La commune libre du Bouffay, à Nantes, fête en ce moment ses cinquante ans d'existence. Tout comme sa devancière parisienne, à Montmartre, elle a développé tout un folklore urbain. Les réjouissances prennent prétexte des vendanges de quelques arpents de vigne symboliquement placés au cœur de ce quartier historique. Nous donnons donc cette semaine la parole aux chanteurs et chanteuses du cru, pour interpréter « l'hymne du Bouffay ».
Pour écouter la chanson et lire la suite :
La grande majorité des archives sonores qui constituent la base Dastumédia, tout comme les chansons réinterprétées sur ce blog, ont une origine rurale. Cependant, elles évoquent fréquemment des événements liés à une histoire urbaine : chansons des ports de Nantes ou de Saint Nazaire, aventures localisées, y compris dans des communes de moindre rayonnement...sans oublier l'un des tubes de la chanson traditionnelle : « dans les prisons de Nantes » (1). D'ailleurs, lors d'une présentation sur ce dernier sujet, nous avons eu l'occasion de parler du Bouffay, qui fut aussi le siège d'une prison (mais pas celle de la chanson).
Moins de chansons de tradition orale se rapportent à la vie des citadins. Leur existence plus récente fait qu'on en connait, en général, les auteurs et compositeurs, comme c'est le cas pour celle-ci. Pourtant, nombre d'entre-elles peuvent être assimilées à des ouvrages folkloriques, c'est à dire issues d'une tradition populaire qui utilise régulièrement des timbres connus pour chanter des événements ou des situations particulières. Quelques unes figurent déjà parmi les 472 chansons précédentes (2).
Le quartier du Bouffay est le centre historique et géographique de Nantes. Son développement originel est lié à sa situation sur la rive nord de la Loire, à l'endroit où le franchissement était rendu le plus aisé par une succession d'iles plus facilement reliées par les ponts. Le Bouffay fut la résidence des Ducs de Bretagne avant que ne soit édifié l'actuel château. Ce fut un centre commercial et administratif. Placé à l'ancienne confluence de L'Erdre et de la Loire, le quartier a vécu des bouleversements avec l'expansion urbaine, les réaménagements successifs et en particulier les comblements de la rivière et du fleuve, l'éloignant de son rôle portuaire. Le beffroi qui ornait l'ancien château, emblème du quartier, a lui aussi été déplacé sur l'église Sainte-Croix. Pour les reste, les vieilles rues et ruelles témoignent encore de son riche passé et de ses fonctions, comme la rue du vieil hôpital, ou la place du pilori.
Le marché dont il est question dans le second couplet a fini, lui aussi par céder la place à d'autres occupations. Le Bouffay reste pourtant un quartier animé avec de nombreux cafés et restaurants. L'hymne insiste sur la joie de vivre de ses habitants qui se concrétise chaque année avec les vendanges. Les quelques pieds de vigne enserrés entre les murs d'immeubles ne suffiraient pas à étancher la soif des fêtards. Cette manifestation est donc toute symbolique ; mais ce ne sont pas les raisins qui manquent en pays nantais pour compléter cette cuvée.
Une dizaine de chansons figurent au répertoire des échevins et échevines du Bouffay. Elles ont toutes en commun la bonne humeur et la consommation des produits de la vigne. La commune libre du Bouffay a été créée en 1974 sur le modèle de celle de Montmartre (ce qui explique la présence d'un moulin factice pour cet anniversaire). L'association se fixe pour but de faire revivre l'esprit qui y régnait dans les années 30.
Alors, longue vie à la commune libre du Bouffay !
J-L. A.
notes
1 – à retrouver avec notre publication n° 27, d'octobre 2013, une des nombreuses versions connues.
2 - impossible de toutes les énumérer : complaintes tragiques ou criminelles, chansons de quartiers, et jusqu'aux événements de mai 68 (chanson n° 295, mai 2019)
Interprètes : les chanteurs et chanteuses de la commune libre du Bouffay :
Dominique (Garde-Champêtre et Grand Argentier) ; Albertine (Scribe de secours) ; Daniel (Le Grand Chambellan) ; Annette (Echevine) ; Patrick (Maître-vigneron et Colonel des pompiers) ; Annie (Conservatrice du Logis) ; Marie (Echevine)
source : composition pour la commune libre du Bouffay. Musique de Rolland Allard – paroles d'Alain faure
Refrain :
Chantons Nantes la grise
Ses grands bateaux et son muscadet
Chantons les rues, l'église,
Et les vieilles maisons du Bouffay
Chantons la commune libre
Chère au cœur des Nantais du Bouffay
Apportant sa gaieté
Sa verve et ses bienfaits au Bouffay
1
-
C'est au Bouffay que bat le cœur de Nantes
Rythmant les jours du haut de son clocher.
C'est le Bouffay qui connut la tourmente
L'épopée et la gloire ennivrante.
C'est le Bouffay qui bouge et qui fermente
Et qui s'affaire autour de son marché.
C'est la vieille cité
Renaissant en beauté
En beauté
2 –
Si vous voulez des fleurs pour vos promises,
Des bouchons pour vos futs de muscadet,
Des bistrots où la chanson est permise
Restaurant où l'humour est de mise.
Si vous cherchez l'ambiance qui vous grise,
La joie de vivre et des amis parfaits :
Vous serez satisfaits
Dans les rues du Bouffay,
Du Bouffay
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