - 6414
catalogue C. Laforte : la semaine ouvrière - IV, Ca-10

Les gars couvreurs sont pire que les évêques (bis)
Car du lundi ils en font une fête
Faut frapper, voliger
de l'ardoise y'en a pas de placées
Frappons fort, voligeons bien
Couché tard levons nous matin

Du mardi ils recommencent quand même
Le mercredi ils vont voir leurs maîtresses
Le jeudi ils ont mal à la tête
Le vendredi leurs ouvrages ils apprêtent
Le samedi ils travaillent comme des bêtes
Le dimanche ils s'en voir la caisse
Allez au diable vot' travail n'est pas faite

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