Le thème de la semaine ouvrière a
été décliné pour de nombreuses professions. Pour se moquer des
travers de certains compagnons ou pour leur donner du cœur à
l'ouvrage ? Ardoises et voliges placent cette chanson au cœur
d'un métier bien spécifique. Ce qui est tout particulièrement
intéressant dans cette version de la chanson, adoptée par des
ouvriers du bâtiment, c'est le contraste marqué entre le refrain et
les couplets. Nous avons d'un côté un véritable hymne
professionnel et de l'autre un quasi éloge de la paresse. Avec
toujours l'épiscopat comme mètre étalon dans ce domaine !
Alors, chant de travail ou chant de
métier ? Chant de détente après le travail plus probablement,
entonné au cabaret ou à la veillée.
Pour écouter la chanson et lire la
suite :
Quel sens faut-il donner au terme
« chant de travail » ? Pour certains cette
classification doit être restreinte aux chants qui accompagnent le
geste du travailleur ; et de citer les chants de marins adaptés
aux différentes manœuvres à bord des navires à voiles. Dans ce
cas, les chansons n'ont, bien souvent, rien à voir avec le métier
lui même. La structure rythmique et le refrain deviennent les
éléments primordiaux. C'est rarement le cas avec la masse de
chansons qui se rapportent aux différentes occupations
professionnelles, du cultivateur au tisserand ou de la cuisinière au
menuisier. On voit mal nos couvreurs monter et clouer en cadence.
Leur travail est déjà bien assez risqué ! C'est donc de
chants de métiers qu'il faut parler sans pour cela y voir des
réflexes corporatistes. Comme le montre celle-ci, la plupart de ces
chansons font appel au fonds commun de la tradition que chacun adapte
aux circonstances ou aux besoins.
Nous sommes ici dans le domaine des
couvreurs et ouvriers charpentiers, dont la philanthropie est bien
connue (1). Dans une précédente publication (2) nous remarquions
que cette chanson avait été adoptée majoritairement par des
corporations de l'habillement : tisserands, cordonniers, etc.
Cette fois c'est le secteur du bâtiment qui s'approprie la chanson.
Les refrains sur le thème de « couché tard, levé matin »
existent dans d'autres versions de la semaine ouvrière, y compris
pour les tisserands.
Dans l'interprétation de Mme Renaud il
était question de « travailler comme des nègres ». Ce
n'est pas seulement pour améliorer l'assonance que nous avons
préféré « travailler comme des bêtes ».
notes
1 – amis du contrepet classique,
bonjour
2 – Au son de la navette – chanson
n° 127 de ce blog, en novembre 2015
interprètes : Jean-Louis
Auneau, avec Jean Auffray, Dominique Juteau, Dominique Garino
source : Aurélie Renaud –
collectée par Pierre Guillard le 3 juillet 1991 à Nozay (44)
catalogue P. Coirault : la
semaine ouvrière - 6414
catalogue C. Laforte : la
semaine ouvrière - IV, Ca-10
Les gars couvreurs sont pire que les
évêques (bis)
Car du lundi ils en font une fête
Faut frapper, voliger
de l'ardoise y'en a pas de placées
Frappons fort, voligeons bien
Couché tard levons nous matin
Du mardi ils recommencent quand même
Le mercredi ils vont voir leurs
maîtresses
Le jeudi ils ont mal à la tête
Le vendredi leurs ouvrages ils
apprêtent
Le samedi ils travaillent comme des
bêtes
Le dimanche ils s'en voir la caisse
Allez au diable vot' travail n'est pas
faite
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