vendredi 19 décembre 2014

85 – Voici le jour aimable

Certains d’entre vous nous ont demandé des chants de Noël. Ce ne sera pas pour cette semaine, mais c’est un sujet sur lequel Dastum travaille. Nous aurons l’occasion d’en reparler.
Si vous êtes en manque, deux solutions. Soit vous allez passer votre dimanche dans l’un de ces temples de la consommation, voués au culte du pouvoir d’achat, qui diffusent en boucle les anges de nos campagnes qui sonnent de leurs hautbois et leurs musettes...soit vous réécoutez ce magnifique Noël des oiseaux que nous avons mis en ligne à la Toussaint l’an passé (1).
En attendant, et dans un tout autre registre, voici une chanson qui fait le pendant à une précédente (2). Il ne s'agit plus de la chanson de la mais du marié.
écouter la chanson et lire la suite


Tous les témoignages de cette chanson viennent des régions de l'ouest, entre Charente et Morbihan. Il ne serait pas surprenant que son origine soit identique à celle de la fameuse chanson de la mariée. En effet les différents textes varient si peu qu'une source commune et unique est quasi certaine. Fernand Guériff précise qu'elle a été publiée au moins une fois antérieurement à la collecte, dans le journal Le Breton en 1837. Hormis le Bourg de Batz elle a aussi été recueillie en Loire-Atlantique à Bouguenais et publiée par Armand Guéraud qui la sous-titre « leçon ou explication des devoirs d'un époux nouvellement engagé dans les liens du mariage » . On la retrouve encore dans l'ouvrage de Bujeaud, avec pour provenance l'Aunis.
Ce texte désuet s'adresse aux époux mais d'abord au mari. Seule notre version débute en s'adressant à la mariée. Les neufs couplets se déroulent donc invariablement, sauf chez Bujeaud qui oublie le huitième.
Un détail cependant fait douter de sa justesse dans la version chantée par Mme Pichon qui parle du « feuillage d'une amitié qui doit toujours durer ». La chanteuse a-t-elle vraiment utilisé ce mot ou bien le collecteur était-il dur de la feuille ? Les autres versions semblent plus plausibles :
Le faible gage d'une amitié...(Guéraud)
le simple gage d'une amitié...(Bujeaud)
A part ça disserter plus sur cette chanson ce serait jouer au jeu des sept différences.
A bientôt donc,


notes
1 – chanson n° 25 en novembre 2013. y'a plus de saisons !
2 – chanson n° 76 en octobre 2014

Publiée dans le Folklore du mariage p. 217
notée auprès de la chanteuse Adèle PICHON au Bourg de Batz, en 1895
interprètes : Martine Lehuédé et Janig Juteau (chant) Gwenaelle Ambuhl (harpe et chant)
Catalogue Coirault : 5205 – ah ! Mon ami voici le jour aimable


Voici le jour aimable (chanson du marié)

I
O mon amie voici le jour aimable,
C’est aujourd’hui que tu combles tes vœux,
Par les liens sacrés du mariage.
C’est ton pouvoir qui doit le rendre heureux.
II
En épousant la beauté qui t’enchante
Pour toi mon cœur en est rempli de joie,
Tu as fait choix d’une beauté charmante :
Vraiment c’est Dieu qui s’est mêlé pour toi.
III
Mais toi l’époux de cette aimable fille
Depuis longtemps tu soupir’s à ses pieds,
Promets lui donc devant toute sa famille,
De lui tenir la foi que tu lui dois.
IV
Et vous choisie de cet amant fidèle,
C’est aujourd’hui qu’il vous prend pour épouse,
Promettez-lui un amour éternel,
Et lui soyez fidèle pour toujours.
V
Vous jeunes gens l’amitié vous engage,
A vous aimer, vous aimer tendrement.
Si l’on vous voit prospérer en ménage,
Ah ! quelle joie auront tous vos parents !
VI
Et vos parents d’un couple si aimable,
C’est aujourd’hui que Dieu unit leur sort ;
N’aigrissez pas un aussi bon ménage
Afin qu’ils soient toujours d’un aussi bon accord.
VII
Nous somm’s venus du fond de nos bocages
Vous présenter un bouquet d’oranger.
Acceptez-le car voilà le feuillage
D’une amitié qui doit toujours durer.
VIII
En recevant ce bouquet d’éternel(le)
Entrelacé de fleurs de l’oranger
Comprenez bien qu’il faut être fidèle
Au tendre époux qui a su vous aimer.
IX
Bonne santé, la joie et la sagesse,
Joie et santé vous soient longtemps donné’s
Longues années bien loin de la tristesse !

Voilà les vœux qui pour vous sont formés.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire