Les paroles de cette chanson ne vous
apprendront rien. Ou alors, vous seriez bien les seuls à ne pas les
connaître. La « claire fontaine » -et ses dérivées-
est la deuxième chanson la plus collectée, et donc la plus chantée,
dans toute la francophonie (1).
Si nous vous en proposons une cette
semaine c'est en raison du contraste entre cette popularité
indiscutable et la rareté de son refrain. Cette Ninette rêveuse est
un exemplaire unique, dont l'origine nous laisse, nous aussi,
rêveurs. Nous devons son recueil à Jean Tricoire, le premier des
chercheurs ayant réalisé une collecte systématique dans le pays de
Chateaubriant.
Pour écouter la chanson et lire la
suite :
Si vous vous êtes procuré notre
double CD consacré au Pays de Châteaubriant, ou si le père Noël
vous l'a déposé au pied du sapin, vous savez déjà tout sur la
personnalité du docteur Tricoire. Sinon...vous savez ce qui vous
reste à faire. Ce médecin installé à Chateaubriant, d'abord
intéressé par la collecte de danses pour les besoins du cercle
celtique local, a aussi enregistré un grand nombre de chansons avec
les moyens techniques de son époque (années 60).
« A la claire fontaine » ou
« En revenant des noces » déroule invariablement son
scénario qui aboutit aux raisons de l'abandon par l'ami(e) pour un
bouton ou un bouquet de roses refusés. On connaît même quelques
versions qui débutent par « en revenant de Nantes ».
Les refrains, eux, sont multiples. Nous passerons rapidement sur la version « officielle » popularisée par le chant scolaire :
Les refrains, eux, sont multiples. Nous passerons rapidement sur la version « officielle » popularisée par le chant scolaire :
Il y a longtemps que je t'aime
Jamais je ne t'oublierai
La chanson n'aurait sans doute pas
connu une diffusion aussi importante si elle s'était contenté
d'être cette gentille bluette. Nous n'insisterons pas sur tous les
trala la la, les maluron lurette, les ridon ridaine et les madondé.
Autant de formules qui confirment que ce texte a servi pour
accompagner la danse avant toute chose. Mais son utilisation comme
chant à la marche est aussi assurée. Dans ce domaine, on retrouve
très fréquemment :
Ah je l'attends, je l'attends, je
l'attends
Celui que j'aime, que mon cœur aime
/
Celui que mon cœur aime tant
Dans un autre registre, nous avons tout
de même repéré un refrain plus proche du nôtre :
A l'amour je rêve, je rêve
à l'amour je rêve toujours (2)
A-t-il un rapport avec celui enregistré
par Jean Tricoire ? On peut toujours rêver !
Mais alors, qui est donc cette Ninette
qui s'est incrustée exceptionnellement dans une chanson
traditionnelle ? Ninette est un dérivé du prénom Anne (Anne,
Nanette, Ninette...) que peu de femmes ont porté. Il a tout de même
connu une certaine vogue au début du vingtième siècle dans la
littérature et surtout dans celle réservée aux enfants.
« Ninette Patapon » est
l’héroïne d'une série de planches (ancêtres de la BD) publiées
dans Le Petit Journal illustré de la jeunesse en 1906. A la
même époque, la Semaine de Suzette publie les aventures de
Bécassine. Un peu sur le même principe, Ninette est une petite
fille qui accumule les bêtises. Punie par ses parents qui
l’envoient se coucher sans manger, elle devient la proie de rêves
mouvementés. Des rêves qui, à son réveil, sont sensés la guérir
de ses défauts (3).
Tiens donc ! Une Ninette qui rêve.
Simple coïncidence ou bien y-aurait-il un lien avec notre chanson ?
Voilà qui n'est paraît très improbable; mais avouez que ce serait
une belle explication.
Et si vous en avez une autre n'hésitez
pas à nous en faire part.
notes
1 – la première étant celle des
trois canards (d'après nos sources)
2 – dans une version berrichonne
publiée par MM Barbillat et Touraine
3 – renseignements provenant du site www.topfferiana.fr-
avec les illustrations
interprète : Christine
Dufourmantelle + réponses
source : Armand Bodin de
Noyal-sur-Brutz (Loire-Atlantique) enregistré le 1er juin 1963 par
Jean Tricoire
catalogue P. Coirault : A
la claire fontaine (Abandonnées 1 – N°03415)
catalogue C. Laforte : A la
claire fontaine (I, G-10)
Rêves-tu, Ninette
En revenant des noces
J'étais bien fatigué (bis)
Sur l'bord d'une fontaine je me suis
reposé
refrain
Oh, rêves-tu Ninette, oui ou non
Oh, rêves-tu Ninette, je crois que non
(bis)
Sur l'bord d'une fontaine
Je me suis reposé (bis)
L'eau m'a parue si claire et là je
m'suis lavé
L'eau m'a parue si claire
Mais là je m'suis lavé (bis)
A la feuille du chêne je me suis
essuyé
A la feuille du chêne
Je me suis essuyé (bis)
Sur la plus haute branche un rossignol
chantait
Sur la plus haute branche
Un rossignol chantait (bis)
Chante, beau rossignol toi qui as le
cœur gai
Chante, beau rossignol
Toi qui as le cœur gai (bis)
Le mien n’est pas de même il est
bien affligé
Le mien n’est pas de même
Il est bien affligé (bis)
Car mon ami Pierre à la guerre est
allé
Car mon ami Pierre
A la guerre est allé (bis)
Pour un bouquet de roses que j’lui ai
refusé.
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